Allergique au gazon, il y a peu, Christopher Eubanks vise les quarts de finale à Wimbledon

Si on revient un mois en arrière, Christopher Eubanks (n°43) détestait jouer sur gazon. En une dizaine de jours, il y a remporté son premier titre sur le circuit principal, au tournoi ATP 250 de Majorque, et il s’est qualifié pour son premier huitième de finale en Grand Chelem. Ce lundi, il cherchera même à gagner sa place pour les quarts de finale de Wimbledon.

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Quel est le lien entre Christopher Eubanks (n°43), joueur américain de 27 ans, et Kim Clijsters, ancienne joueuse belge plusieurs fois vainqueur en Grand Chelem ? Si la connexion est difficile à trouver, pas de panique : nous y reviendrons plus tard. En attendant, il faut noter que l’Américain n’avait, jusqu’à cette année, remporté que neuf victoires sur le circuit principal. Depuis début 2023, il en est déjà à quinze, dont ses quatre premières contre des membres du Top 50, avec pour meilleure perf une victoire sur le Britannique Cameron Norrie (n°13) au deuxième tour de Wimbledon. Mais avant d’en arriver là, Christopher Eubanks s’est incliné au deuxième tour du Challenger de Surbiton, en Angleterre. Il disait alors détester le gazon, au point d’envoyer plusieurs messages de détresse à Kim Clijsters, avec qui il avait sympathisé lors d’une exhibition aux États-Unis « Kim ! Le gazon est la surface la plus stupide sur laquelle jouer au tennis… C’est frustrant, dès que j’essaie de prendre la balle tôt, il y a un faux rebond », lui écrivait-il alors. « Le gazon est lent et rend mon service moins efficace. Je vais avoir du mal jusqu’au retour sur dur. C’est encore pire au niveau du déplacement. J’ai toujours besoin de dix-sept pas d’ajustement avant de pouvoir changer de direction. » L’ancienne n°1 mondiale, qui n’a jamais dépassé les demi-finales au All England Club, lui a alors conseillé de multiplier les exercices pour travailler son jeu de jambes, quitte à repasser par le mini-tennis. « Elle m’a aidé à retrouver le bon état d’esprit », a ensuite expliqué le 43ème joueur mondial. Et ça a marché : il a remporté son premier trophée sur le circuit principal, lors du tournoi ATP 250 de Majorque, et le voilà prêt à disputer les huitièmes de finale à Wimbledon. « J’adore le gazon désormais. Celui qui avait envoyé un SMS à Kim, moins. C’est limite ma surface préférée », s’est amusé le joueur américain après sa victoire au troisième tour.

De son côté, son entraîneur, le Sud-Africain Ruan Roelofse, s’est rappelé les galères par lesquelles ils sont passés. « Pendant la première semaine sur gazon, il était très négatif », a-t-il souligné. « On a beaucoup discuté. Je lui ai dit que personne n’était vraiment à l’aise dans ses déplacements sur herbe parce que c’est une surface sur laquelle on joue finalement très peu. Il a bossé dur sur des exercices spécifiques pour gagner en assurance. Il a aussi gagné quelques matches et sa confiance est grimpée en flèche. » Christopher Eubanks a ainsi enfin trouvé la confiance derrière laquelle il court depuis de nombreuses années. « En 2021, j’ai eu une longue discussion avec mon agent », a raconté le joueur de 27 ans, qui défiera Stefanos Tsitsipas (n°5) ce lundi. « Je lui ai dit : si je suis encore 200ème l’année prochaine, j’essaierai de trouver autre chose à faire de mon temps. » C’est là qu’il a commencé à commenter des matches sur Tennis Channel, en parallèle à sa vie de joueur. « Il a tout de suite été à l’aise dans l’exercice parce qu’il adore parler », a expliqué Kenny Thorne, son coach universitaire à Georgia Tech, à Atlanta. « Quand il est arrivé à Georgia Tech, c’était un géant maigrichon de 70 kg. On ne parvenait pas à lui faire prendre du poids parce qu’il aimait mieux parler que manger ! Donc le commentaire, c’est naturel pour lui. Mais j’espérais qu’il ne devienne pas trop bon avant de se donner une chance d’accomplir ce qu’il est en train d’accomplir. »

Christopher Eubanks a quand même eu la bonne idée d’insister un peu, raquette en main, jusqu’à son parcours inattendu au Masters 1000 de Miami. En mars dernier, il avait ainsi atteint les quarts de finale en sortant des qualifications et avait enfin fait son entrée dans le Top 100. Il sera d’ailleurs dans le Top 40, voire mieux, à l’issue de Wimbledon. Depuis, son tennis, qui s’articule autour de son service et de son coup droit, a atteint toute sa plénitude. « C’est paradoxal, mais je ne m’attendais pas forcément à ce qu’il rentre dans le Top 100 un jour », a déclaré Noah Rubin, ami de Christopher Eubanks. « En revanche, je savais que s’il y parvenait, il grimperait rapidement dans le Top 75, voire le Top 50. Ça l’a libéré. Il prend son pied. Et, c’est horrible à dire, mais ça n’arrive pas si souvent dans une carrière de joueur de tennis. La plupart du temps, c’est de la survie. Aujourd’hui, il s’est offert le droit de s’amuser au plus haut niveau. » Espérons pour lui qu’il parvienne à s’amuser, ce lundi, au moment d’affronter le n°5 mondial, dans une belle ambiance, sur le N°2 Court de Wimbledon.

Article rédigé par Yannick Giammona

Crédit photos : @Wimbledon

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