Pour la première fois depuis la création des night sessions en 2021, le public de Roland-Garros n’aura assisté à aucune rencontre du tableau féminin, en onze soirées. Une décision pas forcément comprise, qui divise, mais qui prouve que c’est bien le diffuseur qui au final décide.
Lors de cette édition 2024 de Roland-Garros, sur onze matches programmés en night session, aucune affiche féminine ne s’est fait une place en soirée sur le Court Philippe-Chatrier. Une triste première depuis l’inauguration de ce rendez-vous nocturne en 2021, alors assurée par une rencontre féminine entre Serena Williams et Irina-Camelia Begu. En quatre années, les matches féminins disputés en night session se comptent d’ailleurs sur les doigts d’une main. Au-delà de celui déjà cité, nous avons eu Iga Swiatek face à Marta Kostyuk (en 2021), Alizé Cornet contre Jelena Ostapenko (en 2022) et Sloane Stephens face à Aryna Sabalenka (en 2023). De l’avis de tout le monde, une rencontre aurait pu être planifiée en session de nuit : le choc du deuxième tour entre Iga Swiatek (n°1) et Naomi Osaka (n°134). Un combat qui a duré près de trois heures de jeu, et la plus belle rencontre du tableau féminin jusqu’à présent. Cette affiche faisait partie des potentielles night session ce jour-là, mais c’est le diffuseur Prime Video qui a le dernier mot (sauf quand un certain Rafael Nadal débarque dans le bureau de l’organisation). Finalement, le diffuseur a choisi le duel entre Richard Gasquet (n°124) et Jannik Sinner (n°2). « Je suis déçue qu’une affiche comme Swiatek-Osaka n’ait pas eu lieu en night session, mais cela ne dépend pas que de nous », avait alors déclaré Amélie Mauresmo, directrice du tournoi, dans des propos rapportés par L’Equipe.

Pas la dernière quand il faut défendre le tennis féminin, Ons Jabeur (n°9) a été l’une rares joueuses à déplorer la programmation, à plusieurs reprises, pendant le tournoi. « J’ai beaucoup à dire sur ce sujet », a ainsi déclaré la Tunisienne. « J’aimerais voir le contrat négocié avec Prime. Je ne comprends vraiment pas ce qu’il se passe. J’aurais aimé voir des quarts de finale joués le soir, et pas à 11 heures du matin comme le mien. Ça n’a pas de sens. Il y a beaucoup de matches féminins qui, bien sûr, ne durent pas quatre heures, mais qui sont bons. » Depuis sa création, la night session de Roland-Garros reste un point sensible. Elle représente de gros enjeux financiers pour le tournoi, avec une billetterie spécifique, et pour le diffuseur. La durée des matches est alors évoquée, un match féminin en trois sets étant potentiellement plus court qu’un match masculin aux meilleurs des cinq sets. Cependant, mettre un match féminin samedi aurait pu éviter à tout le monde d’avoir à se coucher après 3 heures du matin…

D’ailleurs, les 46 minutes passées sur le court par Iga Swiatek en huitièmes de finale ne plaident pas en faveur du tennis féminin. La n°1 mondiale, aussi forte soit-elle, ne devrait-elle pas jouer d’un match en night session ? « Honnêtement, je suis désolé de dire ça, mais je m’en fiche », expliquait la joueuse polonaise, qui est connue pour ne pas aimer jouer le soir. « Pour moi, c’est toujours plus pratique de jouer en journée. Le tournoi sait que je suis le type de joueuse qui aime jouer en journée. » Quant à Guy Forget, l’ancien directeur du tournoi, il n’y a pas de solution miracle. « C’est un problème qui sera toujours insoluble si on ne fait qu’un match », a-t-il expliqué dans des propos relayés par RMC Sport. « Si vous étiez à ma place, vous verriez que ce n’est pas aussi simple que ça. Les problèmes sont toujours les mêmes, comme les loges vides en milieu de journée dans les gradins, mais c’est dur de garder les gens 10 heures par jour sur une chaise. Pour autant, le tournoi se porte bien. » Nous verrons bien si, l’année prochaine, les mentalités évoluent.
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