Sixième joueur mondial à son meilleur, Félix Auger-Aliassime (n°27) vit une véritable renaissance à l’US Open. Ce mercredi, il va retrouver les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem pour la première fois depuis l’Open d’Australie en 2022…
Ne lui parlez surtout pas de déclic ni de moment de bascule. Si Felix Auger-Aliassime (n°27) va disputer ce mercredi son quatrième quart de finale en Grand Chelem après trois ans de disette, il l’attribue avant tout à ses efforts quotidiens et à une « maturité » patiemment acquise. Évidemment, justifier son bon parcours à Flushing Meadows par la confiance née de sa victoire inattendue au troisième tour contre Alexander Zverev (n°3) est tentant. On ne peut jamais prédire ce genre de choses, soutenait pourtant le Montréalais de 25 ans après ce succès de prestige. « Certains sportifs peuvent prétendre qu’ils se sont levés un matin et qu’ils savaient qu’un déclic allait se produire. Ce sont des conneries, désolé pour ma grossièreté », a insisté l’ancien n°6 mondial, retombé au 27ème rang au classement ATP.

Peut-être est-ce New York qui l’inspire, car il y a atteint sa seule demi-finale dans un tournoi Majeur en 2021. « Est-ce que j’apprécie l’énergie du public, la ville ? Je ne crois pas trop à ce genre de choses », a-t-il ajouté après son succès contre Alexander Zverev. Quand il s’agit d’évaluer ses chances de bien figurer dans un tournoi, il est beaucoup plus terre-à-terre. « Je me demande : ‘Comment est-ce que je joue ?’« , a-t-il lancé. La surface de jeu new-yorkaise peut aussi expliquer le regain de forme du Canadien, plus aperçu en quarts de finale d’un tournoi du grand chelem depuis l’Open d’Australie en 2022. « Les courts en dur de New York et de l’Australie me conviennent mieux que la terre battue de Roland-Garros ou le gazon de Wimbledon », note le vainqueur de ses sept titres sur cette surface où ses services et coups droits vigoureux font le plus mal. Depuis le début du tournoi, Félix Auger-Aliassime a inscrit 47 aces en quatre rencontres, soit autant que Novak Djokovic (n°7). Parmi les joueurs encore en lice, seul Taylor Fritz (n°4) avait fait mieux avant les quarts de finale (62). « Il joue très bien cette semaine, il a beaucoup d’armes dans son jeu », a déclaré son futur adversaire en quarts de finale, l’Australien Alex de Minaur (n°8).

Pourquoi ces armes ne se sont-elles pas exprimées avec autant d’efficacité ces dernières années à Melbourne et à New York ? L’entraîneur du Canadien, Frédéric Fontang, ne souhaite pas s’exprimer pour le moment, mais Alexander Zverev avance une hypothèse. « Quand il joue bien, il joue vraiment bien. Mais quand il joue mal, il joue aussi vraiment mal », a souligné l’Allemand deux jours avant sa défaite. « Avec Félix Auger-Aliassime, tout l’enjeu est de laisser passer l’orage », a confirmé Alex de Minaur. « Il a des moments sur le court où il est imbattable et d’autres où il va multiplier les fautes directes. » Lundi, après sa victoire en huitièmes de finale face à Andrey Rublev (n°15), voici ce que le Canadien a expliqué : « Ces dernières années, j’ai travaillé de façon à essayer d’être plus constant. » Avec plus de maturité, il est plus à l’écoute de son entraîneur et de lui-même. « Je me suis peut-être un peu trop remis en question après certaines défaites. Par exemple, là, j’ai perdu à Toronto, à Cincinnati, mais j’en ai moins fait un drame que par le passé. Je pense que ça m’aide aussi à rebondir sur le tournoi d’après », a indiqué le désormais quadruple quart-de-finaliste en Grand Chelem. De quoi le laisser espérer que ce quart de finale longtemps attendu n’est pas qu’un accident. « Il y a beaucoup de travail derrière. J’ai dit sur le court que ce quart avait plus de saveur que quand j’avais 21 ans parce qu’à cet âge-là, tu as l’impression que ça arrive presque naturellement. Tu te dis que tu vas le refaire chaque année, que ce n’est pas si difficile. Mais après, tu réalises que c’est difficile. Je comprends beaucoup mieux la valeur d’un quart de finale aujourd’hui qu’il y a quelques années. »