Ce mardi, via une vidéo postée sur son compte Instagram, et grâce au soutien d’Eurosport, dont elle a été consultante tennis, Marion Bartoli a annoncé qu’elle effectuerait son retour sur les courts en 2018, lors du tournoi de Miami si tout se passe comme elle le souhaite. La question que l’on s’est (tous ?) posé après cette annonce a été : pourquoi ? Pour vous, nous avons enquêté sur ce qui a motivé la joueuse de désormais 33 ans à faire son retour, et sur le défi immense que cela représente…
Médiatiquement, l’annonce a été bien soignée. Marion Bartoli, 33 ans, dernière joueuse française à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem à Wimbledon en 2013, est apparue souriante et totalement remise des problèmes de santé qu’elle a pu subir. Bien habillée, loin de sa tenue de tenniswoman, elle était au filet d’un des courts d’entraînement du CNE, à Paris. Et elle n’a pas mâché ses mots pour faire son annonce :
« J’ai un truc à vous dire », dit-elle. « Je reviens cette année sur le circuit professionnel. Ça va être un grand défi. J’ai vraiment hâte de vous retrouver sur les courts, mon public adoré, pour partager de grandes émotions ensemble. »
Des émotions, elle risque en vivre, mais saura-t-elle relever le défi ? On peut se poser la question, car après plus de quatre ans d’arrêt, il faut revenir à un bon niveau physique (elle a tout de même couru le marathon de New-York, donc elle n’est pas restée sans rien faire), et il faut être au niveau sur le plan technique. Marion Bartoli s’est d’ailleurs exprimée auprès d’Eurosport sur ses premières sensations après six semaines d’entraînement au CNE :
« Sur le plan tennistique, honnêtement, je ne pensais pas rejouer si vite à ce niveau-là. Je pensais que ça prendrait un peu plus de temps », explique-t-elle. « J’ai toujours du mal à m’auto-juger, ajoute-t-elle, parce que je suis très exigeante avec moi-même. Ce n’est jamais assez bien. Mais de l’avis extérieur, de personnes en qui j’ai confiance, ils me disent que je joue très, très bien. »
Cela doit être vrai, mais la lauréate de Wimbledon doit tout de même faire face à un gros chantier, son service. En effet, elle a dû repartir de zéro à cause d’une épaule droite qui l’a toujours fait souffrir et qui a été la cause de sa retraite en 2013. Bartoli a donc appris un nouveau geste :
« Je servais avec le bras tendu, et ça a provoqué des tensions très importantes sur mes tendons et ces douleurs à l’épaule », explique-t-elle. « Ce n’est pas évident quand on a servi d’une certaine façon pendant dix ans, mais il a fallu que j’apprenne à servir avec le bras plus fléchi, ce qu’on appelle en aile de pigeon, avec la raquette qui descend. Je n’y arrivais pas du tout, d’ailleurs, ça faisait beaucoup rire Rodolphe [Gilbert, son entraîneur, NDLR]. Mais j’ai appris et, au fur et à mesure, j’ai pu arriver à me synchroniser. Je pense l’avoir intégré. »
Sur le plan physique, en revanche, la tâche s’annonce ardue : Marion Bartoli va devoir retrouver le rythme du haut niveau, après plus de quatre ans d’arrêt.
« Sur le plan physique, concède-t-elle, ça va être plus compliqué. C’est pour ça que je me fixe le mois de mars comme date de reprise, parce qu’il faut que mon niveau d’endurance soit là pour pouvoir enchaîner les matches. Il faut une endurance qui nécessite ces mois supplémentaires pour être prête. Je me sens déjà beaucoup plus forte physiquement », assure-t-elle. « J’ai une équipe médicale qui me suit pour voir si tout va bien et si je ne suis pas dans le rouge en permanence, même si, parfois, je ressens une fatigue extrême. Mais ça fait partie de l’entrainement. »
Ceci étant dit, penchons-nous un peu sur les raisons d’un tel retour. Rappelez-vous, en 2016, Marion Bartoli a été victime d’un virus singulier, qui l’a faite beaucoup maigrir , et qui – selon ses dires -, aurait pu lui coûter la vie. Voilà pourquoi elle veut tenter ce retour improbable, pour ne pas rester sur cette éviction des courts à cause d’une épaule douloureuse, alors qu’elle venait de gagner le plus grand titre de sa carrière :
« Je pensais avoir vécu des choses difficiles sur un court de tennis, dit-elle, mais en fait, ce n’était rien par rapport à ce que j’ai vécu dans ma vie personnelle en 2016. J’ai vraiment eu l’impression que ma vie pouvait s’arrêter du jour au lendemain. Pendant mon hospitalisation, il y a eu des moments difficiles à vivre, et c’est le tennis qui m’a tenue en vie à ce moment-là, la possibilité de me raccrocher aux grands moments que j’avais eu la chance de vivre sur un court. Je me suis jurée que si j’arrivais à guérir et retrouver la santé, j’essaierais de revenir sur le circuit professionnel, souffle-t-elle. Cette épreuve m’a rendu plus forte. En la traversant en étant capable de m’en sortir j’ai eu l’impression d’avoir des forces décuplées. »
La voilà, l’explication. Et si vous pensez que la Française est inconsciente et loin de s’imaginer à quel point son retour va être compliqué, détrompez-vous, car comme elle l’affirme :
« Je ne pense pas que je vais réussir tout parfaitement du premier coup parce que j’ai des objectifs élevés. »
Et ses objectifs, elle les a clairement présentés : gagner à nouveau un tournoi du Grand Chelem, remporter la Fed Cup et jouer les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Avec des objectifs pareils, Marion Bartoli s’entraîne désormais quatre heures par jour, plus deux heures de physique. Qu’elle y arrive ou pas, elle ne pourra pas regretter d’avoir essayé et de s’en être donné les moyens.
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