Avant le début du tournoi, on a beaucoup parlé du « Sunday start », puisque c’était la première fois que l’Open d’Australie débutait un dimanche. Or, ce n’est pas la seule innovation de cette édition 2024. En effet, pour la première fois de l’histoire, le public a libre accès aux tribunes et peut entrer même en plein jeu. Ce qui divise entre ceux qui s’en plaignent et ceux qui apprécient…
À l’Open d’Australie, sur les trois premiers jours, la fréquentation est visiblement en hausse (87 705 spectateurs dimanche et 81 472 lundi). Et ceux qui y sont ne s’y trompent pas : le bruit est permanent et ça fourmille de partout. Et pour cause, car une nouvelle règle est entrée en vigueur lors de cette édition 2024. En effet, le public peut désormais quitter les tribunes ou y revenir quand un jeu se termine. Il n’a donc plus besoin d’attendre les changements de côtés pour entrer ou sortir. Une innovation voulue par l’organisation du tournoi, plus pour plaire aux spectateurs qu’aux joueurs. L’Australien Jordan Thompson (n°47), d’ailleurs, a halluciné quand l’arbitre de chaise l’a informé du dispositif alors qu’il se plaignait du bruit ambiant juste avant de servir. Surpris lui aussi lors de son orelier tour piège sur la Rod Laver Arena, Novak Djokovic (n°1) a expliqué ce qu’il avait ressenti. « Toute ma carrière, j’ai été habitué à ce type d’atmosphère et quand ça change, ça vous perturbe, ça distrait un peu », a ainsi déclaré le Serbe ce dimanche. « Nous avons perdu pas mal de temps aujourd’hui quand ils laissaient les gens s’installer alors qu’il n’y avait pas de changement de côté. Je ne sais pas si c’est vraiment la meilleure règle, même si je la comprends du point de vue du tournoi et des fans. Donc, je suis partagé en quelque sorte. »

Un certain nombre de joueurs, à l’image de Jordan Thompson, ne sont pas du tout convaincus par cette nouvelle règle. C’est notamment le cas d’Adrian Mannarino (n°20), qui n’a pas franchement aimé le brouhaha pendant son match du premier tour. « Ils laissaient les gens entrer, aller et venir pendant les points, pendant les jeux », a expliqué le joueur tricolore. « C’est assez compliqué quand il y a quelqu’un qui est habillé en fluo qui monte les escaliers, qui les descend pile dans l’axe des joueurs, ça gène un peu la concentration. Ce n’est pas quelque chose à laquelle on est habitué. » Les habitudes sont ainsi bouleverséeset c’est probablement ce qui dérange le plus. Pour Daniil Medvedev (n°3), qui s’est dit plus gêné au retour que sur son propre service, il faudrait chercher des solutions ailleurs. « Pour moi, c’est même plus le cas au retour, parce que quand le serveur lance sa balle, vous voyez tout ce mouvement derrière lui », a-t-il précisé. « Le truc, c’est qu’en Grand Chelem, il n’y a qu’une minute de pause lors des changements de côtés, donc bien sûr que 500 personnes ne pourront pas rentrer. Leur durée devrait être allongée à une minute et demie, comme ce à quoi on est habitués sur le circuit. Et tout le monde peut s’asseoir comme ça. »

Selon Craig Tiley, le directeur de l’Open d’Australie, « la majorité des joueurs n’y verrait pas d’inconvénient. » Mais il peine aujourd’hui à trouver du soutien. On peut citer Frances Tiafoe (n°17), qui la saison dernière avait considéré que le public devrait non seulement être capable d’aller et venir comme bon lui semble mais aussi de parler ou de s’exprimer sans restriction. Le joueur américain pense que le tennis devrait prendre exemple sur la NBA ou plus largement de ce qui se passe dans les sports collectifs. Du côté de Melbourne, le showman Gaël Monfils (n°76) rejoint les propos de l’Américain. « Les gens devraient pouvoir aller et venir, se déplacer et parler pendant les matches », a déclaré le Parisien. « C’est cool. Je pense que c’est une adaptation. S’il y en a que ça dérange, désolé pour eux, mais moi ça ne me dérange pas. » Programmé sur le Court 6, le joueur tricolore a même vécu l’expérience encore plus loin, puisqu’un bar donnant directement sur le terrain a été installé. « J’étais dans mon match, ça ne m’a pas dérangé », a-t-il ajouté. « Ça ne m’a même pas distrait je pense. » Reste que cette nouvelle règle divisé, entre les défenseurs des traditions et les joueurs qui aiment faire le show. Nous ne trancherons pas mais une chose est sûre : on risque encore d’en entendre parler.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @AustralianOpen
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