Éliminé jeudi au deuxième tour de Roland-Garros par Arthur Fils (n°14), l’Espagnol Jaume Munar (n°57) ne s’est pas gêné pour critiquer le public de la Porte d’Auteuil. Ses propos font écho à ceux du Serbe Miomir Kecmanovic (n°46), qui s’était également plaint auparavant. Alors, le public français est-il le pire au monde ?
Depuis le début du tournoi,on a pu voir le public français supporter bruyamment ses joueurs. De Léolia Jeanjean (n°100) à Arthur Fils (n°14), ils ont été porté par ce public, ce qui ne plaît forcément pas à tout le monde. Notamment aux adversaires des joueurs tricolores. Éliminé en cinq sets jeudi par Arthur Fils au deuxième tour de Roland-Garros, Jaume Munar (n°57) a exprimé sa colère à l’encontre du public, dénonçant l’attitude de supporteurs français particulièrement bruyants sur le Court Suzanne-Lenglen. « Je vais être très clair et je ne vais pas mâcher mes mots », a déclaré l’Espagnol en conférence de presse. « Qu’ils s’encouragent les uns les autres, qu’ils crient, j’ai déjà l’expérience de cela parce qu’ils sont aussi très durs en Amérique du Sud. Mais ce que je considère comme un manque total de respect – et ici, ça arrive souvent – c’est le fait qu’ils chantent sans arrêt, qu’ils interrompent continuellement. Et au final, cela empêche le jeu d’avancer. Ce n’est même pas une question d’impact émotionnel ou personnel, c’est simplement que le jeu ne peut pas se dérouler normalement. Ça paraît être un beau spectacle pour les spectateurs, mais il faut se rappeler qu’on est là pour faire notre travail. Ça ne doit pas ressembler à un cirque. Et parfois, ici, ça ressemble à du théâtre. À un moment du match, quand la tension monte, ils chantent l’hymne, ils t’empêchent de servir, entre les services ils disent des bêtises juste pour déranger. C’est le public le plus dérangeant. »
De son côté, Arthur Fils – vainqueur à l’arraché après avoir laissé filer la quatrième manche, ne semblait pas d’accord. Normal, me direz-vous, puisqu’il a bénéficié du soutien du public. Ce qui n’a pas empêché le jeune joueur français de livrer son avis sur ses ambiances qui ressemblent de plus en plus à celles des stades de football. « Moi je pense que le public français, c’est l’un des meilleurs, si c’est pas le meilleur », a ainsi indiqué Arthur Fils. « Indiscipliné, c’est un grand mot. Quand tu vois le public qu’il y a au foot, ici, ce n’est rien. Quand tu vois le public qu’il y a en NBA ou en NFL, ou peu importe, ce n’est rien. L’atmosphère est dingue mais, ça va, c’est du tennis. Indisciplinés, s’ils font un peu de bruit avant de servir, bien sûr, c’est toujours un peu agaçant pour l’adversaire mais il faut faire avec. Il n’y a pas le choix. Quand j’ai joué Fonseca au Brésil, je ne me suis pas plaint du public. Il faut faire avec, on n’a pas le choix. Quand on va en Australie et qu’on joue des Australiens ou quand on va à New-York et qu’on joue des Américains, les mecs te hurlent dans les oreilles pendant tours-quatre heures, tu ne vas pas te plaindre du public, tu sais que c’est là. » Pourtant, Jaume Munar n’a pas été le seul à critiquer le public français et à évoquer ce manque de respect.
Opposé à Corentin Moutet (n°73), ce jeudi au deuxième tour, Novak Djokovic (n°6) a demandé lui-même au public tricolore de montrer un minimum de respect à l’égard des joueurs. En plein match. Son compatriote Miomir Kecmanovic (n°46), battu d’entrée par Quentin Halys (n°52), a dénoncé l’attitude des spectateurs du Court 14, certes spécial en termes d’ambiance. « C’était un sentiment affreux, l’atmosphère était horrible », a-t-il déclaré dans des propos rapportés par le média serbe SportKlub. « Cela a sûrement aidé et motivé Halys, mais s’il n’y avait pas eu ces gens, ça ne se serait jamais passé comme ça. Ici, c’est pire que sur les autres courts, les gens sont proches, tout résonne. Sur un court plus grand, on entendrait des choses, mais pas à ce niveau, et surtout, ils ne sont pas aussi proches – ils ne peuvent pas te cracher dessus ou t’insulter. On m’a littéralement craché dessus. Je comprends que ce soit un joueur français, d’accord, mais là, c’est un manque de respect total. Certains gèrent mieux ça, d’autres moins. » On se rappelle que l’an passé, des joueurs avaient déjà dénoncé ces ambiances favorables pour les Français, mais forcément délétères pour les autres joueurs.
Jeu, Set et Match 