Hazem Naw (n°348), ce nom vous dit quelque chose ? Si ce n’est pas encore le cas, pas de panique : c’est tout à fait normal. Pourtant, ce joueur syrien de 24 ans est en train de se faire connaître, notamment sur le circuit Challenger. Pourquoi ? Parce que son histoire est singulière et qu’il a accepté de la raconter. Partons ensemble à la découverte d’un jeune homme qui pourrait etre décrit comme un héros des temps modernes.
Après avoir réalisé sa meilleure performance en carrière face à Arthur Rinderknech (n°86) au premier tour du Challenger 125 de Pau, Hazem Naw (n°348) a raconté son histoire. Celle d’un véritable survivant. Il faut dire que la saison 2024 ressemble à un conte de fées pour ce joueur syrien. En janvier, il a remporté son quatrième trophée en Futures à Kish Island (15 000 $), en Iran (où il a pu revoir ses parents pour la troisième fois en huit ans). En confiance, il a enchaîné par sa première victoire en Challenger, à Koblenz (Allemagne), où il a même atteint les demi-finales après être sorti des qualifications. La semaine dernière, au Challenger 75 de Cherbourg, il est encore sorti des qualifs pour ensuite s’incliner au deuxième tour. Avant de renouveler la performance, donc, à Pau. Où il jouera une place pour les quarts de finale face au Français Lucas Pouille (n°305). 337èpe joueur mondial au pire lundi prochain, il ne serait pas etonnant de le voir participer à des qualifications en Grand Chelem avant la fin de la saison…

Mais avant d’en arriver là, Hazem Naw a vécu un parcours hors du commun. Originaire de la ville de Alep, en Syrie, il a vécu la guerre civile, qui sévit sans relâche depuis 2010. S’il s’est mis au tennis à l’âge de 5 ans ppur suivre les traces de son frère aîné, le joueur de 24 ans a vu sa vie basculer avec ce conflit armé. En effet, les courts du complexe où il s’entraînait à l’âge de 11 ans se trouvaient à seulement deux kilomètres de la ligne de front. « Parfois, à l’entraînement, on entendait des coups de feu, donc on s’arrêtait et on rentrait à la maison », a-t-il expliqué explique dans des propos relayés qur le site de l’ATP. « Une fois les courts endommagés, mon frère et moi nous sommes entraînés pendant six à huit mois sur ces courts, mais la situation était toujours dangereuse. Une fois l’entraînement terminé, nous rentrions à la maison en nous disant : ‘nous avons survécu’. » S’il voulait poursuivre son apprentissage du tennis, Hazem Naw n’avait plus d’autre solution que de s’exiler.

Ainsi, en 2017, le Syrien a rejoint l’Allemagne accompagné de son frère. Les deux hommes vivent aujourd’hui à Cologne, depuis leur arrivée en 2017. Un ami de la famille les avait d’ailleurs aidés à démarrer leur nouvelle vie loin de chez eux. Au club de la ville, Hazem Naw rencontré et sympathise avec des joueurs comme Dustin Brown (retraité des courts) ou encore Oscar Otte (n°290). Il va ensuite discuter les Interclubs allemands, histoire de faire rentrer un peu d’argent sur son compte en banque. « À ce moment-là, c’était le meilleur choix possible, je n’avais qu’une seule option et j’ai bien sûr dû la choisir », a-t-il affirmé. « Même si c’est difficile de vivre loin de ma famille. » La suite n’a pas été facile. Pas loin de se faire une place dans le Top 100 sur le circuit Juniors, Hazem Naw a mis du temps à progresser une fois franchie la barrière du monde professionnel. En 2021, alors âgé de 21 ans, il remportait son premier point ATP en passant un tour au Future de Monastir. En 2022, il entre dans le Top 1000 mais ce n’est que fin 2023, après deux titres en 15 000 $, qu’il monte enfin dans le Top 500. La saison dernière a d’ailleurs été essentielle dans sa progression. En effet, le joueur syrien y a remporté 45 victoires pour six finales sur le circuit ITF. Du jamais vu pour lui. La suite, on la connaît pour un joueur qui avant 2024 n’avait joué qu’une seule rencontre en Challenger. Sa progression est belle à voir et il est même devenu le premier joueur syrien à être aussi haut classé. Et le seul but d’Hazem Naw est aujourd’hui d’apporter un peu de réconfort à la population syrienne grâce à ses performances. « Je veux rendre heureux le peuple syrien, il mérite tellement d’avoir le sourire après douze années de guerre civile, de problèmes au quotidien », a t-il révélé à la Presse de la Manche lors de son passage à Cherbourg.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @ATPChallenger, @LaRepDpyrenees
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