Parmi les quatre joueurs qualifiés pour Wimbledon se trouve Maxime Janvier (n°225), qui n’est pas le plus connu de tous. Pourtant, il vient d’enchaîner trois victoires de rang, dont une de qualité face à un joueur en forme, qu’on attendait de voir sur le gazon de Wimbledon : Giovanni Mpetshi-Perricard (n°59). Après sa victoire, oe joueur de 27 ans a ainsi raconté comment il avait perdu son amour du tennis…
À 27 ans, Maxime Janvier (n°225) s’est qualifié pour la première fois pour un tableau principal en Grand Chelem. Vainqueur de son compatriote Giovanni Mpetshi-Perricard (n°59) en quatre sets 6-7 (10), 7-5 7-6 (4), 7-6 (5), ce joueur français dont on parle peu aura la chance de disputer Wimbledon. Cependant, en conférence de presse, il a surpris par sa franchise, affichant un certain dégoût pour le sport qu’il pratique. « Le tennis m’a beaucoup dégoûté », a-t-il déclaré dans des propos relayés par nos confrères du quotidien L’Equipe. « Le tennis me déçoit beaucoup. Quand j’étais plus petit, je ne pensais pas du tout que c’était comme ça. Je n’aurais jamais fait du tennis si j’avais su. Ce manque de stabilité permanent, tu peux être 50ème et l’année d’après 800ème… Il n’y a rien d’acquis au tennis. Et il n’y a aucune protection. Je n’attends plus grand-chose de ce sport. Plus jeune, pendant très longtemps, j’avais l’amour du sport. Aujourd’hui, je trouve le tennis très injuste. Il y a des mecs qui sont 300ème mondiaux et qui sont de meilleurs joueurs que des mecs 50ème. Parce que certains sont aidés, ils ont des wild-cards sans arrêt. » Maxime Janvier a ensuite expliqué pourquoi il continue à jouer au tennis, alors qu’il aurait pu arrêté, notamment lors de la pause de 2020 à cause du Covid-19. « Parce qu’il y a une carotte », a avoué le joueur de 27 ans. « C’est hyper dur, mais il y a une carotte qui fait que ta vie peut changer en trois mois si tu joues bien. S’il n’y avait pas la carotte financière, j’aurais arrêté depuis très longtemps. Bien sûr, jouer Wimbledon, faire des deuxièmes semaines… Je préfère ça à d’autres métiers, c’est pour ça que je continue. Mais si dans trois ans, je suis 400ème mondial, je me laisse trois mois pour remonter et sinon, j’arrête. J’aimerais bien être prof de tennis, à n’importe quel niveau, transmettre. »
Durant cette conférence de presse, nous avons appris que Maxime Janvier avait emprunté 50 000 euros à la banque, quelques années en arrière, afin de pouvoir voyager avec un entraîneur. « J’étais ruiné, complètement ruiné », a-t-il insisté durant l’interview. « Trop stressant. Je bossais H24 et je finissais le mois en négatif de 2000 ou 3 000 euros. Je ne pouvais pas continuer, c’était invivable, horrible. Plus jamais je n’aurai de coach. Je suis seul depuis deux ans. Trop de dépenses. Moi, je ne gagne rien. Je suis un smicard du tennis. Si j’arrête demain, je suis à zéro. Je n’ai jamais été aidé, ni par ma famille ni par personne. Il y a des mecs moins bien classés, qui ont des moins bonnes carrières, mais qui ont des sponsors. J’ai essayé de trouver des sponsors, personne ne veut. Je ne sais pas comment ça marche. Je n’ai plus les réponses. » Quant aux 70 000 euros de prize money garantis par sa qualification à Wimbledon, le joueur tricolore a tenu à remettre les choses à leur place rappelant qu’il y a de nombreuses dépenses qui font souvent très mal à un joueur classé en dehors du Top 100. « Mais ça aussi, ça m’énerve », s’est emporté le 225ème joueur mondial. « C’est totalement faux de dire que j’ai gagné 70 000 euros. Déjà, tu es taxé dans le pays où tu joues, entre 20 et 30 % en général, puis tu es retaxé en France. Derrière, tu vas payer l’hôtel, ton kiné, les cordages, la bouffe, le vol retour… On ne te dit pas tout ça quand tu es petit. Je n’aurais pas fait de tennis sinon. Et moi, après, je sais que je repars en Challenger, où c’est 400 euros bruts au premier tour. Donc si tu perds au premier tour, tu perds de l’argent… Non, la vie de tennis, je ne la souhaite à personne. Sauf si tu n’aimes que ça. Sauf si tu vis, si tu bouffes et si tu vas aux toilettes tennis. Ceux-là sont heureux. Moi, pendant sept ans, je n’ai pas eu une semaine de vacances. Je prends zéro plaisir. »
Pour finir, Maxime Janvier s’est exprimé quant aux propos qu’il a tenu a la fin de ses matches du deuxième et du troisième tour des qualifications de Wimbledon, disputées à Roehampton (il a crié « la thunasse » mercredi, puis « la maison », ce jeudi). « Je ne savais pas que j’étais filmé », s’est-il défendu. « Je n’ai rien dit de mal, c’est la vérité. Ici, on est à Roehampton, pas à Wimbledon. On est sur un champ de patates, il y a beaucoup de faux rebonds. C’est très dur. Quand tout va bien, quand tu es Zverev, Alcaraz, bien sûr que tu aimes le jeu. Musetti qui dit qu’il est passionné par ce sport… Ils me font marrer ces mecs. Tu joues très bien au tennis, bravo à toi, mais tu n’as pas végété, on t’a donné des wild-cards… Ils ne sont pas allés au fin fond du Kazakhstan. Et ça leur a souri. C’est comme une relation amoureuse : si c’est réciproque, forcément que tu aimes. Mais si tu prends des râteaux tout le temps, à un moment donné, tu as moins d’amour. Le tennis ne m’a pas donné. Je ne me trouve pas très chanceux, mais je me bats comme un chien. Je suis tout seul, j’ai l’habitude d’être tout seul. Je fais mon truc dans mon coin. »
1 réflexion au sujet de “Qualifié pour Wimbledon, Maxime Janvier se dit « dégoûté par le tennis »”