Depuis plus de 30 ans, Emmanuel Planque est devenu spécialiste dans l’art de mener de jeunes talents français vers le haut niveau. Après avoir notamment accompagné des joueurs comme Michaël Llodra ou encore Lucas Pouille (n°336), il entraîne désormais Giovanni Mpetshi-Perricard (n°194), qui a reussi une belle semaine au tournoi ATP 250 d’Anvers et entrera en lice, ce mardi, au Challenger 100 de Brest.
Michaël Llodra et Lucas Pouille (n°336) hier, Giovanni Mpetshi-Perricard (n°194) aujourd’hui : Emmanuel Planque est un dénicheur de talents bruts du tennis français. Depuis plus de 30 ans, cet entraîneur national pour la Fédération française de tennis s’applique à « détecter des jeunes joueurs, les développer et les accompagner vers le haut niveau. » Former, c’est ce qui dicte sa passion d’entraîneur. « Mon rôle et mon travail avec les jeunes joueurs est de créer des comportements – qu’ils soient techniques, physiques ou psychologiques – pour les aider à appréhender le très haut niveau progressivement », a-t-il indiqué à nos confrères de Ouest France. « Pour être honnête, ça ne m’a jamais vraiment intéressé de travailler avec des athlètes déjà formés, parce que le travail est fait, la marge de progression est minime et c’est moins passionnant d’observer un tout petit changement avec un athlète qui est déjà formé. » Pour comprendre le parcours d’Emmanuel Planque, il faut revenir aux origines de sa vocation d’entraîneur, qui a démarré dans son club du TC Chatou (Yvelines), dans les années 1990. « J’ai une histoire assez banale », a expliqué le coach tricolore. « Je suis joueur et prof de club initialement. Je n’avais pas de relation directe avec le très haut niveau. » Sa rencontre avec Michaël Llodra, alors adolescent, va tout changer. Ensemble, ils vont gravir les échelons et grandir, passant des tournois Juniors au circuit ATP, jusqu’à atteindre le Top 50 mondial. « On a progressé énormément, c’est quelqu’un avec lequel j’ai vécu des choses parfois fabuleuses, parfois super douloureuses, qui font qu’on a tissé des liens affectifs très importants », a confié Emmanuel Planque.

D’ailleurs, présenter Emmanuel Planque c’est surtout raconter des aventures humaines fortes partagées avec ses joueurs. « Avant même d’être un entraîneur, Manu a le souci d’instaurer un respect entre les joueurs et l’entraîneur », a déclaré Nicolas Lenchantin, proche de l’entraîneur de 52 ans depuis trente ans, qui est aussi un de ses anciens joueurs au TC Chatou. « Il a une forme d’intelligence qui est étonnante. Il dégage quelque chose de différent des autres entraîneurs. À partir du moment où il s’engage avec un joueur ou une joueuse, il est prêt à tout donner pour qu’il ou elle aille au meilleur de son potentiel. Quand il était au bord du court, j’avais l’impression que j’avais une chance de plus de gagner, parce que je savais que quand j’allais tourner le regard vers lui, j’allais recevoir de la confiance. C’est ce qui fait sa force. » Un des derniers exemples en date se nomme Lucas Pouille (n°336), avec lequel il est passé de la 800ème place au classement ATP au Top 10 mondial. « On a commencé à travailler ensemble le 5 septembre 2012 et le 5 septembre 2016, il battait Rafael Nadal sur le central de l’US Open, le plus grand court du monde », a expliqué Emmanuel Planque. Pour autant, lui-même l’assure : « Il n’y a pas de méthode Planque. Je travaille avec des êtres humains qui sont tous très singuliers. Je ne peux pas arriver avec une méthode préconçue. C’est une forme d’anthropologie : essayer de savoir à qui on s’adresse. S’il y a une méthode, c’est plutôt la volonté de s’adapter et essayer de comprendre qui on a en face, plutôt qu’arriver en disant : Moi je sais et c’est comme ça qu’il faut faire parce que je l’ai déjà fait avec tel athlète, donc ça va marcher avec toi. Ça, c’est à coup sûr un pari perdant, donc je ne le fais pas. »

Tour à tour entraineur de Fabrice Santoro, Mathias Bourgue (n°255), Corentin Moutet (n°130), Fiona Ferro (n°164) ou encore Arthur Fils (n°38) : après plus de 30 ans passés sur le bord des courts, c’est d’abord son « investissement total au quotidien », selon Nicolas Lenchantin, « sa rigueur et sa capacité à se remettre en question de façon permanente », selon ses mots, qui lui permettent, aujourd’hui encore, de se réinventer auprès de ses joueurs. « C’est plein de choses », a-t-il soutenu. « On dit que l’expérience est la suite de nos échecs. Je me suis formé aussi, beaucoup dans le domaine de la préparation mentale, de la préparation physique. Ça m’a aidé et ça m’aide encore à évoluer. Ça crée une forme de dynamique alimentée par la passion pour ce jeu, par la passion du développement d’êtres humains qui sont tout aussi passionnés que moi par ce sport. » Avant d’ajouter : « Quand un jeune joueur de 17 ans vous confie une partie aussi importante de sa vie, il compte sur vous pour l’aider à devenir un champion. Quand il s’y consacre et sacrifie autant de choses, votre devoir, c’est d’être à la hauteur. » Depuis un peu plus d’un an, le coach de 52 ans entraîne Giovanni Mpetshi-Perricard, qui jouera ce mardi contre Calvin Hemery (n°209) au premier tour du Challenger 100 de Brest. À 20 ans, il mesure 2, 03 m pour 100 kg, possède un revers à une main et un service à 230 km/h : voici le nouveau « prototype » de l’école Planque.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @FFTennis
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