Depuis la semaine du 20 janvier, soit sept semaines d’affilée, un joueur français inscrit son nom au palmarès du circuit Challenger. L’engouement est tel que ces joueurs classés entre la 200ème et la 100ème olace mondiale semblent se motiver les uns les autres. Et c’est également une preuve de la densité du tennis tricolore.
Le circuit Challenger constitue la deuxième division du tennis mondial. Certains y retournent après une blessure ou une chute au classement, quand d’autres s’en servent de tremplin vers le Top 100 et le circuit principal. En ce début de saison 2025, c’est un formidable tremplin pour plusieurs joueurs tricolores. En effet, cela fait sept semaines d’affilée qu’au moins un joueur français termine avec in trophée dans les mains. Depuis la semaine du 20 janvier, ils sont ainsi six à avoir soulevé un ou deux trophées : Sascha Gueymard Wayenburg (Challenger 125 de Quimper), Ugo Blanchet (Challenger 100 de Koblenz), Arthur Bouquier (Challenger 125 de Lille), Kyrian Jacquet (Challenger 100 de Chennai et Challenger 75 de New Delhi), Geoffrey Blancaneaux (Challenger 50 de Brazzaville) et enfin Valentin Royer (Challenger 75 de Kigali et Challenger 100 de Kigali 2). Sept semaines pour huit titres, avec plusieurs échelons de Challengers. La série se poursuivra-t-elle cette semaine, avec trois possibilités : Phoenix (Challenger 175), Cap Cana (Challenger 175) et Cherbourg (Challenger 75) ? Plusieurs joueurs français jouent aux États-Unis et en République Dominicaine (Indian Wells oblige), mais on aurait plus de chance de titre à Cherbourg, où par exemple Pierre-Hugues Herbert (n°180) est tête de série n°1 et encore en lice en demies.

Notez que depuis le début de la saison, ces tournois du circuit secondaire ont permis à plusieurs Français d’accumuler les points et de réaliser une belle progression au classement ATP. C’est le cas, par exemple, de Valentin Royer (n°151). Après avoir tenté sa chance en qualifications au tournoi ATP 250 de Hong Kong puis à l’Open d’Australie, il est retourné sur le circuit Challenger depuis la fin janvier. Un quart, une demie puis deux titres qui lui ont permis de compiler 224 points. Quasiment autant qu’un titre en ATP 250. Classé 208ème mondial le 3 février, il va se situer autour de la 120ème place après la prochaine publication du classement, au lendemain d’Indian Wells. Plus très loin du Top 100. Autre exemple : Kyrian Jacquet (n°154), qui a soulevé deux trophées en Inde et empoché 194 points. 273ème mondial début février, il est aujourd’hui environ 150ème. Arthur Bouquier (n°225) fait une percée encore plus spectaculaire, même s’il part de plus bas. Au-delà de la 420ème place il y a six semaines, il s’apprête à intégrer le Top 200 après un titre, une finale et une demie sur février et mars. Les joueurs tricolores ont tout de même une chance : le circuit Challenger est extrêmement bien représenté en France. Alors que les tournois ATP souffrent dans l’Hexagone (il ne restera plus que Montpellier et Marseille en 2026, en dehors de Roland-Garros et du Rolex Paris Masters), les tournois Challengers pullulent en France. Ce qui facilite l’accès aux tableaux pour les Bleus.

Même si, pour certains, il vaut mieux ne pas jouer en France. « Ça m’a fait du bien de partir loin de la France, d’être un peu loin de tout », a ainsi confié Kyrian Jacquet dans l’émission Retour Gagnant, diffusée sur Eurosport. « Je sais que ça me fait du bien souvent de sortir de tout le cadre français, de ne pas voir tout le temps les mêmes personnes. » Dans cette jungle, le tennis français est bien représenté. À ce jour, il y a 26 joueurs français dans le Top 200 et 39 dans le Top 300. Dans les deux cas, c’est un record. À défaut de posséder une superstar du circuit, un Top 5 ou un vainqueur en Grand Chelem, le tennis tricolore dispose d’une densité assez inégalable de joueurs au niveau professionnel. Avec deux motivations : l’exemple de ceux qui ont accédé au niveau supérieur, et une saine concurrence. Arthur Rinderknech (n°73) ou Benjamin Bonzi (n°62) ont longtemps cravaché sur le circuit Challenger avant de passer le cap du Top 100. Avec des hauts et des bas, ils y tiennent plutôt bien leur place. Des exemples que beaucoup aimeraient suivre. Si vous aimez le tennis, gardez un œil sur le circuit Challenger. Le niveau y est plus que solide et vous apprendrez à mettre des visages sur des noms. Avant, peut-être, de les voir très bientôt dans les tableaux des tournois du Grand Chelem. João Fonseca (n°80), il y a peu, y a fait ses armes. Et il n’est pas le seul.