Il y a quelques jours, nous évoquions le cas du jeune Yannick Alexandrescu, naturalisé français alors qu’il évolue chez les Juniors. Le 10 janvier prochain, ce joueur né en Roumanie fêtera ses 18 ans. L’occasion pour nos confrères du quotidien L’Equipe d’aller à sa rencontre, et pour le n°4 mondial Juniors de raconter son histoire atypique.
Yannick Alexandrescu n’a pas encore atteint la majorité que son histoire personnelle fait déjà couler de l’encre. D’une part, parce que sa croissance a été littéralement stoppée pendant environ deux années, durant lesquelles il n’a pas pris un centimètre. Si elle a repris désormais, le joueur d’1,70 m devrait pouvoir atteindre le mètre quatre-vingt. Actuellement classé n°4 mondial chez les Juniors, ce roumain d’origine (naturalisé français en fin d’année) s’entraîne désormais au Centre national d’entraînement de la FFT. Ivan Ljubicic lui a d’ailleurs désigné Stéphane Huet comme entraîneur. Cependant, ce qui attire l’attention sur ce jeune joueur, c’est son parcours de vie, atypique depuis environ cinq ans. Cette histoire a été racontée par nos confrères du quotidien L’Equipe, qui sont allés à la rencontre de Yannick Alexandrescu pour en apprendre plus sur lui.

Tout a basculé en février 2020, quelques semaines avant que le monde ne bascule dans un confinement sans précédent. « Je venais juste de remporter la balle de match de mon deuxième tour quand mon père a fait une crise cardiaque dans les gradins », a raconté Yannick Alexandrescu, qui disputait alors un grand rendez-vous international des meilleurs 12 ans et moins en Grande-Bretagne. « Il a été ressuscité sur place puis il a été conduit à l’hôpital, où il a été opéré. » Il était alors allé jusqu’en demi-finales avant de rentrer en Roumanie, alors que son père était transféré dans un hôpital en région parisienne. Avant de décéder à l’âge de 68 ans. « Il allait mieux et devait sortir d’un jour à l’autre, mais il a eu une nouvelle attaque en pleine nuit et il est décédé dans son sommeil », a expliqué le joueur de 17 ans. Un malheur n’arrivant jamais seul, Yannick Alexandrescu est de nouveau confronté à la mort, l’année qui suit, en 2021. Ainsi, sa demi-soeur, son mari et leur bébé d’un an perdent la vie dans un accident d’avion. Quelques semaines plus tard, sa grand-mère maternelle (dont il était très proche), décède à son tour.

On peut appeler ça la fatalité. Le néo-français a vu ça autrement : « C’était une période extrêmement difficile, surtout à un âge pareil, des choses que je ne souhaite à personne mais qui arrivent dans la vie. Tu dois accepter ces faits qui ne dépendent pas de toi, être assez fort pour les oublier et faire de ces malheureux événements des motivations en plus. » Ces tragédies n’ont jamais détourné l’apprenti champion de la voie vers le succès. Sa maman, prénommée Isabelle, a d’ailleurs confié qu’à la veille de son décès, sur son lit d’hôpital, son mari lui a assuré qu’il considérerait sa vie comme un échec si son fils devait ne jamais jouer pour la France. Le voilà désormais prêt à représenter le drapeau bleu-blanc-rouge dans le tableau Juniors de l’Open d’Australie, dont il sera l’un des favoris. Quant à son jeu ? C’est encore le principal intéressé qui en parle le mieux. « Je fais tout pour gagner. Tout, tout… », a confié Yannick Alexandrescu, inspiré par des joueurs comme David Goffin ou encore Diego Schwartzman. « Je suis un adversaire assez dégueulasse sur le terrain, toxique. Je sais, hein, que ce n’est pas une bonne image. Mais je fais tout ce que je peux. Je hurle, je demande le physio… Je ne suis pas tellement fair-play, disons. Les autres savent que je cours bien, et beaucoup, et qu’il faudra me battre, que je ne donnerai pas… » Entre les tournois du Grand Chelem chez les Juniors et le circuit Futures (voire quelques tournois en Challenger, grâce probablement à des wild-cards), Yannick Alexandrescu sera à suivre de près en 2026, avec un objectif clair affiché : « Je voudrais atteindre le Top 500 ATP l’an prochain. »