Dimanche, Novak Djokovic (n°1) a remporté son troisième titre à Roland-Garros, le 23ème en Grand Chelem. S’il a tenu à remercier son clan lors de la remise du trophée, il semblerait que faire partie de sa garde rapprochée soit une vraie épreuve. Goran Ivanisevic, aux côtés du Serbe depuis quatre ans bientôt, a raconté les coulisses de cette relation tumultueuse.
Après avoir remporté son troisième trophée du côté de la Porte d’Auteuil, Novak Djokovic (n°1), tout sourire, s’est tourné vers son clan. Et à y regarder de plus près, on sentait une certaine forme de soulagement de voir leur protégé s’être imposé lors de ce Roland-Garros. « Les gars, je ne sais même pas quoi vous dire », a déclaré, au micro, le joueur serbe, qui avait forcément un énorme sourire sur le visage. « Vous savez ce qu’on a traversé, les aventures quotidiennes. Vous savez que je peux être très difficile au quotidien alors je veux vraiment vous remercier pour votre patience et votre tolérance. En coulisses, je vous torturais mais je vous remercie d’être mon rocher. » Si ces mots ne visaient en aucun cas les membres de sa famille, son clan était tout de même concerné. Quelques minutes après la victoire du joueur de 36 ans, son entraîneur depuis 2019, Goran Ivanisevic, s’est présenté en conférence de presse. Et il en a dit plus sur cette relation tumultueuse.

Interrogé sur la préparation mouvementée du Serbe lors de la tournée européenne sur terre battue, l’ancien vainqueur de Wimbledon a tout d’abord essayé de temporiser. « Il nous a menottés pendant trois jours », a-t-il souri avant de redevenir plus sérieux. « Ce n’est pas un garçon facile, on va dire ça comme ça. Surtout quand les choses ne vont pas dans son sens. Mais on est là pour tendre la joue et se faire frapper, vous savez. C’est ça, être une équipe. On est là pour qu’il se sente mieux, pour qu’il puisse mieux jouer. Parfois, ce n’est pas facile. Parfois, c’est même franchement compliqué. » Depuis le début de la saison 2023, on a d’ailleurs vu plusieurs fois Novak Djokovic viser son box avec des mots durs, des attitudes limites et parfois des insultes. Mais il s’impose encore et toujours en Grand Chelem ; du coup, son clan pense ne pas être à plaindre. Même si, en dehors des grands tournois, rien n’est facile pour l’entourage du n°1 mondial. « Ça n’a pas été un voyage facile », a ajouté Goran Ivanisevic. « Il faut se souvenir de notre démarrage à Monte-Carlo, de Banja Luka. À Rome, ça allait un peu mieux mais on était encore loin de sa forme optimale. Et franchement, il nous a torturés, on s’est arraché les ongles. Il y a eu beaucoup de choses que je ne peux pas révéler ici. Mais on est toujours là, on est encore vivants. Mon cœur bat encore mais il va falloir que je fasse gaffe, je suis un vieux monsieur maintenant. »

Si Goran Ivanisevic ne semble pas vouloir quitter son joueur, c’est parce qu’il vit lui aussi pour ces moments d’histoire qui sont écrits par Novak Djokovic. Ceci dit, gérer l’homme aux 23 titres du Grand Chelem, au quotidien, est tout sauf aisé. « Franchement, je ne sais pas quoi faire avec lui, il y a toujours quelque chose qui ne va pas », a expliqué l’entraîneur croate. « Il veut toujours quelque chose, il se réveille et dit : ‘Hier, mon revers n’était pas bon donc je veux travailler sur ça’. Mais, pour nous, son revers était parfait. Donc, on finit par travailler le revers. Et après c’est le service, et après autre chose. Il est perfectionniste. C’est souvent le cas avec les génies, il leur manque toujours quelque chose. » Certes, mais on peut se dire que ce genre de reproches n’ont jamais été effectués par les entourages de Roger Federer ou Rafael Nadal (n°136). Par conséquent, Goran Ivanisevic a tout de suite été surpris par une telle exigence. « Vous savez, j’avais eu du succès avec Marin Cilic, je l’avais déjà affronté à de nombreuses reprises dans le camp d’en face », s’est-il souvenu. « Mais avec lui, c’est un nouveau challenge, tous les jours. Il vous motive ou plutôt vous devez être motivés, toujours plus, chaque jour. En fait, il vous maintient dans un niveau de stress très élevé, ça ne descend jamais. » Le clan de Novak Djokovic peut désormais en profiter un peu et relâcher la pression, avant un nouveau défi : Wimbledon, qui démarrera dans moins de trois semaines.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @rolandgarros
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