Roland-Garros

Elina Svitolina, de retour en quarts à Roland-Garros, est une maman en mission

Quart de finaliste du côté de la Porte d’Auteuil en 2020, Elina Svitolina (n°192) aura au moins égalé sa meilleure performance à Roland-Garros. Tout ça alors qu’elle n’a repris la compétition qu’au mois d’avril, après avoir donné naissance à Skaï, la fille qu’elle a eue avec Gaël Monfils (n°394). Une performance de choix pour une joueuse ukrainienne qui se sent investie d’une mission.


Devenue maman en octobre dernier, Elina Svitolina (n°192) a effectué son retour à la compétition en avril, lors du tournoi WTA 500 de Charleston, où elle s’est inclinée dès le premier tour face à Yulia Putintseva (n°58). Depuis, la joueuse ukrainienne a enchaîné les tournois, ainsi que les matches, pour revenir à son meilleur niveau. Elle a démarré par deux tournois du circuit ITF, avant de revenir sur terre battue lors des tournois WTA 1000 de Madrid et de Rome, où elle a perdu au premier tour à chaque fois. C’est pourtant en France, son pays d’adoption depuis qu’elle partage la vie de Gaël Monfils (n°394), que cette ancienne n°3 mondiale a signé son vrai retour. Au WTA 125 de Saint-Malo, elle a atteint les demi-finales avant de s’incliner face à l’Américaine Sloane Stephens (n°30). Elle s’est ensuite imposée au tournoi WTA 250 de Strasbourg, en battant la Russe Anna Blinkova (n°56) en finale. Son premier titre en tant que mère de.famille, le dix-septième au total depuis le début de sa carrière. Le come-back était alors enclenché.

Et c’est peu dire qu’il se poursuit, depuis huit jours, à Roland-Garros ! En effet, Elina Svitolina s’est qualifiée, ce dimanche, pour les quarts de finale, comme en 2020. Si elle a dû tenir ses nerfs, notamment dans la deuxième manche, elle a tout de même battu la Russe Daria Kasatkina (n°9) en deux sets 6-4, 7-6 (5). Deux jours après avoir de nouveau battu, lors d’une belle bataille, Anna Blinkova (2-6, 6-2, 7-5). Cependant, ce parcours jusque-là victorieux avait commencé dès le premier tour, quand l’Ukrainienne à sorti oa demi-finaliste de l’an passé, l’Italienne Martina Trevisan (n°24) en deux sets 6-2, 6-2. La confiance n’a pas tardé à revenir, même si tout n’a pas été tout rose pour revenir au plus haut niveau. « Tout le monde me dit que mon retour est rapide, mais j’ai l’impression que ça a duré une éternité », a-t-elle notamment déclaré. Consciente que ses performances sont exceptionnelles pour une joueuse ayant accouché il y a seulement sept mois, Elina Svitolina n’en oublie pas celles qui l’ont précédée sur cette voie. « C’est une histoire importante parce que je m’inspire aussi d’autres femmes qui ont eu un enfant et qui sont revenues à la compétition, en tennis ou dans d’autres sports », a confié la joueuse ukrainienne à la presse. « Bien sûr, ça demande un immense effort d’y parvenir. Tatjana Maria, par exemple, a repris après avoir eu deux enfants. Je ne suis pas sûre que je reviendrais après un deuxième enfant. »

Quoiqu’il en soit, sa résistance sur le plan physique est bluffante. Gagner un tournoi la semaine précédant un Grand Chelem donne de la confiance, mais enchaîner ainsi n’a rien d’évident. Demandez au Français Arthur Fils (n°63), éliminé d’entrée à Roland-Garros après avoir pourtant triomphé au tournoi ATP 250 de Lyon. Alors, comment Elina Svitolina a-t-elle fait pour récupérer aussi vite ? Peut-être parce qu’elle a un lien particulier avec Roland-Garros par l’intermédiaire de son mari, mais aussi par son histoire personnelle. « Quand j’étais enfant, Roland-Garros était l’un des seuls tournois diffusés en Ukraine », a-t-elle révélé. « Je me souviens avoir regardé la finale Andre Agassi contre Andrei Medvedev, un Ukrainien en finale. C’était une immense finale, je me souviens l’avoir regardée, avoir soutenu Medvedev. Malheureusement, il n’a pas réussi à l’emporter. C’était une source de motivation à cette époque pour me pousser à m’entraîner, pour faire de mon mieux. » Par ailleurs, Elina Svitolina est portée par une cause qui la dépasse : la guerre en Ukraine. Elle refuse toujours de serrer la main des Russes et des Biélorusses et elle ne devient pas d’un iota de sa ligne de conduite. « Tout est parti du gouvernement ukrainien », a expliqué l’actuelle 192ème joueuse mondiale. « Lors des rencontres avec les officiels russes, ils étaient contre le fait de serrer leurs mains parce qu’ils ne partagent pas les mêmes valeurs et à cause de ce que les Russes font à notre pays. Je suis Ukrainienne, je me bats pour mon pays. Je fais tout mon possible pour soutenir le moral des hommes et des femmes qui sont sur la ligne de front et qui se battent pour notre terre. Donc vous pouvez imaginer ces gens s’ils me regardaient me comporter comme si rien ne se passait. J’ai une voix et j’ai une opinion sur cette guerre. Elle touche tous les domaines : le sport, le cinéma. Nous sommes tous unis en tant qu’Ukrainiens. » Le fait de se battre pour une cause plus grande que son simple intérêt lui a certainement permis de remonter un set de handicap lors de deux de ses matches. Et cela pourrait la porter encore plus loin.

Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @rolandgarros

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