Avec le passage sur douze jours du Masters 1000 de Madrid, il y a un tournoi qui grandit et a changé de catégorie : Aix-en-Provence, qui a désormais le statut de Challenger 175. Dirigé par Arnaud Clément, il y a un vrai coup de projecteur sur cet événement, avec des noms toujours plus prestigieux qui y sont inscrits et attisent la curiosité des fans de tennis dans le sud de la France.
En 2023, certaines rencontres du premier tour au Challenger 175 d’Aix-en-Provence semblent improbables. Deux exemples : Andy Murray (n°52) affrontera Gaël Monfils (n°322), alors que David Goffin (n°95) sera opposé à Benoît Paire (n°161). Ce qui crée un réel engouement, notamment du côté des fans, grâce à cette nouvelle catégorie de Challengers voulue par l’ATP lors des deuxièmes semaines des Masters 1000 qui se jouent sur une douzaine de jours. Ainsi, nous avions vu des joueurs comme Matteo Berrettini (n°21) disputer le Challenger 175 de Phoenix, après une sortie prématurée lors du Masters 1000 d’Indian Wells en mars dernier. Lors des Masters 1000 de Madrid et Rome, qui ont vu leur durée étendue cette saison, ce sont pas moins de quatre autres tournois qui ont été upgradés au statut de Challenger 175 : Aix-en-Provence et Cagliari, cette semaine, ainsi que Bordeaux et Turin lors de la deuxième semaine du Masters 1000 de Rome. « Au niveau sportif, notre tableau est complètement différent », a ainsi témoigné Arnaud Clément, directeur du Challenger 175 d’Aix-en-Provence, pour nos confrères d’Eurosport. « Et je ne pensais pas que ça allait l’être autant, même si ça va descendre un peu en fonction des résultats de Madrid. Avant, on avait parfois deux et jusqu’à quatre ou cinq joueurs du Top 100 maximum, là, tout notre tableau est dans les cent premiers. On n’a jamais eu des joueurs aussi bien classés et une telle densité. Mardi, le jour du début du grand tableau, on va vraiment se demander qui on met sur le central, sur le 1, alors qu’avant on se posait moins la question. Certains ATP 250 sur terre battue pendant l’été ne sont pas beaucoup plus forts que nous. »

Autre avantage pour les têtes d’affiches qui s’inscrivent à un Challenger 175, dont le tableau comporte 28 joueurs : les quatre premières têtes de série bénéficient d’un bye au premier tour. Pour remporter le tournoi, ces joueurs n’auraient donc que quatre rencontres à gagner. Par ailleurs, un vainqueur d’un Challenger 175 remporte plus de points qu’un finaliste d’un tournoi ATP 250 : 175 points contre 150. Voilà pourquoi s’y inscrire peut être bénéfique. D’autant plus que cela permet également de garder le rythme en accumulant du temps de jeu sur terre battue. Ce qui n’est pas négligeable. De là à concurrencer les ATP 250 ? « Non, nous avons obtenu cette dérogation réglementaire de pouvoir accueillir des joueurs du Top 50, parce qu’on est en deuxième semaine de Masters 1000 », a tenu à rappeler Arnaud Clément. « Un Challenger 175 ne peut pas être en face d’un ATP 250, ce n’est pas possible. Il y a des ATP 250 qui ont des Top 10 et qui offrent des garanties, ce qui n’est pas possible pour les Challengers. Aujourd’hui, on ne se dit pas qu’on fait partie du circuit secondaire. Mais devenir un 250, c’est une autre marche, c’est l’achat d’une date dans le calendrier. Pour certains, ça marche très bien, pour d’autres moins. On n’a jamais eu cette ambition jusqu’ici. »

Pour répondre au cahier des charges de l’ATP, le tournoi d’Aix-en-Provence a d’ailleurs dû trouver de nouveaux partenaires financiers. Car ce changement de statut a un coût, même si les organisateurs du tournoi ont pu compter sur l’aide de l’ATP et de la Fédération française de tennis. Cependant, le prize money est passé de 90 000 à 200 000 euros et, au total, le budget d’organisation a dépassé le million d’euros (soit près de 30 % d’augmentation par rapport à l’année dernière). Ceci dit, grâce à la création de cette nouvelle catégorie dans les tournois Challengers, l’écart tendrait à se réduire un peu avec le circuit principal. « Quand j’ai arrêté ma carrière et j’ai commencé à organiser le Challenger, l’hébergement n’était pas obligatoire pour les joueurs, il n’y avait pas de prize money, ni d’hébergement dans les qualifications », a expliqué le directeur du tournoi d’Aix-en-Provence. « Il y a toujours un écart, parce que les modèles économiques ne sont pas les mêmes, mais ça tend à se rapprocher : il y a de plus en plus de passerelles entre les deux circuits. Car dans le tennis, les tout meilleurs gagnent très bien leur vie, mais derrière ça se creuse très vite. Avec ces augmentations de prize money, un 250ème mondial peut réussir à équilibrer ses comptes financièrement. Il y a plus de joueurs qui peuvent vivre du tennis. » Notez que tous les Challengers bénéficient de cette évolution : un Challenger 75 est passé de 53 120 à 80 000 dollars de prize money, alors qu’un Challenger 100 est passé de 106 240 à 130 000 dollars. Le mouvement de fond semble engagé pour réduire les écarts.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @OpenduPaysdAix
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