Dans les années à venir, il devrait y avoir du changement. En effet, l’édition 2023 du Paris Rolex Masters devrait être l’avant-dernière à se tenir à l’Accor Arena, anciennement appelé le palais omnisports de Paris-Bercy, qui héberge l’épreuve depuis 1986. Cependant, la salle mythique ne répondrait plus aux exigences d’un tournoi de la catégorie Masters 1000, d’où ce vent de changement…
La saison 2025 sera, sur le circuit ATP, synonyme de plusieurs changements. Et le Masters 1000 de Paris-Bercy ne va pas y couper : il va être amené à déménager, délaissant sa salle mythique de l’Accor Arena, anciennement appelée le palais omnisports de Paris-Bercy. Ainsi, cela fait 37 ans que cet événement a pris tous les noms des sponsors et de la magnifique arène associée à ce Masters 1000. Cependant, dans la culture populaire, on appelle toujours ce tournoi « Bercy », où s’est construit l’histoire du tennis en automne, « dans l’une des plus belles salles du monde », comme l’a déclaré Gilles Moretton, président de la FFT, à nos confrères du quotidien L’Equipe. Avant de rappeler que « nous avons le plus grand tournoi indoor au monde, à Paris. » S’il appartient à la Fédération française de tennis, le tournoi n’est pas toujours parvenu à attirer les meilleurs joueurs du monde, peut-être à cause de sa place dans le calendrier (quelques jours seulement avant les ATP Finals). Et dire qu’il a déjà failli disparaître en 2007… Aujourd’hui, l’évolution des contraintes menace le fragile équilibre du tournoi, face aux requêtes des joueurs et de l’ATP (dont le cahier des charges devient de plus en plus exigeant). Si le Court Central est magnifique et son ambiance exceptionnelle, il n’en est pas de même pour les courts 1 et 2, très bas de plafond et loin des standards usuels, ni pour les courts d’entraînement, qui sont délocalisés. « Les contraintes concernent les capacités de diffusion, les normes de sécurité, les espaces sur les courts, et un non-respect de ces règles peuvent mener à des pénalités financières, voire à une rétrogradation du statut », a ainsi expliqué Gilles Moretton. « C’est une menace très palpable à une époque où l’on tend vers des tableaux de 96 (contre 56 à Bercy, ndlr) et des événements combinés ATP/WTA. »

Envisagé depuis plusieurs mois, le déménagement dans une salle plus appropriée reste la solution la plus vraisemblable, même si selon le président de la FFT, « rien n’est encore décidé. » La rumeur est connue depuis quelques temps déjà : le déménagement devrait se faire à La Défense Arena, au coeur du quartier de la Défense à Nanterre, à 15 km au nord ouest de Bercy. Inaugurée en octobre 2017, la Défense Arena est la plus grande salle d’Europe, avec une capacité maximum d’environ 40 000 places pour les concerts. « Les échanges sont permanents, que ce soit avec l’Accor Arena ou la Défense Arena », a affirmé Gilles Moretton. « On avait initié des choses depuis longtemps. Oui, on est allés voir à Lille, oui, on est allés voir à Lyon ; on a étudié les différentes possibilités, et on continue donc à discuter avec les deux Arenas de Paris. Chacune a ses caractéristiques. La Défense Arena, c’est une seule et même salle, avec un terrain de rugby. On peut tirer des rideaux, créer des espaces, donc ça peut être mieux pour la mise en place de certaines choses. Des équipes travaillent sur la faisabilité. » Ceci étant dit, une question se pose : la France pourrait-elle perdre son Masters 1000 ? Non, mais attention. En effet, en 2025, tout le circuit ATP sera réajusté. « Dans ce monde qui se transforme, des fonds d’investissement arrivent et disent : ‘On vous propose ci’, ‘On veut réorganiser ça’« , indique le président de la FFT. « Notre rôle, en tant que fédération, est de sécuriser et de pérenniser ce qui est existant, en étant peut-être aussi un peu visionnaire. » En oitre, la Fédération possède la licence de son Masters 1000, dont la valeur, à la revente, vaudrait entre 200 et 300 millions d’euros. « Mais on n’a pas vocation à prendre de l’argent », a affirmé Gilles Moretton. « On a la chance d’avoir une fédé en bonne santé, qui redistribue. On est en pleine dynamique, alors on ne va pas céder un actif. La principale question est : qu’est-ce qui va nous permettre d’éviter qu’un jour on nous le déclasse ? Nous, ce qu’on veut, c’est du tennis. Et on veut rester dans la course des ATP 1000. »

Il n’y a qu’à Monte-Carlo, avec son statut hybride (il est le seul des neuf Masters 1000 non obligatoire) et son site historique, qu’on ne peut décemment pas demander de pousser les murs. Mais même si le Masters 1000 de Paris-Bercy déménage à la Défense Arena, il ne pourra pas se calquer sur ses confrères : « On ne deviendra jamais un autre Indian Wells ou un autre Madrid, mais il nous appartient de limiter le gap. » Un seul tournoi a connu la rétrogradation de Masters 1000 à ATP 500, dans l’histoire récente, et c’est peu dire que Hambourg, en passant aussi de mai à juillet, a perdu énormément. Mais le danger pourrait venir d’ailleurs : l’Arabie Saoudite pousse très fort pour se faire une place sur l’échiquier du tennis mondial. « Ils ont déjà le NextGen Masters (en novembre à Jeddah, ndlr), plus si affinités, on va voir », a expliqué le président de la FFT. Ce pays est même tout près de récupérer les WTA Finals. Et la semaine passée, le président de la fédération italienne, Angelo Binaghi, est allé jusqu’à affirmer, dans une interview au Corriere della Sera, que l’Arabie saoudite disposera d’un Masters 1000 dès janvier 2025. « Il est allé un peu vite en besogne », aurait déclaré une source interne au circuit très haut placée. « Rien n’est acté, mais évidemment que des discussions sont en cours, car il ne s’agit pas d’aller à la confrontation avec un nouvel acteur. » À ce jour, le circuit ATP compte neuf Masters 1000 et, en 2025, seuls les deux organisés dans l’hexagone (Paris et Monte-Carlo) ne seront pas disputés sur douze jours avec un tableau de 96 joueurs. L’arrivée d’un nouveau Masters 1000 saoudien signerait-elle automatiquement la disparition d’un autre tournoi dans cette catégorie ? Non, car l’option d’un dixième tournoi premium est sur la table des négociations, ce qui va dans le sens de la volonté des plus gros acteurs du tennis (Grand Chelem et Masters 1000) de créer un écart encore plus grand avec les tournois des niveaux inférieurs appelés à se raréfier ou à fusionner…
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @RolexPMasters
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