Ce vendredi, et jusqu’à dimanche, Adrian Mannarino (n°22) sera à l’affiche du « North Palmyra Trophies ». Il s’agit d’une exhibition organisée à Saint-Pétersbourg, en Russie, et parrainée par le géant des hydrocarbures Gazprom. Ce qui pose question, c’est comment le joueur français peut-il se retrouver à jouer cette compétition non-officielle, sur fond de guerre en Ukraine.
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les tournois ATP 250 et WTA 500 de Saint-Pétersbourg ont été supprimés du calendrier. Par conséquent, une exhibition est née des décombres de ces tournois : le North Palmyra Trophies, qui se déroule depuis ce vendredi jusqu’à dimanche, avec la participation notamment d’Adrian Mannarino (n°22). On se demande d’ailleurs pourquoi le joueur tricolore va mettre les pieds dans une compétition non-officielle quelque peu controversée. Dans l’entourage du joueur, seul son coach Erwann Tortuyaux a répondu à nos confrères de 20 Minutes, pour indiquer qu’il ne souhaitait pas communiquer sur son joueur « pour le moment, pour des raisons professionnelles. » Le Français sera accompagne en Russie de Roberto Bautista Agut (n°57), Jasmine Paolini (n°30) ainsi que cinq Russes, dont Karen Khachanov (n°15), Laslo Djere (n°33), Dusan Lajovic (n°46), Yulia Putintseva (n°68) ou encore Vera Zvonareva (n°263).
Si cette participation de la part d’Adrian Mannarino pose question, la FFT s’est fendue d’un message concis mais clair : « La FFT recommande fortement aux joueurs de ne pas se rendre à ce type de manifestation en Russie. » Notez que cette recommandation n’est pas une condamnation et ne donne pas d’information sur de potentielles conséquences sur une future convocation en Coupe Davis. De leur côté, la WTA et l’ATP ont émis des communiqués similaires, pour indiquer que le North Palmyra Trophies ne faisait pas partie du circuit et que joueuses et joueurs étaient libres de taper la balle où bon leur semble en tant qu’« entrepreneurs indépendants ». L’événement, que l’on devine très lucratif, est parrainé par le géant russe des hydrocarbures Gazprom, frappé par des sanctions occidentales en raison du conflit ukrainien, et qui finance des milices privées, notamment en Ukraine. Lors de la conférence de presse de présentation du tournoi, Boris Piotrowski, vice-gouverneur de Saint-Pétersbourg (relayé par le site spécialisé Ukrainian Tennis-BTU), a évoqué « un événement à l’échelle mondiale », qui « répond aux sanctions internationales et à l’annulation des tournois de tennis en Russie. » Avant de poursuivre : « Depuis longtemps, nous remplissons la mission fixée par notre président : bâtir un monde multipolaire. »

Et ce n’est que le début selon Lukas Aubin, chercheur à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques). « En Russie, chaque année il y a un thème, et 2024 sera officiellement l’année du sport », a-t-il expliqué. « Des compétitions parallèles à celles considérées comme pro-occidentales vont être organisées. Ce tournoi exhibition de tennis entre dans cette droite ligne, même s’il est beaucoup moins important que les Jeux de l’Amitié, qui vont regrouper a priori des dizaines de pays. » Cette compétition prévue du 15 au 29 septembre 2024 doit répondre aux Jeux Olympiques de Paris. Le CIO n’a d’ailleurs toujours pas statué sur la participation des athlètes russes et biélorusses aux J.O. Jasmine Paolini pourrait finalement ne pas orendre part à cette exhibition, elle qui figure dans l’équipe des Lions, sous le double capitanat de la Russe Svetlana Kuznetsova et du Serbe Janko Tipsarevic. Deux autres retraités russes, Nikolay Davydenko et Anastasia Myskina, dirigent les Sphinx, équipe où doit évoluer Adrian Mannarino.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @atptour, @Formula_TX
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