Le dernier tournoi de l’année, qui réunit les huit meilleures joueuses de la saison, se déroule à Riyad, en Arabie Saoudite, depuis samedi. Un pays régulièrement critiqué pour ses violations des droits humains, notamment envers les femmes. Ce choix des dirigeants de la WTA fait ainsi polémique.
Ce samedi ont démarré les WTA Finals, l’ultime tournoi du circuit WTA, qui réunit les huit meilleures joueuses en simple ainsi que les huit meilleures paires de double de la saison. En 2024, les dirigeants du circuit féminin ont choisi l’Arabie Saoudite et Riyad, pour un tournoi doté de plus de 15 millions de dollars (environ 13,8 millions d’euros) de prize money. Néanmoins, la compétition de fin de saison fait polémique en raison de ce choix du pays organisateur, avec qui la WTA a signé pour trois ans. Le royaume saoudien étant régulièrement critiqué par les ONG pour ses violations des droits humains, notamment envers les femmes. Petit retour en arrière pour mieux comprendre la situation. En 2019, la WTA quitte la Chine à la suite de l’affaire Peng Shuai et annule un contrat portant sur dix ans. Fragilisée par la pandémie de Covid-19, la WTA organise alors les WTA Finals sur la base d’accords de dernière minute. Le Masters féminin a ainsi eu lieu à Guadalajara (2021), puis Fort Worth (2022 avec la victoire de Caroline Garcia), et enfin Cancún (2023), dans des conditions dantesques. La proposition lucrative de l’Arabie Saoudite a donc été perçue comme une bouée de sauvetage par la WTA.

Cependant, la tenue de l’évènement dans le royaume conservateur soulève des réticences. « Je vous mentirais si je disais que je n’avais aucune réserve », a déclaré samedi Coco Gauff (n°3) en conférence de presse, dans un malaise palpable. « Si je me sens mal à l’aise ou si j’ai l’impression que rien ne change dans le pays, alors il est probable que je ne reviendrai pas. » La joueuse de 20 ans est notamment engagée pour les droits des minorités aux Etats-Unis. Et l’Américaine n’est pas la seule à avoir exprimé ses réserves. Martina Navratilova s’est toujours opposée à l’organisation de la compétition en Arabie saoudite. « Nous avons perdu notre morale lorsqu’on a décidé d’y aller », a déclaré l’ancienne n°1 mondiale au New York Times en octobre. « J’aurais aimé voir d’abord des progrès. Les femmes devraient être des citoyennes égales devant la loi. Sinon, autant jouer en Corée du Nord. » D’autres y voient une manière d’impulser des changements dans la région. Billie Jean King, l’une des fondatrices de la WTA et voix du tennis féminin, est partisane de la tenue des WTA Finals à Riyad, tout comme Aryna Sabalenka (n°1), qui s’est dite « réellement impressionnée » par les efforts « mis en œuvre pour le sport féminin ».

Si le sujet divise autant, c’est que le malaise parcourt l’ensemble du milieu du tennis. En l’espace de quelques mois, l’ATP et la WTA ont multiplié les évènements en Arabie saoudite : les Next Gen ATP Finals, qui oppose les meilleurs joueurs de moins de 21 ans, se sont déroulés à Djedda ; l’exhibition « Six Kings Slam » a été organisée à Riyad en octobre dernier avec notamment Jannik Sinner (n°1), Carlos Alcaraz (n°3) et Novak Djokovic (n°5) ; et Rafael Nadal a accepté un rôle d’ambassadeur auprès de la fédération saoudienne de tennis. Mais l’organisation du Masters féminin marque un changement de cap : jamais le royaume n’avait accueilli une compétition internationale féminine d’une telle importance. Pourtant, les Saoudiennes ne peuvent toujours pas être entraînées par des hommes, les militantes pour les droits des femmes sont emprisonnées et la tutelle masculine reste de vigueur. Et malgré la situation, aucune des joueuses n’a décliné l’invitation : Aryna Sabalenka, Iga Swiatek (n°2), Coco Gauff, Elena Rybakina (n°5), Jasmine Paolini (n°4), Jessica Pegula (n°6), Zheng Qinwen (n°7) et Barbora Krejcikova (n°13) ont toutes répondu présentes à Riyad. Interrogée à ce sujet, Coco Gauff avait déclaré vendredi : « Je suis parfaitement au courant de la situation en Arabie saoudite, mais je pense que le sport peut ouvrir des portes aux gens (…). La WTA s’est engagée pour les trois prochaines années à aider le programme Future Stars en Arabie saoudite, et à introduire plus de femmes saoudiennes dans le sport. J’espère que cela favorisera l’égalité. »
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