Ce vendredi, Fiona Ferro (n°462) a validé son billet pour le tableau principal de Roland-Garros, au courage. Quand on sait tout ce qu’elle a traversé, ce n’est qu’un juste retour des choses. Voilà donc la joueuse française sur le chemin de la résurrection…
Depuis le début de la semaine, Fiona Ferro (n°462) retrouve le sourire. Pourtant, on pourrait se dire qu’il ne s’agit que des qualifications pour Roland-Garros. Mais pour elle, cela représente déjà beaucoup. Car la joueuse tricolore, qui a connu de nombreux déboires, a débarqué du côté de la Porte d’Auteuil avec une seule envie : redécouvrir des sensations qu’elle pensait perdues. En somme, reprendre du plaisir. Revenue de l’enfer en début d’année après avoir porté plainte pour viols et agressions sexuelles répétés, entre 2012 et 2015, contre son ancien entraîneur Pierre Bouteyre, Fiona Ferro semble y être parvenu lors de ce tournoi qualificatif, qui fait suite à une coupure presque obligatoire entre septembre 2022 et janvier 2023. « Cette coupure, c’était une nécessité », a-t-elle déclaré lundi après sa victoire au premier tour. « Je n’avais plus d’énergie pour jouer à ce niveau. J’ai quand même continué à taper dans la balle, mais c’était pour le plaisir. C’est ce qui prime désormais. » Sans reparler d’une affaire qui est toujours en cours, Fiona Ferro pense tout de même que son histoire peut montrer la voie et libérer la parole. « Beaucoup de jeunes filles peuvent être ou ont été dans ma situation, alors si ça peut aider d’autres joueuses dans leur cheminement, c’est top », a confié la Française. « Mais je vais quand même essayer de ne pas parler de ça durant ce Roland car j’essaie de ne pas vivre dans le passé, ni dans le futur, d’ailleurs. Je reste dans le présent. »
Le présent, c’est une qualification pour le tableau principal, acquise ce vendredi grâce à une victoire sur l’Australienne Jaimee Fourlis (n°150) en trois sets 6-3, 2-6, 6-4. Avec le bonheur d’avoir retrouvé l’ambiance particulière des courts annexes lors de cette semaine de qualifs. « Je ne me dis pas c’est nul d’être en qualifs, j’aimerais être dans le tableau principal », expliquait la joueuse tricolore avant son dernier match. « Je me dis plutôt que c’est génial d’être sur le court et je profite à fond de ce genre d’ambiance. J’avais demandé une wild card, mais il y avait aussi beaucoup d’autres filles qui la méritaient. Ce qui me manque, c’est la régularité dans un match. Parfois, j’ai un super niveau pendant trois jeux, et puis plus rien les trois suivants. » Il faut noter que la joueuse de 26 ans se reconstruit, petit à petit. Elle connaît encore des hauts et des bas, comme on a pu le voir durant ces trois rencontres disputées Porte d’Auteuil. « Il y a de la frustration parfois car j’ai souvent tendance à me comparer à l’époque où mon niveau était meilleur », a-t-elle déclaré. « Je n’ai pas ressenti de découragement car j’ai envie de jouer. Il est là, le vrai challenge. »
Grâce à son parcours déjà victorieux, puisqu’elle retrouvera le grand tableau d’un Grand Chelem pour la première fois depuis un an, Fiona Ferro a retrouvé le plaisir de jouer. Cependant, elle avait déjà eu un déclic, l’été dernier, en jouant un match par équipes dans un tournoi sans enjeu, pour tenter de renouer avec une histoire loin d’être terminée. « J’ai compris que ça me manquait », a reconnu la joueuse. « Le tennis, mais aussi l’adrénaline que la compétition procure. Mon classement actuel n’est pas important. Je suis ici et je n’ai pas envie d’être ailleurs. J’ai la sensation de ne pas être allée au bout de ce que je pouvais faire. Je n’ai pas envie d’avoir de regrets. » Si elle n’est que 462ème joueuse mondiale au classement WTA, Fiona Ferro pourrait faire figure d’épouvantail dans le tableau féminin de Roland-Garros. Reste à voir contre qui elle va tomber, dès le premier tour, pour tenter de poursuivre sa résurrection.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @FFTennis
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