Édito

Le cinquième set au tennis : une des plus belles émotions que le sport peut procurer

Grâce à Gaël Monfils (n°394), nous en avons eu une nouvelle preuve : un cinquième set, au tennis, peut procurer des émotions qu’on retrouve rarement dans un autre sport. Et si les tournois du Grand Chelem sont désormais les seuls à pouvoir nous les apporter, j’aurais une demande à faire aux instances du tennis : par pitié, gardez ce format au meilleur des cinq manches et stoppez toute dénaturation de notre précieux sport…


Avec Gaël Monfils (n°393), nous sommes habitués, depuis longtemps, à vivre des émotions fortes. En le programmant en night session pour son premier tour à Roland-Garros, on ne pouvait s’attendre à mieux… Mené 4-0 et 30/40 dans la dernière manche, il nous a offert un retournement de situation dont lui seul a le secret ! Que d’émotions nous avons pu vivre derrière notre écran de télévision. Cela ne valait pas les cris et les chants des spectateurs qui ont enflammé le Court Philippe-Chatrier, mais quand même… Il fallait tenir, au-delà de minuit, en pleine semaine, pour vivre des émotions que seul un cinquième set au tennis peut procurer. Vous ne me croyez pas ? Essayez. Vous verrez, c’est un cocktail explosif, surtout quand on aime le tennis ! C’est pour ce genre d’émotions que l’on vit notre sport et qu’on l’aime plus que tout.

Alors, j’ai une demande à adresser aux personnes qui dirigent actuellement les instances du tennis mondial : s’il vous plaît, ne nous enlevez jamais cela. Vous avez déjà assez dénaturé le tennis en imposant un super tie break à la fin de cet ultime set de tous les dangers. Ne le supprimez pas définitivement. Vous l’avez déjà enlevé de compétitions comme les Masters 1000, qui il y a plusieurs années voyaient leurs finales se jouer en trois sets gagnants ; même chose pour la Coupe Davis, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Il ne nous reste donc que les tournois du Grand Chelem. Laissez-nous vibrer, laissez les matches durer, quitte à battre un jour le record établi par John Isner et Nicolas Mahut à Wimbledon, il y a bientôt 13 ans (70-68 au cinquième set, après plus de onze heures de jeu, pour les étourdis qui auraient oublié !)…

Et surtout, offrez-nous d’autres night session comme celle-ci ! Bon, il n’y aura pas toujours Gaël Monfils dans le rôle principal mais quand même. On a besoin de vivre le tennis avec une telle intensité. Que dire du joueur français, qui va nous manquer quand il prendra sa retraite ? Il n’y avait qu’à Roland-Garros qu’il pouvait vivre une telle folie. Lui qui avait déjà des matches références à son actif du côté de la Porte d’Auteuil : un quart de finale, en 2014, face à Andy Murray (défaite 6-0 au cinquième, à la tombée du jour, après avoir remonte un handicap de deux manches à rien) ou encore ce troisième tour face à Pablo Cuevas, en 2015 (mené deux sets à un, le Parisien était revenu pour s’offrir un huitième face à Roger Federer). Je vous parle beaucoup de Gaël Monfils, car il nous a fait rêver ce mardi soir, mais beaucoup d’autres joueurs ont connu les affres d’un cinquième set. À commencer par les membres du Big Four…

Car même les trois légendes modernes de notre sport ont connu leur lot de rencontres légendaires, ponctuées par un cinquième set de folie. Loin de moi l’idée de toutes les énumérer, mais en voici quelques unes, plus ou moins récentes, qui ont laissé une trace indélébile dans mon esprit. Il y a, bien sûr, la finale de Wimbledon en 2019, remportée 10 points à 3 au super tie break du cinquième set (disputé à 12 jeux partout) par Novak Djokovic (n°3), après avoir sauvé deux balles de match face à Roger Federer. Dans le Temple du tennis, le Suisse en a d’ailleurs disputé plusieurs, de ces matches accrochés : on se souvient bien sûr de sa défaite en finale, en 2008, face à Rafael Nadal (n°15), après 4h47 de jeu, 9-7 au cinquième set ; l’année suivante, Roger Federer l’emportait cette fois 16 jeux à 14 dans le dernier acte face à Andy Roddick… Et qui a oublié, par ailleurs, cette rencontre, à Roland-Garros en 2004, entre Fabrice Santoro et Arnaud Clément, avec une victoire du Magicien 16 jeux à 14 au cinquième, après 6h33 de jeu ?

Pour conclure, je dirai que ce cinquième set est si important qu’un réalisateur français, Quentin Reynaud, a donné ce titre à son film sur le tennis. Dans lequel joue, d’ailleurs, un joueur professionnel : Jurgen Briand (n°481), qui je crois n’a jamais connu – en dehors des caméras de cinéma – la tension liée à un cinquième set dans un match de tennis. Moi non plus, d’ailleurs. Mais quand je vois un joueur comme Gaël Monfils dépasser les crampes et la douleur, revenir dans une rencontre mal embarquée et finir en larmes, dediant quelque part cette victoire à sa fille, je le répète : il n’y a rien de mieux, en termes d’émotions, qu’un cinquième set au tennis.

Yannick Giammona
Crédit photos : @rolandgarros, @FFTennis, @Wimbledon

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