Âgé de 31 ans, Arthur Weber (n°312) se révèle sur le tard. Plutôt habitué au circuit Futures, il a remporté son tout premier trophée en Challenger le mois dernier. Et comme si cela ne suffisait pas, il s’apprête à disputer les qualifications du Masters 1000 de Shanghai, qui débutera le 4 octobre prochain.
Il y a un an, voire seulement quelques semaines, il n’aurait pas pu l’imaginer. « Là, je suis lucky loser », rigolait Arthur Weber (n°312) au téléphone depuis Zhuhai, où il a disputé les qualifications du tournoi ATP 250 chinois dont la finale doit se disputer ce mardi. « Si Cameron Norrie n’arrive pas dans les vingt minutes, ça va être à moi de jouer. Mais je l’ai aperçu tout à l’heure donc c’est mort pour aujourd’hui. » Cela fait plusieurs mois que le joueur français vit première fois sur première fois. Après avoir remporté son premier titre en Challenger en août dernier, il a disputé les qualifications d’un tournoi ATP 250 pour la première fois à 31 ans, au cours desquelles il a échoué à un match d’entrer dans le tableau final. Tel est le quotidien de cet inclassable, qui éclot sur le tard. Mais comment un garçon originaire de l’Hérault s’est-il retrouvé là ? « J’aime voyager et je suis parti m’installer au Vietnam parce que j’adore l’Asie », explique l’actuel 312ème mondial. « Et quand j’ai commencé à jouer là-bas, j’ai fait ça tout seul, sans structure, sans coach ni rien. Ça permet d’être le capitaine du bateau, décider de ce que je veux faire, quand et comment. »

Un temps professeur de tennis pour des expatriés à Hô Chi Minh-Ville, Arthur Weber peut maintenant se consacrer uniquement à sa carrière, grâce à ses très bons résultats amassés depuis un an. Un premier tournoi Futures à Jakarta en octobre 2022, trois autres cette année, (encore deux fois à Jakarta et un autre en Thaïlande), avant cette victoire lors du Challenger 50 de Zhuhai. Ces excellents résultats lui ont permis de changer de dimension, grâce à son classement, et donc de s’aligner sur des tournois du circuit Challenger, aux dotations plus importantes. « Ça me permet de financer mes prochains tournois », a-t-il confié. « Avant, quand je rentrais au Vietnam, je donnais des cours sous la chaleur et l’humidité. Maintenant, je me professionnalise un peu, je fais de la récupération, je fais des exercices spécifiques pour le tennis, du physique en jouant au foot. » Le football, il y joue d’ailleurs dans un club qu’il a monté avec des amis au logo… du Montpellier Hérault.

Contreur sur le court, comme il se qualifie lui-même, le quotidien est-il tout de même compliqué pour ce gaucher bagarreur classé hors du Top 300, avec tous ces voyages à organiser pour taper dans la balle ? « Je suis un ancien en termes d’âge mais tout ça est tout nouveau pour moi », assure-t-il. « Prendre l’avion, réserver des hôtels, ça fait partie du projet, t’es un vagabond et j’adore ça. Je bouge à droite, à gauche, je suis jamais plus d’une semaine au même endroit. Mais maintenant, je suis logé sur les tournois, la nourriture est prise en charge, ça devient de plus en plus confortable. Ceux qui se plaignent je ne les comprends pas. » Être un joueur du circuit secondaire n’épargne tout de même pas les haters et autres parieurs en ligne, comme les dizaines de commentaires sur son compte Instagram ou celui de son frère Paul l’attestent. « On n’y échappe pas », constate le joueur tricolore. « À chaque match, que je gagne ou que je perde, j’ai 45 mecs qui m’insultent. Mais ça ne m’affecte pas, tu lis 250 fois que ton père doit mourir, donc tu supprimes et tu bloques. Il y a quand même eu un message qui m’a fait rire parce qu’un gamin de Buenos Aires m’avait envoyé ‘Gracias crack.’ Il avait dû se faire un peu de blé grâce à moi, j’ai trouvé ça rigolo. » Une visibilité qui va de pair avec le haut niveau, qu’Arthur Weber va tutoyer un peu plus la semaine prochaine, lors des qualifications du Masters 1 000 de Shanghai. « Quand j’ai vu que j’allais jouer là-bas, je me suis quand même dit que c’était un truc de fou », rigole-t-il encore. « Les Masters 1 000, c’est des mecs que tu vois à la télé… Et je me suis qualifié tout seul, sans invitation, sans l’aide de personne, grâce à mon classement. Je pense que je réaliserai le truc quand je serai sur place et que y’aura écrit, sur la bâche, Masters 1 000 de Shanghai. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, tout ça, donc faut profiter de chaque seconde. »
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @ATPChallenger
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