Gilles Simon avait intitulé son livre : « Le tennis, ce sport qui rend fou. » Tous les jours, des joueurs illustrent parfaitement ce titre. Et le tournoi de Roland-Garros n’y échappe pas. Entre Arthur Rinderknech (obligé d’abandonner après s’être blessé sur un geste de frustration) et Andrey Rublev (maître dans l’art de l’autodestruction), voici le récit des mésaventures de deux joueurs qui ont eu du mal à tenir leurs nerfs.
Arthur Rinderknech, la faute à pas de chance…
Il n’est pas celui qui exprime le plus souvent sa frustration sur un court de tennis. Et pourtant, Arthur Rinderknech (n°69) a perdu, au deuxième tour de Roland-Garros, à cause d’une saute d’humeur. Remettons le contexte en place. Jeudi soir, sur le Court 7, la bataille fait rage entre le joueur tricolore et l’Argentin Tomas Martin Etcheverry (n°29). Après avoir remporté la première manche 6-3, Arthur Rinderknech enchaîne et empoche la deuxième après un tie-break de haute voltige. Pourtant, il prend ensuite un sévère 6-1 et se fait breaker en début de quatrième set. La frustration monte et sur une énième erreur, le Français tape du pied dans le mur. On le voit grimacer instantanément et il a du mal à poser le pied. Il va s’asseoir, appelle le médecin et, quelques points plus tard, il jette l’éponge. « À la seconde où je frappe dans le mur, je me suis dit : ‘Quel idiot !’« , a-t-il relaté au lendemain de cette mésaventure pour nos confrères du quotidien L’Equipe. « Le truc, c’est que je ne pensais pas que c’était un mur, je pensais que c’était une bâche. Sur le coup, il y a un peu d’agacement et je mets un coup comme ça peut arriver sans qu’il ne se passe jamais rien. Quand je tape, je suis surpris que ça soit si dur. Mon pied s’affaisse face au béton. Je fais un appui, deux appuis et ça ne va pas du tout. J’ai eu peur. J’étais dans le dur, je ne pouvais plus appuyer sur le pied. Je jouais en appuis sur l’extérieur du pied. Déjà ce n’est pas facile de gagner en étant à 100 % alors en ne pouvant plus poser le pied… » L’issue était donc inéluctable. Arthur Rinderknech est d’ailleurs malheureusement la risée des réseaux sociaux depuis ce geste quotidien regrette amèrement. Mais on peut se demander quelles seront les conséquences pour la suite de sa saison, lui qui a déjà dû composer avec plusieurs blessures dernièrement ? « J’ai fait une échographie directement en sortant du court », a expliqué le joueur de 28 ans. « Puis j’ai fait une IRM ce matin (vendredi, ndlr) et je me suis fait infiltrer cet après-midi. Ce qui est sorti de l’IRM, c’est que j’avais déjà un peu d’arthrose sur cette articulation juste au-dessus du gros orteil. En cognant le mur, je me suis un peu plié l’orteil à la verticale. Ça a pincé et frappé cette articulation, ça m’a pété le cartilage entre ces deux os et ça a totalement chamboulé l’arthrose que j’avais à cet endroit. Ça a créé une grosse inflammation, un peu d’arthropathie et un oedème osseux. Mais rien de fracturé, pas de lésion ligamentaire ou du tendon. » Affaire à suivre, donc.
Andrey Rublev ou l’art de l’autodestruction
De son côté, Andrey Rublev (n°6) est coutumier des faits. Tout le monde se souvient de sa disqualification, lors du tournoi ATP 500 de Dubaï, en février. Furieux, il avait craché sa haine sur un juge de ligne. Les conséquences étaient inévitables. Et c’est peu dire que le joueur russe a du mal à se calmer, notamment quand ça ne va pas dans son sens. Comme ce vendredi, quand il s’est fait sortir à la régulière au troisième tour de Roland-Garros par l’Italien Matteo Arnaldi (n°35). Cris, jets de raquettes intempestifs : tout y est passé. Et, une fous de plus, Andrey Rublev ne pouvait afficher que ses (nombreux) regrets après la rencontre. « Je suis totalement déçu de moi, de la façon dont je me suis comporté, de ma performance », a-t-il expliqué en conférence de presse. « Je ne me rappelle pas m’être aussi mal comporté sur un match en Grand Chelem. Je pense que c’est la première fois que je me comporte aussi mal. La façon dont je me comporte me met complètement dans le trou et donne des ailes à Matteo pour jouer trois sets incroyables. Je joue bien mais le problème est la tête. Aujourd’hui, je me suis suicidé. C’est tout. » Les mots sont durs mais ils vont avec le comportement d’Andrey Rublev sur le court. Candidat à la victoire finale depuis sa victoire au Masters 1000 de Madrid début mai, le 6ème joueur mondial a fini en larmes, le regard noir. On espère le voir sous un meilleur jour dès son prochain tournoi.

1 réflexion au sujet de “Roland-Garros – Ces joueurs qui tombent dans l’autodestruction à cause de leur frustration…”