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Medvedev, Tsitsipas, Sinner : la transition entre l’ocre et le gazon est-elle si difficile ?

Comme chaque année, alors que Wimbledon débutera le 3 juillet prochain, certains joueurs tentent de prolonger au maximum la saison sur terre battue. D’autres, au contraire, évoluent sur gazon depuis leur élimination de Roland-Garros. Ce qui soulève une question : comment s’adapter à ce changement de surface le plus rapidement possible ?


On l’a vu cette semaine : le passage de la terre battue au gazon n’est pas si évident, même si le tapis vert a largement été ralenti quand on le compare avec le gazon utilisé un quart de siècle en arrière. Cependant, il n’est jamais évident de faire la transition entée l’ocre et le gazon, aussi brutale soit-elle. Parlez-en à Daniil Medvedev (n°3) ou Stefanos Tsitsipas (n°5) : respectivement tête de série n°1 de l’ATP 250 de ‘s-Hertogenbosch et de Stuttgart, ils sont tous deux tombés dès leur entrée en lice. Tout comme Maria Sakkari (n°8), éliminée au deuxième tour du tournoi WTA 250 de Nottingham. Ou encore Jannik Sinner (n°9), tête de série n°2 à ‘s-Hertogenbosch, et Taylor Fritz (n°8), tête de série n°2 à Stuttgart, qui ont échoué en quarts de finale, ce vendredi. Du coup, quand nous avons vu ces résultats quelque peu surprenants, nous nous sommes demandés en quoi le gazon était si particulier. Quelles adaptations les joueuses et les joueurs doivent-ils opérer pour arriver au sommet de leur forme sur le gazon de Wimbledon ? Tout d’abord, sur cette surface si particulière, il faut savoir que le jeu s’accélère. Tout le contraire d’une terre battue plus lente, où la balle rebondit davantage. Les échanges sont ainsi plus courts sur le tapis vert, les services peuvent redevenir gagnants et le rebond est plus bas. Ce qui sied à des joueurs comme Richard Gasquet (n°55) ou Adrian Mannarino (n°52), qui ont créé la surprise en sortant respectivement Stefanos Tsitsipas et Daniil Medvedev.

Et ce n’est pas tout, car l’effort physique est différent sur gazon. « C’est moins sollicitant sur le plan cardiaque, on est moins essoufflé mais l’échange en lui-même est extrêmement intense », a expliqué Paul Quétin, préparateur physique pour la FFT, à nos confrères de franceinfo. « L’intensité de l’effort musculaire est plus grande parce que ça va vite, il faut beaucoup d’explosivité. » Notez que sur le plan physique, le changement de surface peut être brutal pour les joueurs. « Les rebonds vont être beaucoup plus bas, il faut donc être bas sur les jambes, baisser le centre de gravité », analyse de son côté Arnaud Clément, vainqueur en double en 2007 à Wimbledon aux côtés de Michael Llodra. De nouvelles courbatures apparaissent ainsi pour les joueurs, dues à une adaptation très courte entre le gazon et l’ocre : une semaine ppur oes plus chanceux ou seulement quelques jours pour les autres. « Cela nécessite un travail en amont sur le plan physique, un renforcement musculaire très spécifique au gazon », a ajouté Paul Quétin. « Faire du travail de fente, descendre sur les appuis, renforcer les muscles fessiers pour être capable de jouer bas, mais le plus important c’est de passer du temps sur gazon. » Ce qui n’est pas toujours aisé.

Cependant, ce n’est pas la seule particularité du gazon. Avant de fouler ces courts en herbe, les joueurs doivent enfiler des chaussures spécifiques, équipées de petits picots – des mini-crampons – qui permettent de ne pas glisser sur cette surface. Car le gazon peut rapidement devenir dangereux, dès la moindre goutte d’eau. « Il faut s’habituer à nouveau à bouger sur cette surface, c’est très différent de la terre battue », a expliqué Arnaud Clément, également quart de finaliste en simple au All England Club en 2008. « On se remet en confiance sur la manière de se déplacer, de poser les appuis. Les changements de directions sont différents. » Les top players doivent ainsi s’habituer à se déplacer vite et bien, mais aussi à jouer de manière plus offensive que sur terre battue, où les rallyes sont plus longs. « Par rapport à Roland-Garros, on n’est pas du tout sur la même filière. C’est un jeu plus agressif et porté vers l’avant. La volée est toujours indispensable, même si c’est un peu moins qu’avant car la surface est devenue moins rapide. » Enfin, la clé pour le finaliste de l’Open d’Australie, en 2001, c’est avant tout d’apprécier cette surface. « Le gazon, si on ne l’aime pas, c’est très difficile de jouer dessus car il va être source de frustration », a conclu Arnaud Clément. « Parfois, il y a des joueurs qui ont un jeu qui pourrait très bien s’adapter à cette surface, mais ils ont une appréhension à cause des appuis et des glissades, et ils n’arrivent pas à jouer. » En tout cas, pas d’appréhension pour Novak Djokovic (n°1), grandissime favori à sa propre succession à Wimbledon. En effet, pour la troisième fois de suite, il débarquera au All England Club sans tournoi de préparation.

Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @AELTCGroudsman, @boss_open, @libemaopen

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