Finaliste aux ATP Finals et auteur d’une fin de saison digne des plus grands, Jannik Sinner (n°4) s’est imposé dans le Top 5 au classement ATP. Il est peut-être le joueur qui a le plus progressé ces dernières semaines et il faudra suivre son évolution en 2024. Est-il capable d’aller chercher une victoire en Grand Chelem ?
En mai dernier, lors du Masters 1000 de Rome, Jannik Sinner (n°4) affirmait : « Je n’ai plus peur de dire que je peux gagner des très grands matchs. » Du haut de ses 22 ans, il débordait alors d’ambition. Une position qu’il a assumée, la semaine dernière, lorsqu’il a battu Novak Djokovic (n°1) lors de la phase de poules des ATP Finals de Turin, chez lui en Italie. Le joueur italien a poursuivit sa folle ascension, qui l’a vu passer de la 16ème à la quatrième place mondiale en moins d’un an, soit son meilleur classement en carrière. Prometteur, il a connu une année 2023 pleine, avec sa première victoire en Masters 1000, à Toronto en août dernier. L’une des quatre victoires en finale sur les sept qu’il a disputées cette saison, après sa defaite sur la dernière marche aux Masters, ce dimanche. Mais surtout, Jannik Sinner a brisé le plafond de verre en battant des joueurs du Top 10 mondial plus régulièrement : six victoires depuis octobre, alors qu’auparavant il n’en comptait que quatre en 23 confrontations. Au total, Jannik Sinner compte dix victoires sur le Top 10 en 2023, dont deux sur Carlos Alcaraz (n°2), deux sur Daniil Medvedev (n°3) qui était pourtant sa bête noire jusqu’alors (six défaites contre lui) et une contre Novak Djokovic. Il a même battu plus de joueurs du Top 5 (cinq victoires) depuis octobre que dans le reste de sa carrière (quatre au total) !

Timide, Jannik Sinner est accompagné par un fan-club déguisé en carottes, en référence à sa couleur de cheveux, qui le suit partout, mais il n’est plus le jeune espoir italien d’il y a quelques mois, comme Matteo Berrettini (n°90) ou Lorenzo Musetti (n°27) ont pu l’être avant lui. L’Italien est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs joueurs du circuit, malgré son jeune âge, comme le prouvent plusieurs statistiques. Il résiste à la pression sur ses deuxièmes balles au service (56,5% de points marqués) derrière un certain Novak Djokovic (57,9%). Jannik Sinner est également l’un des meilleurs retourneurs du circuit. Il a remporté 29,8% des jeux sur le service de son adversaire (seuls Carlos Alcaraz, avec 32,5%, et Daniil Medvedev, avec 31,7%, font mieux). Jannik Sinner affiche un potentiel énorme avec un axe de progression important, notamment lorsque les matches s’allongent. Plusieurs fois, le joueur italien a déclaré forfait au cours d’un tournoi, en raison notamment de fatigue musculaire ou de programmation de matchs hasardeuse, comme lors du Masters 1000 de Paris-Bercy, où il devait jouer un match à 17h, après avoir terminé le précédent à 2h37 dans la nuit. À Roland-Garros cette année, il a perdu contre Daniel Altmaier (n°58) au bout de 5h26 de jeu. Pareil lors de l’US Open face à Alexander Zverev (4h41) et contre Stefanos Tsitsipas à l’Open d’Australie (4h). Sur les cinq matchs les plus longs de sa carrière, Jannik Sinner n’est jamais reparti avec la victoire. Une donnée qu’il doit améliorer. Intraitable contre les adversaires moins bien classés que lui en Grand Chelem, notamment sur dur (26 victoires en 26 rencontres), Jannik Sinner l’est moins face aux cadors. Aucun succès en huit matches sur cette même surface. Il a néanmoins atteint le dernier carré de Wimbledon cette saison, mais il a perdu contre Novak Djokovic. Cela reste sa meilleure performance en Grand Chelem dans sa jeune carrière. Il aura le temps de peaufiner ces axes de progression, à seulement 22 ans.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @atptour
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