Pendant dix jours, l’Australie a vibré au rythme de l’ATP Cup. À environ une semaine du début de l’Australian Open, premier tournoi du Grand Chelem de la saison, voici ce qu’il faut retenir de cette nouvelle compétition par équipes.
Novak Djokovic invaincu et grand favori pour l’Australian Open
En dominant Rafael Nadal (n°1) en deux sets 6-2, 7-6 (4) ce dimanche en finale de l’ATP Cup, dans le plus gros duel de cette compétition, le Serbe Novak Djokovic (n°2) a donné le ton pour la saison 2020. Le trône de n°1 mondial, il va courir après. Le record de victoires en Grand Chelem aussi. Et il semble déjà prêt à atteindre tous ses objectifs, en témoigne sa rage de vaincre sur le court. Au cours des dix jours qu’a duré cette ATP Cup, il n’a perdu aucun match. Personne n’a pu l’arrêter : ni Kevin Anderson (n°147), ni Gaël Monfils (n°9), ni Denis Shapovalov (n°14), ni Daniil Medvedev (n°4), ces deux derniers l’ayant pourtant bousculé. Un six sur six qui a de la valeur, surtout quand on sait que sur dur, le Serbe est très difficile à aller chercher. Qui pourra l’arrêter à Melbourne, le Grand Chelem qui lui a le mieux réussi depuis le début de sa carrière, où il est tenant du titre et où il a déjà soulevé le trophée sept fois ? La question a le mérite d’être posée et franchement, à ce jour nous n’en connaissons pas la réponse…
Premières défaites pour Rafael Nadal en 2020
L’Espagnol Rafael Nadal (n°1) a beau avoir retrouvé le trône du tennis mondial à la in de la saison 2019, il n’en est pas invincible, surtout sur dur. S’il a démarré l’ATP Cup par trois victoires en deux sets, sans trop de difficultés, il a ensuite eu plus de mal et a subi ses premières défaites de la saison. Ainsi, en quarts de finale, le Majorquin a été battu par le Belge David Goffin (n°11), hyper offensif, en deux sets 6-4, 7-6 (3). En demies, il a ensuite mis la moitié du match à se mettre en route pour se défaire de l’Australien Alex de Minaur (n°18) en trois sets 4-6, 7-5, 6-1. Et ce dimanche, en finale, il a subi une vingtième défaite sur dur, la neuvième d’affilée, face à Novak Djokovic, qui l’a dominé en deux sets 6-2, 7-6 (4). À huit jours du début de l’Australian Open, le message est fort : Nadal n’est pas imbattable s’il est dans un jour moins bien. Et on sait que sur dur, cela peut lui arriver bien plus souvent que sur terre battue… Peut-on toujours le placer parmi les favoris au titre à Melbourne ?
Dusan Lajovic et Roberto Bautista Agut, deux jokers de choix
On a pu le voir pendant dix jours, l’ATP Cup n’a pas toujours offert des duels très alléchants. Ainsi, des joueurs bien classés mais qui étaient n°2 de leur équipe ont eu à affronter des adversaires bien loin au classement mondial. Cependant, deux de ces jokers d’exception ont été irréprochables, apportant un soutien de taille à leur équipe. Parlons tout d’abord de l’Espagnol Roberto Bautista Agut (n°10) qui est le seul, avec Djokovic, à n’avoir subi aucune défaite. S’il n’a pas eu à affronter des adversaires très dangereux jusqu’en demi-finales, il s’est montré sérieux et solide, infligeant même un 6-0, 6-0 à son premier adversaire, le Géorgien Aleksandre Metreveli (n°678). Ensuite, lorsque les choses sont devenues plus sérieuses, il n’a jamais flanché. L’Espagnol a dominé l’Australien Nick Kyrgios (n°29) en deux sets 6-1, 6-4 ce samedi en demies et le Serbe Dusan Lajovic (n°34) en deux sets 7-5, 6-1 ce dimanche en finale. Il sera à suivre attentivement à Melbourne, où il défendra d’ailleurs un quart de finale. Quant à Lajovic, il a également été très important pour la Serbie. S’il a perdu deux rencontres, notamment contre le Français Benoît Paire (n°24) en phas de poules, il a rapporté des poins précieux. Ainsi, en quarts de finale, il a battu le Canadien Félix Auger-Aliassime (n°21) en deux sets 6-4, 6-2. En demies, il a par ailleurs dominé le Russe Karen Khachanov (n°17) en deux sets 7-5, 7-6 (1). Cela a permis à Djokovic de rentrer à chaque fois sur le court plus détendu.
Daniil Medvedev et Karen Khachanov, leaders solides pour la Russie
Si la Russie a atteint les demi-finales de cette nouvelle compétition, c’est parce qu’elle pouvait s’appuyer sur deux joueurs solides, tant en simple qu’en double. Ainsi, avant de perdre face à Novak Djokovic (6-1, 5-7, 6-4), Daniil Medvedev (n°4) avait réalisé un tournoi parfait. Il a successivement battu l’Italien Fabio Fognini (1-6, 6-1, 6-3), l’Américain John Isner (6-3, 6-1), le Norvégien Casper Ruud (6-3, 7-6 [6]) et l’Argentin Diego Schwartzman (6-4, 4-6, 6-3). Il n’est finalement tombé que face à un joueur mieux classé que lui. De son côté, Karen Khachanov (n°17) a connu le même bilan : quatre victoires pour une défaite. Il a été irréprochable, battant logiquement des adversaires moins bien classés que lui. Le seul à lui poser problème a donc été Dusan Lajovic, qui l’a dominé en deux sets 7-5, 7-6 (1) en demi-finales. Pendant la phase de poules, lorsqu’ils ont été associés en double, les deux fers de lance de la Russie on fait mouche, ne perdant pas un seul set. De quoi assurer un bel avenir à cette équipe, dont ne faisait pas partie un autre espoir du tennis mondial : Andrey Rublev (n°23), qui est allé remporter le titre à Doha. Tout cela promet d’être intéressant lors de l’Australian Open !
Faux départ pour Alexander Zverev, Félix Auger-Aliassime
S’il y a deux joueurs qui n’ont pas profité de l’ATP Cup pour bien lancer leur saison, ce sont Alexander Zverev (n°7) et Félix Auger-Aliassime (n°21). L’Allemand est apparu nerveux et il a fracassé plusieurs raquettes lors de ses trois défaites en trois rencontres. En tant que n°1 de son pays, il n’a certes pas eu des rencontres faciles, mais à aucun moment il n’a montré des choses positives sur le court, enchaînant les double fautes comme à chaque fois qu’il se trouve dans une position délicate. Ainsi, il a perdu face à l’Australien Alex de Minaur (4-6, 7-6 [3], 6-2), le Grec Stefanos Tsitsipas (6-1, 6-4) et le Canadien Denis Shapovalov (6-2, 6-2). S’il veut confirmer les espoirs placés en lui depuis bien longtemps, il va vite devoir réagir ! Quant à Auger-Aliassime, il n’a guère fait mieux. Mis à part une victoire contre le 486ème joueur mondial, il a perdu ses trois autres rencontres. Après avoir battu le Grec Michail Pervolarakis en deux sets 6-1, 6-3, il a ainsi perdu contre l’Australien John Millman (6-4, 6-2), l’Allemand Jan-Lennard Struff (6-1, 6-4) et le Serbe Dusan Lajovic (6-4, 6-2). Le plus inquiétant, c’est que chacune de ces défaites sont sans appel, sans le moindre signe de rébellion du Canadien…
Quand il est motivé, Nick Kyrgios peut être constant et dangereux
C’est l’une des grandes leçons de cette ATP Cup : un Nick Kyrgios (n°29) motivé peut se montrer dangereux et enchaîner les victoires. On le sait, l’Australien aime les grandes ambiances et les grands courts. Là, il a été servi et repart avec un bilan positif de trois victoires pour une défaite. Et pas des moindres. Ainsi, il a pris le meilleur sur Jan-Lennard Struff (6-4, 7-6 [4]), mais il a surtout battu le Grec Stefanos Tsitsipas (7-6 [7], 6-7 [3], 7-6 [5]) lors d’un match au couteau en phase de poules. En quarts de finale, il a ensuite fait le job en dominant Cameron Norrie (n°52) en deux sets 6-2, 6-2. Il n’y a qu’en demi-finales, quand il a été battu 6-1, 6-4 par Roberto Bautista Agut, qu’il a semblé moins dedans. S’il montre une telle motivation lors de l’Australian Open, où il évoluera à domicile, Kyrgios pourrait bien être très dangereux pour ses adversaires et créer la surprise.
Une compétition difficile pour un début de saison et pas forcément nécessaire
Quelques semaines après la nouvelle formule de la Coupe Davis, cette nouvelle compétition par équipes a été éprouvante pour certains joueurs, notamment ceux qui ont joué ce week-end. À environ huit jours du début du premier Grand Chelem de la saison, c’était peut-être trop. D’ailleurs, Rafael Nadal (n°1) a avoué se sentir fatigué ce dimanche après sa défaite face à Novak Djokovic (n°2), qui a également dû ressentir cette même fatigue. Concernant la tenue de deux compétitions par équipes à quelques semaines d’intervalle, le Majorquin a lancé un appel à l’ITF et à l’ATP, déclarant en conférence de presse : « L’ATP Cup est une superbe compétition mais, en même temps, je ne peux pas m’empêcher de penser que jouer deux Coupes du monde en un mois n’est pas tenable. C’est une longue compétition. On commence la saison tout de suite dans le dur. » On ne peut pas lui donner complètement tort, surtout quand on sait que les joueurs ont dû enchaîner les rencontres et que parfois, elles ont duré tard dans la nuit australienne. Par ailleurs, le format étant très proche de la Coupe Davis (deux simples et un double), on ne peut s’empêcher de se dire qu’il n’y a aucun intérêt à garder les deux formats. Et même si aucune de ces deux compétitions ne ressemble à l’ancienne Coupe Davis à laquelle nous sommes toujours très attachés, il vaudrait mieux pour tout le monde que l’ATP et l’ITF parviennent enfin à trouver un accord.
Un bilan plus que mitigé pour les Français
En ce qui concerne les Tricolores, le bilan de cette ATP Cup reste mitigé. Visiblement gêné à une main, Gaël Monfils (n°9) a tenu son rang lors de la première rencontre face à Christian Garin (6-3, 7-5). Cependant, il n’a rien pu faire ensuite contre Novak Djokovic (défaite 6-3, 6-2), qu’il n’avait jamais battu auparavant. Trop diminué, il a enfin déclaré forfait pour la dernière rencontre face à l’Afrique du Sud, remplacé par le capitaine-joueur Gilles Simon (n°60) qui a fait le job contre Lloyd Harris (victoire 2-6, 6-2, 6-2). De son côté, Benoît Paire (n°24) a remporté deux victoires mais il a craqué au pire moment, alors qu’il avait le match en main. Après avoir battu Nicolas Jarry (6-7 [3], 6-3, 6-3) et Dusan Lajovic (6-2, 6-7 [6], 6-4), il devait s’imposer face à Kevin Anderson pour que la France ait encore une chance d’accéder aux quarts de finale. Seulement, alors qu’il menait d’un set et un break, il a perdu le fil de la rencontre avant de s’incliner 2-6, 7-6 (1), 7-6 (5). Cependant, là où les Tricolores n’ont pas assuré, c’est en double. En trois rencontres, nos spécialistes de la discipline Nicolas Mahut et Edouard Roger-Vasselin, finalistes du dernier Wimbledon, ont essuyé trois défaites d’affilée. Ce qui a pesé dans la balance et nous a empêché d’être meilleurs pour aller plus loin dans cette compétition.
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