En cette période hivernale, située entre deux saisons, nous avons la chance d’enchaîner les interviews des protagonistes du tennis français, ceux qui évoluent sur le circuit secondaire et sont moins connus du grand public. Ce mardi, nous vous dévoilons l’entretien auquel a gentiment voulu répondre Manon Arcangioli, 23 ans et 357ème joueuse mondiale au classement WTA. En 2017, elle a remporté deux titres en ITF, dont le dernier date de novembre, à Minsk. Elle espère aujourd’hui pouvoir battre son meilleur classement (n°268), et se voit même intégrer le Top 200 et intégrer les qualifications de Roland-Garros en mai 2018 si elle poursuit sur la lancée de sa fin de saison. Une joueuse qui a la tête sur les épaules, comme vous allez vite vous en rendre compte ci-dessous.
Bonjour Manon, pouvez-vous nous dire depuis quand vous êtes joueuse professionnelle, et ensuite nous retracer votre parcours chez les jeunes, et votre parcours dans le monde des pros ?
« Je suis joueuse professionnelle depuis plus ou moins sept ans, j’ai commencé le circuit ITF en 2010. J’ai intégré un sport étude de la cinquième à la seconde et ensuite je me suis déscolarisée et inscrite au CNED pour pouvoir m’entraîner deux fois par jour, et surtout partir en tournoi. Je n’ai pas vraiment joué le circuit junior, seulement quelques mois, quelques tournois, j’ai atteint la 550ème place environ. J’ai remporté six tournois 15000 $ en simple et neuf en double. Et aussi trois tournois 25 000 $ en double. Je suis actuellement classée à la 357ème place mondiale en simple et 215ème en double. Mon meilleur classement de simple fut 268ème en février 2015. »
Qui vous entraîne aujourd’hui ? Est-ce que vous vous entraînez avec d’autres joueuses françaises, de votre génération peut-être ?
« J’ai intégré le Centre National d’Entrainement en septembre 2012, je me suis entraînée au sein de la fédération française jusqu’à septembre 2015. J’ai ensuite eu un entraîneur privé pendant un an et demi et je me débrouille seulement avec l’aide de mon coach mental depuis janvier 2017. Il m’arrive en effet de m’entraîner avec d’autres joueuses françaises, comme Sara Čakarević, Alizé Lim, Sherazad Reix. »
Et financièrement, vous arrivez à gagner votre vie grâce à votre passion ? On sait que ce n’est pas facile quand on est au-delà du Top 100…
« Non je n’arrive pas encore à gagner ma vie financièrement, ça viendra. Tout dépend du staff que l’on a forcément, mais à mon classement nous sommes plus souvent dans le négatif que dans le positif. Nous avons à notre charge nos frais personnels, et les gains des tournois que l’on fait majoritairement ne couvrent pas tout. J’ai de la chance d’avoir quelques personnes et entreprises qui m’aident un petit peu dans mon projet. Je ne les remercierai jamais assez d’ailleurs. »
Cette saison, vous avez remporté deux titres en ITF : le tournoi de Edgbaston, sur dur en Grande-Bretagne en février, puis le tournoi de Minsk en novembre, toujours sur dur. Vous avez également atteint la finale à Milovice la semaine suivante sur la même surface. Parlez-nous de ces victoires. Peut-on ainsi dire que le dur est votre surface favorite ?
« J’aime beaucoup jouer sur dur c’est vrai, je pense pouvoir en effet dire que c’est ma surface préférée, j’ai un jeu plutôt offensif alors je pense que ça me correspond bien. J’ai fini ma saison en beauté, sur une victoire et une défaite en finale, je suis très contente car tout d’abord c’était la première fois de ma carrière que je gagnais neuf matchs de suite, puis aussi car j’ai fait de bons match en battant de bonnes joueuses malgré leur classement qui ne reflétait pas toujours leur niveau de jeu. »
Cette année vous avez joué le double à Roland-Garros avec Alizé Lim. Vous avez également perdu au premier tour des qualifications en simple. Décrivez-nous un peu l’ambiance d’un tournoi du Grand Chelem, et quelle différence il y a pour vous qui jouez principalement sur le circuit ITF ?
« Je ne parlerai pas pour les autres mais je pense que de jouer les Grands Chelems est le but de tous les joueurs de tennis, je remercie encore une fois la fédération de m’avoir offert la chance de jouer à Roland-Garros cette année. Hélas, ça ne s’est pas passé comme prévu mais ça fait partie du jeu. J’aurai du mal à parler de l’ambiance car je ne reste jamais bien longtemps dans le tournoi, mais en tout cas les conditions de vie des joueurs sont totalement différentes par rapport aux ITF. Il y a tout ce qu’il faut sur place, ça facilite la vie. Ça donne vraiment envie de passer vite l’étape des ITF pour arriver aux Grands Chelems. »
Pensez-vous pouvoir un jour être en mesure d’obtenir une wild-card pour un tournoi du Grand Chelem, comme celle acquise pour le prochain Open d’Australie par vos compatriotes Corentin Moutet et Jessika Ponchet ?
« J’espère un jour être en mesure d’obtenir une wild card pour un autre tournoi du Grand Chelem, en effet ! Et j’espère un jour y participer sans l’aide de wild card ! Corentin et Jessika ont très bien joué dernièrement, je suis contente pour eux, ils le méritent amplement. »
Vous êtes aujourd’hui classée à la 357ème place mondiale. Vous avez progressé par rapport à 2016, mais vous n’êtes pas encore à votre meilleur classement, qui était une place de 268ème mondiale en mars 2015. D’après vous, que vous manque-t-il pour atteindre et même dépasser votre meilleur classement ?
« Je pense que je manque de constance, je suis capable de très bien jouer, il faut que j’arrive à tenir le niveau sur plusieurs matchs, puis tournois, puis saisons… »
Pour finir, vous avez aujourd’hui 23 ans, vous n’êtes pas loin de faire votre retour dans le Top 300, avez-vous des objectifs en terme de classement pour la saison 2018 ? Et pouvez-vous nous donner votre programme pour l’inter-saison et pour ce début d’année ?
« J’aimerais être dans le Top 200 d’ici mai, pour pouvoir participer aux qualifications de Roland-Garros sans l’aide d’une wild card, ou pourquoi pas en obtenir une pour le tableau final. J’ai commencé la préparation hivernale la semaine dernière, je vais bien bosser pendant quatre semaines et reprendre les tournois en Europe sur dur mi-janvier (Andrezieux, Glasgow et Grenoble). »
Merci beaucoup Manon d’avoir accepté de répondre à nos questions. Nous vous souhaitons bon courage pour votre période de préparation hivernale et rendez-vous en 2018 avec les résultats que vous souhaitez avoir, c’est tout ce quel ‘on vous souhaite !
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