Après une saison sur terre battue en demi-teinte, car cette surface ne sied guère à son jeu, Adrian Mannarino (n°46) revit sur gazon. En deux tournois, il a accroché le scalp de deux membres du Top 10, montrant qu’il est toujours dangereux sur herbe. Le dernier en date ? Taylor Fritz (n°8), tête de série n°3 au tournoi ATP 500 du Queen’s.
En 2023, le gazon n’est plus le même qu’au début des années 2000, puisqu’il est devenu plus lent et que les différences entre les joueurs sont moins marquées. Cependant, cette surface reste un monde à part entière. Déjà, parce que la saison sur herbe ne dure que six semaines, démarrant juste après Roland-Garros et se terminant avec le tournoi ATP 250 de Newport, la semaine suivant Wimbledon. Cependant, certains joueurs atypiques, pas forcément puissants, parviennent encore à s’exprimer sur gazon, car ils sont plus bas sur les jambes et misent tout sur la vitesse. C’est le cas, par exemple, du Français Adrian Mannarino (n°46). La semaine dernière, au tournoi ATP 250 de ‘s-Hertogenbosch, il s’est offert le scalp du Russe Daniil Medvedev (n°3), une performance remarquée. Et il a remis le couvert, ce jeudi, au tournoi ATP 500 du Queen’s, où il a éliminé l’Américain Taylor Fritz (n°8), tête de série n°3, en deux sets 6-4, 7-6 (7). Le gazon permet à Adrian Mannarino, qui n’est pas un cogneur mais un contreur, de s’exprimer pleinement. La preuve par les chiffres : s’il ne compte que 22% de victoires sur terre battue, ce ratio grimpe à 46% sur dur pour atteindre les 59% de victoires sur herbe. Sur cette surface, il a remporté un de ses deux titres, à ‘s-Hertogenbosch en 2019, et disputé deux autres finales (Antalya en 2017 et 2018). Par ailleurs, le joueur tricolore a atteint trois fois les huitièmes de finale à Wimbledon (2013, 2017 et 2018), une performance qui en dit long de sa relation privilégiée avec le gazon.

C’est en 2008, au Challenger de Surbiton, que le Français a découvert cette surface, sur laquelle il n’avait encore jamais joué. « Je me souviens qu’il avait plu et on avait dû disputer les deux premiers tours en indoor », a expliqué Adrian Mannarino dans des propos relayés par nos confrères du quotidien L’Equipe. « Mon tout premier match, c’était donc en quarts de finale. Je n’ai pas forcément aimé au premier abord. Mais j’ai vite réalisé que c’était une surface qui convenait bien à mon jeu. » En quoi l’herbe convient au jeu du 46ème joueur mondial ? Il s’agit d’une surface sur laquelle le rebond est bas, ce qui sied bien à son jeu à plat, tout en contre. « Parce qu’il prend davantage les effets, son service slicé de gaucher lui permet d’écarter l’adversaire et de s’ouvrir le court », a ajouté son coach, Erwann Tortuyaux. « Après, il y a sa manière particulière de frapper la balle. Comme il a une très bonne mise à niveau des deux côtés, Manna intervient tôt sur la balle. Il vient vite au rebond et prive l’adversaire de temps. Il joue très à plat et produit un rebond qui fuse beaucoup. C’est comme s’il compressait la balle. Il lui donne ainsi pas mal de vitesse et peu de rebond. »

Adrian Mannarino a lui-même analysé la différence d’efficacité de son jeu d’une surface à l’autre, de l’ocre au tapis vert. « Sur terre battue, mon revers ralentit et remonte », a-t-il confié. « Du coup, ça donne des penalties à mes adversaires. Sur gazon, il fuse et reste gênant à jouer. Pareil pour mon coup droit, qui est parfois trop neutre. Sur herbe, j’arrive à maintenir un jeu très bas, donc mes adversaires ont moins de solutions. Autant, sur terre, je suis obligé de forcer comme un malade, autant, sur herbe, le fait de bien toucher la balle est suffisant. Pas la peine d’en rajouter. Si je me connecte bien à la balle, ça suffit. Un bon timing suffit à générer un bon coup. » Ainsi, chaque année, Adrian Mannarino attend Wimbledon avec impatience. « C’est un tournoi que j’adore », a déclaré le joueur français. « Je ne sais pas si le fait d’y avoir fait trois huitièmes de finale influence mes sentiments mais j’adore le lieu. L’accueil des joueurs, le public aussi. Wimbledon, c’est un tout et je le prends comme un tout. Et j’y ai tellement de bons souvenirs que j’ai hâte d’y revenir. » En attendant, il poursuivra son chemin au Queen’s face à l’Australien Alex de Minaur (n°18). Pas un adversaire facile, mais à l’impossible nul n’est tenu.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @WeAreTennis, QueensTennis, @SK__Tennis
À LIRE AUSSI :
Sebastian Korda, longtemps blessé, a opéré un changement qui paye déjà au tournoi ATP 500 du Queen’s
3 réflexions au sujet de “Quand Adrian Mannarino reprend des couleurs sur gazon, avec l’espoir de bien figurer à Wimbledon…”