Si la pratique du double revêt une forte tradition dans le milieu du tennis, la discipline a du mal à attirer les foules. Ce n’est pas nouveau, mais l’ATP a décidé de s’attaquer à ce problème. Ainsi, quelques nouvelles règles seront testées lors du Masters 1000 de Madrid, qui débutera le 22 avril prochain. Les aménagements concerneront donc deux points précis : réduire la durée des matches (déjà raccourcis il y a quelques années avec le No-ad et le super tie break au troisième set) et modifier la population de joueurs impliqués (pour attirer plus de stars du simple). Deux modifications du règlement auront ainsi pour objectif de raccourcir la durée des matches : à Madrid, les joueurs de double n’auront pas le droit de s’asseoir durant toute la première manche, enchaînant les jeux sans pause. De plus, quand un échange aura compté moins de quatre frappes de balles, le serveur n’aura plus droit à 25 mais à 15 secondes maximum pour engager le point suivant. « On va devoir s’y habituer mais ça va être hyper dur », a commenté Édouard Roger-Vasselin, spécialiste du double, quart de finaliste cette semaine au Masters 1000 de Monte-Carlo. « Ça parait quasiment impossible, en fait, le temps qu’on aille chercher la balle, voire la serviette, et surtout qu’on discute des combinaisons qu’on va appliquer au point suivant. Franchement, je ne comprends pas trop cette règle. Et puis trois ou quatre frappes, ça peut prêter à interprétation. » Nicolas Mahut, son partenaire et vainqueur de multiples titres en Grand Chelem en double, a ajouté : « Cette règle des 15 secondes, c’est tellement méconnaître le double que c’en est ridicule. Je la trouve absurde. On ne peut plus communiquer. Déjà, appliquer un laps de 20 secondes, au lieu des 25 actuelles, mais sur tous les points, indépendamment du nombre de frappes au point d’avant, ça m’aurait semblé avoir plus de sens. » Le tableau mis en place lors du Masters 1000 de Madrid va également subir quelques modifications. Ce tableau comptera trente-deux équipes, mais seule la moitié des places seront réservées à des spécialistes du double, autrement dit les seize premières équipes au classement. Trois incitations seront offertes et les treize dernières places reviendront à des joueurs de simple souhaitant constituer une équipe ponctuelle pour l’occasion. Ce qui aura des conséquences pour des joueurs comme Nicolas Mahut et Édouard Roger-Vasselin, ce dernier devant faire équipe avec un autre partenaire pour disputer le tournoi de Madrid (Santiago Gonzalez, en l’occurrence). Même constat pour Fabien Reboul et Sadio Doumbia, qui n’auront pas leur place… à une place près ! « Il faut qu’il y ait des joueurs de simple en lice pour rendre le double plus attractif, ça, je suis d’accord », a expliqué Nicolas Mahut, un peu agacé par ses nouvelles mesures. « Mais est-ce que ça va vraiment changer les choses si une paire McDonald-Giron peut participer grâce à cette nouvelle règle ? Non, ce qui changerait les choses, c’est si un Tsitsipas joue, un Fritz, ou des joueurs de ce calibre. Un Medvedev, qui vient quand même à Madrid pour jouer le titre, pourrait-il prendre le risque de surcharger son planning ? Modifier les règles pour les inciter à jouer plus, pourquoi pas, mais là, ça me parait compliqué, surtout au niveau du timing. » Les mots du quadragénaire prennent tout leur sens quand on sait que le tournoi de double, au Masters 1000 de Madrid, ne durera que cinq jours, du mardi au samedi de la deuxième semaine. « Un 40ème mondial en double ne pourra plus entrer dans un Masters 1000 », a conclu Nicolas Mahut. « Il devra décider assez vite, suivant le nombre d’inscrits sur site, s’il prend le risque de signer en alternate, et donc de ne pas s’inscrire à un ATP 175 organisé en même temps, par exemple. Au final, si ça se goupille mal pour lui, il pourrait ne jouer nulle part cette semaine-là… Je suis sceptique. » En toute transparence, nous aussi.
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