Le pickleball est souvent présenté comme un savant mélange de tennis, de padel, de badminton et de ping-pong. Ce nouveau sport de raquette s’est répandu aux États-Unis durant la Covid, se structurant depuis au poignet que les professionnels peuvent en vivre. Et il attire d’anciennes stars du tennis, comme Jack Sock ou Eugenie Bouchard.
Si en Europe, le padel s’est largement développé ces dernières années, aux États-Unis ce serait plutôt le pickleball. En effet, les Américains sont tombés amoureux de ce sport disputé en simple ou en double sur un terrain de la taille d’un court de badminton avec un filet plus bas qu’au tennis, une balle en plastique perforée et des raquettes nommées paddles. Le pickleball a été inventé en 1965 sur l’île de Bainbridge, à côté de Seattle, par trois pères de famille. Selon le Français Jocelyn Devilliers, ce sport est « simple à jouer mais dur à maîtriser » et a pris son envol, de l’autre côté de l’Atlantique, durant la période Covid. Beaucoup de gens ont fabriqué leur propre terrain, dans la rue ou leur jardin, alors que toutes les installations sportives étaient fermées. Il s’est ensuite développé dans plusieurs villes. « À Chicago, quand j’ai commencé, il n’y avait rien », a déclaré le Français Noé Khlif, 18 ans, à nos confrères du quotidien L’Equipe. « On s’entraînait sur un terrain où il fallait amener notre propre filet et tracer des lignes. » Mais les choses ont bien changé, puisque les salles de sport ont ajouté le pickleball à leur offre et les complexes spécialisés se sont construits un peu partout dans le pays. De 4 millions en 2020, le nombre de joueurs de pickleball serait aujourd’hui de 14 millions environ.

En 2023, le pickleball est même passé professionnel. Les deux Tricolores déjà évoqués – Jocelyn Devilliers et Noé Khlif – étaient partis aux États-Unis dans l’espoir de percer dans le milieu du tennis. Ils ont rejoint le pickleball où ils brillent : Jocelyn Devilliers est aujourd’hui 22ème mondial en simple (il a même été n°2) et Noé Khlif est aujourd’hui 51ème. « Un dimanche matin, des gens jouaient sur un terrain de basket, j’ai essayé et j’ai pas mal aimé », a expliqué ce dernier, lui qui ne pensait pas devenir professionnel. « Mais quand tous ces joueurs ont signé des gros contrats, j’ai commencé à y réfléchir. » D’autant plus que son visa de travail s’apprêtait à expirer, alors qu’il souhaitait rester aux États-Unis. Il s’est alors pleinement consacré au pickleball et a fini par décrocher un contrat avec la PPA (Professional Pickleball Association) pour pouvoir demander un visa spécifique avant une éventuelle carte verte. Voilà comment Noé Khlif, champion de France 13-14 ans au tennis, s’est retrouvé à battre trois membres du Top 10 de pickleball ou à affronter un ancien joueur professionnel de tennis, Jack Sock.

Huitième joueur mondial à son meilleur à l’ATP, Jack Sock s’est vu offrir quasiment un million de dollars pour populariser le pickleball dans son pays. Au même titre que la Canadienne Eugenie Bouchard, qui a atteint le 5ème rang mondial au classement WTA au tennis en son temps. Elle est aujourd’hui au 19ème rang, en simple, du classement établi par la PPA. Même si la présence de grands noms du tennis ne plaît pas à tout le monde. « Bouchard est nulle, Sam Querrey n’arrive pas à gagner un match », a déclaré Jocelyn Devilliers. « Mais ils nous ont fait une bonne pub, ça a donné une légitimité au sport. » D’ailleurs, les joueurs de pickleball commencent à gagner de belles sommes d’argent, notamment grâce aux investisseurs et aux contrats publicitaires. « Je conseillerais à n’importe quel joueur de tennis classé 500ème ou 600ème, qui n’arrive pas à percer, de se lancer dans le pickleball », a indiqué l’ancienne joueuse Sophie Amiach, impliquée dans le développement du pickleball en France. D’ailleurs, le circuit professionnel, jusqu’ici réservé aux États-Unis, fera étape l’année prochaine en Australie, en Inde, au Canada et en Europe. Et peut-être bientôt en France. La Fédération française de tennis a intégré la discipline à ses statuts en début d’année et organisé des journées découvertes dans des clubs et même à Roland-Garros, en mai dernier, durant le tournoi. Il y aurait à ce jour 3 500 à 4 000 pratiquants français. Doit-on s’attendre à une explosion du pickleball similaire à celle que vit le padel depuis quelques années ? À voir.