Wimbledon

L’évolution du gazon entre la première et la deuxième semaine de Wimbledon influence-t-elle le jeu ?

C’est un détail qui n’échappe pas aux fans de tennis qui suivent Wimbledon : en fond de court, le gazon perd jour après jour sa verdure, au point qu’il n’y a plus d’herbe en fin de deuxième semaine. Si, plusieurs années en arrière, il y avait également une zone sans gazon au niveau des carrés de service, cette évolution entre le début et la fin du tournoi influence-t-elle le jeu sur le gazon londonien ?


Au début du tournoi, le gazon des courts de Wimbledon est immaculé, verdoyant et donne envie de le fouler à n’importe quel fan de tennis. Quelques jours après, malgré le travail incroyable des jardiniers, les lignes sont tracées en fond de court sur un terrain dépourvu d’herbe, qui s’apparenterait presque à de la terre battue. Cette modification du court, bien visible à l’écran, a-t-elle un effet sur le jeu ? « Non, car ces zones se situent en dehors de l’aire de jeu », assure Neil Stubley, responsable des courts et de l’horticulture à l’AELTC. « Elles ne concernent que là où les joueurs courent. Ça n’affecte donc pas les joueurs et leur manière de bouger sur le court. » Neil Stubley fait ainsi référence au rebond de la balle qui, la plupart du temps, se situe bien avant la ligne de fond et n’est pas impacté par la détérioration du terrain. Pourtant, les avis divergent sur le sujet. En 2021, l’ancien joueur Pat Cash, vainqueur du tournoi en 1987, expliquait sur le plateau de l’émission anglaise « Today at Wimbledon » de la BBC, que le tournoi se découpait en trois phases : au début de la quinzaine, l’herbe est « très glissante », puis il y a un entre-deux, puis « vers la fin du tournoi, nous avons de la poussière. »

Selon Nicolas Escudé, Directeur Technique National à la FFT, cette transformation visuelle du court a bien une conséquence sur les conditions de jeu. « Le jeu se ralentit au fur et à mesure que le tournoi avance, d’autant plus quand il fait chaud », a-t-il expliqué. « En revanche, cela ne modifie pas la façon d’aborder un match, entre le début et la fin de la quinzaine. » Un constat confirmé par un autre ancien joueur français, Arnaud Di Pasquale. « Les grands courts sont plus usés en fin de quinzaine, donc il y a un peu plus de faux rebonds, et aussi un jeu plus ralenti, c’est évident », a déclaré cet ancien joueur du Top 40. « Plus le temps passe, et plus c’est à l’avantage de ceux qui aiment jouer du fond du court », a-t-il analysé, tout en rappelant que la qualité des courts de Wimbledon « reste assez exceptionnelle. »

Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’en tant que surface vivante, le gazon peut évoluer différemment en fonction des conditions climatiques. « Si on a une quinzaine très chaude, les rebonds vont être assez hauts, la balle fusera moins que s’il y a de l’humidité dans l’air et que le gazon absorbe cette humidité », a expliqué Yannick Cochennec, ancien rédacteur en chef de Tennis Magazine. « Et si le temps est très sec, c’est vrai qu’on n’est pas loin de la terre battue, sur un terrain totalement râpé et littéralement sur de la terre, car il n’y a plus de gazon à certains endroits. » D’ailleurs, a-t-il poursuivi, « quand Björn Bjorg gagne la première fois Wimbledon (en 1976, ndlr), il n’y avait pas eu une goutte de pluie durant la quinzaine, qui avait été très chaude, et cela l’avait un peu avantagé. » Pour autant, pas de quoi en faire une science exacte, puisque le Suédois, spécialiste de la terre battue et sextuple vainqueur à Paris, s’est imposé à quatre reprises à Londres, après ce premier sacre.

Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @AELTCGroundsman

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