Il y a quelques semaines, nous vous avions présenté le Jordanien Abedallah Shelbayh (n°267), qui disputait sa toute première rencontre sur le circuit principal au tournoi ATP 250 de Doha. Cette semaine, il est entré dans l’histoire en remportant sa première victoire lors du tournoi ATP 250 de Banja Luka… alors qu’il devait initialement participer au tournoi ATP 500 de Barcelone !
Parfois, il en faut peu pour créer une belle histoire. C’est ce que doit se dire Abedallah Shelbayh (n°267), qui quelques jours en arrière n’avait aucune idée qu’il prendrait part au tournoi ATP 250 de Banja Luka, en Bosnie-Herzégovine. Et pour cause : le joueur jordanien de 19 ans était initialement inscrit pour les qualifications du tournoi ATP 500 de Barcelone, où il était sur liste d’attente en tant qu’alternate. En somme, il attendait de voir si des forfaits de dernière minute allaient lui permettre d’entrer dans le tournoi. Il s’entraînait ainsi sur les courts du club de Barcelone, loin de se douter de la suite des événements. En effet, il s’est rendu compte qu’il n’était qu’à une place de pouvoir entrer dans le tableau qualificatif d’un autre tournoi : l’ATP 250 de Banja Luka ! Abedallah Shelbayh s’y est donc inscrit, une fois de plus en tant qu’alternate, et c’est là que le destin lui a offert un joli coup de pouce. « C’était fou », a déclaré le Jordanien après sa victoire du premier tour en Bosnie-Herzégovine, mardi. « Nous sommes arrivés à Barcelone jeudi. Je m’entraînais là-bas et tout le monde pensait que j’allais entrer dans les qualifs. Je le pensais aussi. À la dernière minute, samedi après-midi, nous nous sommes dit : ‘D’accord, retire-toi du tournoi de Barcelone’ quand nous avons découvert que j’étais premier alternate à Banja Luka. J’avais besoin que Norbert Gombos remporté sa demi-finale en Challenger (à Split, en Croatie, ndlr) et j’entrais dans les qualifs, sinon ça aurait été lui. Heureusement, il a gagné et je l’ai remplacé. »
Abedallah Shelbayh a ainsi pris un vol, qui a duré deux heures, puis il a roulé en voiture pendant deux heures et demi afin de se rendre en Bosnie-Herzégovine, où il participerait aux qualifications dès le lendemain. « À la dernière minute, j’ai pris un vol depuis Barcelone pour aller à Zagreb », a expliqué le joueur de 19 ans. « Puis une personne du tournoi est venu me chercher. Nous avons conduit deux heures et demie jusqu’à Banja Luka et sommes arrivés à deux heures du matin le dimanche, je devais jouer le même jour, en deuxième match. Cela s’est avéré être une bonne décision. Nous avons eu de la chance. Je n’ai pas beaucoup dormi car j’avais peur de rater l’échauffement. J’ai dit à mon entraîneur : ‘Avec tout ce qui se passe, je ne veux pas tout gâcher en ne me réveillant pas !’ Mon échauffement devait être à dix heures. Nous n’avons pas pu nous échauffer, les courts étaient couverts car il pleuvait. Les matchs ont commencé à onze heures trente avec un échauffement prolongé, puis j’ai trouvé un endroit où frapper pendant quinze, vingt minutes avant le match sur un demi-terrain. Le match a commencé vers treize heures. » Qui, dans les tribunes à Banja Luka, pouvait se douter du périple effectué par Abedallah Shelbayh ? En effet, il a franchi les deux tours de qualification puis, ce mardi, il est devenu le premier joueur jordanien à remporter un match sur le circuit principal en battant le Suédois Elias Ymer (n°139) en deux sets 6-1, 7-5 au premier tour. « Celui-ci est spécial parce que ce n’est pas une invitation, je me suis qualifié et j’ai dû gagner quelques matchs avant de gagner celui-ci », a déclaré Abedallah Shelbayh. « Cela signifie beaucoup. Avec tout ce qui s’est passé, je ne m’attendais pas à jouer ce tournoi. »
Depuis le début de la saison, Abedallah Shelbayh écrit l’histoire du tennis jordanien. Premier joueur de son pays à atteindre eune finale en Challenger, il est toujours fier de représenter la Jordanie. « Je représente mon pays dans tous les tournois auxquels je participe, donc pouvoir bien le représenter est un honneur pour moi », a déclaré le 267ème joueur mondial. « La Jordanie n’est malheureusement pas un pays connu pour le tennis. J’espère qu’il deviendra l’un de ces pays, un jour. C’est un exploit pour moi, mais nous n’avions pas non plus beaucoup de joueurs avant moi pour avoir cette opportunité. » Pour rappel, Abedallah Shelbayh s’est entraîné à la Rafa Nadal Academy depuis l’âge de 14 ans, grâce à une connexion entre Toni Nadal et la représentante du joueir, la princesse Lara Faisal, qui fait partie de la famille royale de Jordanie. « Ils ont construit une relation lorsqu’ils étaient ensemble à Doha en 2016 », a déclaré Abedallah Shelbayh. « Toni a invité la princesse à l’académie. Elle l’a également invité à un festival qu’elle avait en Jordanie. Toni a pu venir en 2017. Elle lui a parlé un peu de moi et il a voulu me voir. Quand il m’a vu là-bas, il voulait vraiment que je rejoigne l’académie dès que je serai prêt. Il savait que ça n’allait pas être facile parce que j’étais encore un enfant, mais il a dit : ‘Quand tu seras prêt !’« Ce jeudi, après avoir enfin eu un jour de repos, le joueur jordanien affrontera la tête de série n°4 du tournoi, Miomir Kecmanovic (n°33), pour une place en quarts de finale.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @rnadalacademy, @SrpskaO
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