Cette saison, Novak Djokovic (n°1) a remporté sept titres dont trois en Grand Chelem ainsi que les ATP Finals. Il termine encore une année impressionnante, que l’on aurait tendance à comparer avec son cru 2015. Tout ça à 36 ans, alors qu’il est désormais plus proche de la quarantaine que de la trentaine…
Du haut de ses 36 ans, Novak Djokovic (n°1) reste l’ultime patron du circuit ATP. Lors des ATP Finals de Turin, il a terminé la saison comme il l’avait commencée, à Melbourne : par un titre. Ce lundi, il a même entamé sa 400ème semaine à la première place mondiale, un record. Ce qui nous amène à penser que le Serbe n’a pas de rival, en tout cas pas sur la durée d’une année complète, car il est bien le seul à pouvoir atteindre les sommets quand il le désire. Comment fait-il ? La condition physique de Novak Djokovic ne semble pas affectée par le temps qui passe. Sa capacité à étouffer Carlos Alcaraz (n°2) puis Jannik Sinner (n°4), respectivement plus jeunes de 16 et 14 ans, est impressionnante. « Son corps est dans une forme incroyable », a d’ailleurs déclaré le joueur italien en conférence de presse, dimanche, après sa defaite en finale des Masters. « Nous allons le voir dans le secteur pendant je ne sais combien d’années encore. C’est une inspiration parce qu’il a travaillé quand il était plus jeune de la bonne façon pour en être là. C’est un de mes objectifs aussi. Mais ce n’est pas seulement cette saison, il faut jouer chaque saison de la bonne manière pour arriver à un certain âge, 35, 36 ou 37 ans et encore se sentir bien. C’est vraiment physique parce que les balles vont si vite, il faut être prêt. »

Ainsi, gagner sept titres dans une même saison n’a rien d’anodin. Le dernier à avoir réussi cela est un certain Roger Federer, en 2017. À l’époque, le joueur suisse avait 36 ans, lui aussi. Le parallèle est assez troublant pour n’y voir qu’une coïncidence. D’autant qu’il ne s’arrête pas là : comme son ancien rival il y a six ans, Novak Djokovic a joué seulement douze tournois en 2023 pour y parvenir. Cela en dit long sur la performance ahurissante des deux joueurs, vainqueurs de plus de la moitié des épreuves auxquelles ils ont participé, que sur la maîtrise exceptionnelle de leur programmation. Comme Roger Federer avant lui, le Serbe a ainsi compris ce qu’il fallait faire pour rester compétitif le plus longtemps possible. « L’envie est encore là », a précisé le n°1 mondial depuis Turin. « Mon corps me sert bien, m’écoute bien. J’ai une super équipe autour de moi. En fin de compte, les gens vous voient performant sur les grands tournois, mais ils ne voient pas toutes les semaines et tous les mois dévoués au travail quotidien, durant lesquels on essaie de se préparer pour atteindre des pics de forme au moment voulu. Pour moi, ce sont les Grands Chelems et le Masters, et l’an prochain les Jeux Olympiques aussi, j’espère. » Pourtant, Novak Djokovic ne peut pas aussi bien récupérer qu’il y a dix ans. Raison pour laquelle, si on compare 2023 aux saisons 2011 ou 2015, où il avait tout raflé ou presque, il y a quand même quelques différences.

D’où cette déclaration du joueur serbe, quand on lui a demandé de comparer sa performance en 2023 avec ses années les plus fastes. « Par rapport à 2013, je dirais que le Novak d’aujourd’hui est plus fort », a-t-il commenté. « L’année 2015 a été l’une de mes meilleures saisons, probablement la meilleure avec 19 finales de suite, trois des quatre Grands Chelems. J’ai même eu 18 mois excellents avec la première moitié de 2016. Mais ce sont des périodes différentes. Je n’essaie plus de jouer autant qu’il y a dix ans. Je dois choisir les bons tournois et les bonnes périodes où je peux m’exprimer au mieux. C’est dur de comparer. Qui gagnerait entre le Novak d’alors et celui d’aujourd’hui ? Je dirais que c’est un boulot facile pour un type de 36 ans. Je plaisante, bien sûr. Je ne sais pas quel score ça donnerait. Mais je donnerais du fil à retordre au jeune moi, c’est évident. » Notez qu’en 2015, Novak Djokovic avait remporté onze titres, ce qui est bien mieux qu’en 2023. Et puis, à l’époque, il devait affronter des adversaires de la trempe de Roger Federer et Rafael Nadal. Par ailleurs, il n’a pas été plus tueur en 2023 sur les dates qui comptent (Grands Chelems, Masters 1000, Masters). Bien sûr, le voir remporter le Masters 1000 de Paris-Bercy après une longue pause loin du circuit revêt quelque chose d’irrationnel mais le Serbe a déjà été plus efficient dans ces différentes catégories de tournois. En 2015, il avait remporté dix titres entre tournois du Grand Chelem, Masters 1000 et Masters pour treize participations. Soit plus de 75 % de victoires finales dans ces rendez-vous les plus relevés de la saison. 2015, c’est aussi l’année où il n’a compté qu’une seule défaite face à un joueur classé en dehors du Top 10 (Ivo Karlovic, qui l’avait battu pour sa semaine de reprise à Doha). Il avait également connu deux longues séries de victoires en cumulant 29 succès de suite avant de s’incliner à Roland-Garros face à Stan Wawrinka puis en remportant 23 matches consécutifs en fin de saison. Mais rien de vraiment comparable avec sa série folle de 2011. Le Serbe avait cumulé 43 victoires de suite entre le début d’année et sa défaite à Roland-Garros face à Roger Federer. Un chiffre affolant qui ferait presque passer les 19 succès d’affilée de 2023 pour une performance moyenne, à l’échelle de Djokovic bien sûr. Une échelle à laquelle pas grand monde ne peut se mesurer.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @atptour
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