Il y a treize ans, deux légendes du jeu nous ont offert une finale épique à l’Open d’Australie. Une bataille exceptionnelle d’une durée totale de 5h53. Soit la finale la plus longue de l’histoire du Grand Chelem australien. Les deux protagonistes de ce match d’anthologie ? Novak Djokovic et Rafael Nadal. Retour sur ce duel somptueux…
Il était écrit que l’édition 2012 de l’Open d’Australie resterait dans les annales. Déjà, au deuxième tour, une image avait fait le tour du monde : celle de Marcos Baghdatis, éliminé par Stan Wawrinka, qui pour passer ses nerfs avait explosé pas moins de quatre raquettes en 25 secondes (dont deux étaient encore dans leur plastique d’emballage !). Autres faits marquants : le refus de Tomas Berdych de serrer la main à Nicolas Almagro, l’accusant de l’avoir visé intentionnellement ; ou encore l’amende de 8 000 dollars australiens reçue par David Nalbandian pour avoir jeté une bouteille d’eau sur un officiel après sa défaite contre John Isner. En ce qui concerne les deux joueurs qui nous intéressent, Rafael Nadal élimine notamment Roger Federer en demi-finales, pour la deuxième fois à Melbourne après l’avoir déjà battu en finale en 2009. Pour la première fois de sa carrière, le joueur espagnol atteint sa quatrième finale de Grand Chelem consécutive. Du côté de Novak Djokovic, son match le plus disputé est certainement sa demi-finale, face à Andy Murray, conclue 7 jeux à 5 au cinquième set. C’est dire s’il a déjà des heures de tennis dans les pattes, avant cette anthologie.

Après ses victoires face à ce meme Rafael Nadal à Wimbledon et à l’US Open en 2011, le Serbe (alors n°1 mondial) s’adjuge son troisième trophée consécutif en Grand Chelem, le cinquième de sa carrière… mais que cette victoire est dure à se dessiner ! Après ses derniers échecs, Rafael Nadal a élaboré un plan pour tenter de contrer Novak Djokovic. En effet, il a rajouté (fait exceptionnel chez lui) quelques grammes de plomb en tête de raquette. Le but est clair : donner plus de poids à ses frappes. Au début, son plan fonctionne. Le Majorquin remporte le premier set 7 jeux à 5, même s’il a tout de même duré 1h20. Plus relâché, le Serbe avance d’un bon mètre à l’intérieur du court dès le début de la seconde manche. Il se met à distribuer des gifles à droite, à gauche, et balade Rafael Nadal dans tous les sens. L’Espagnol ne sait plus où donner de la tête ! Novak Djokovic remporte les deux sets suivants (6-4, 6-2) et s’approche même de la victoire dans le quatrième set. Il s’offre ainsi trois balles de break à 4-3, 0-40.
Mais on connaît la bravoure de Rafael Nadal, qui sauve ces balles de break et recolle à 4 jeux partout. Soudain, le match est interrompu par la pluie. Une dizaine de minutes, juste le temps qu’il faut pour fermer le toit. Une petite pause utile, qui permet à tout le monde de reprendre son souffle. Un mal pour un bien, car la suite est sublime. Les deux joueurs disputent un jeu décisif. Novak Djokovic prend l’avantage 5 points à 3 et se rapproche encore du titre. Rafael Nadal défend corps et âme sa partie du terrain. Il donne tout. Il est prêt à mourir au combat. Il revient dans ce tie-break, profitant de quelques fautes adverses. Le score affiche une égalité de deux manches partout, alors qu’on joue déjà depuis 4h39. Rafael Nadal est à genoux, fauché par l’adrénaline. Comme un effet de vases communiquants, c’est bien le Majorquin qui prend l’avantage dans le dernier acte. Il mène 4 jeux à 2 quand se produit un nouveau retournement de situation. En effet, l’Espagnol rate un passing de revers qui paraissait inratable. Au lieu de se retrouver avec deux balles de 5-2 en sa faveur, il se fait débreaker (4-3). Lui qui ne joue jamais mieux que sur les points importants vient de commettre une erreur fatale. Il a remis le Serbe sur la route du succès. Cependant, Novak Djokovic ne semble pas des plus fringants. À 4-4, au terme d’un échange phénoménal de 31 frappes, on le voit s’écrouler, au bord des crampes. Malgré tout, le n°1 mondial réussit le break fatal à 5 jeux partout. Il conclut derrière, sauvant tout de même une balle de 6-6 avant de décocher un coup droit gagnant sur sa première balle de match. Score final : 5-7, 6-4, 6-2, 6-7 (5), 7-5.

Commencé à 20 heures, heure locale (10 heures, en France), le match s’achève à 1h37 du matin. Epuisées après leur bataille épique de 5h53 de jeu, les deux légendes ne tiennent même plus debout lors de la cérémonie de remise des prix. Une cérémonie lunaire, avec deux joueurs qui sont comme deux poids lourds groggy, K.-O. debout, épuisés par leur duel de titans. On leur apportera des chaises pour qu’ils puissent s’asseoir… Autant d’images qui resteront éternellement gravées. Quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, quoi qu’on en pense, personne n’oubliera jamais ce match. Et on vient de se le remémorer.