Si le nom d’Ivan Gakhov (n°198) ne vous dit rien, ou pas grand chose, pas de panique : c’est tout à fait normal ! Inconnu du grand public, ce joueur russe s’est fait un nom lors du Masters 1000 de Monte-Carlo. Issu des qualifications, il a franchi le premier tour avant d’affronter Novak Djokovic (n°1), ce mardi, au second tour. Impensable : il lui a même tenu la dragée haute pendant un set…
Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. La semaine dernière, la pluie qui a retardé les matches au tournoi ATP 250 de Houston (avec quatre tours disputés en deux jours !) a eu une conséquence fâcheuse : une hécatombe de forfaits pour le Masters 1000 de Monte-Carlo (dont les Américains Frances Tiafoe et Tommy Paul). Cependant, cela a fait le bonheur d’un joueur, qui a su en tirer profit : Ivan Gakhov (n°198). Âgé de 26 ans, le joueur russe s’est extirpé des qualifications, où il a successivement battu les Français Adrian Mannarino (1-6, 6-0, 6-1) et Luca Van Assche (6-3, 0-6, 6-2). Lundi, il a même ajouté une troisième victoire d’affilée face à un membre du Top 100, l’Américain Mackenzie McDonald (n°52), qu’il a éliminé au premier tour du tableau principal en trois sets 7-6 (6), 2-6, 6-3. Alors qu’il n’avait jamais enregistré une seule victoire face un membre du Top 100 ! « Si vous m’aviez dit vendredi soir que j’allais battre trois joueurs du Top 100 coup sur coup et me retrouver à jouer contre le numéro un mondial, je vous aurais dit que vous étiez fou », a-t-il déclaré dans des propos relayés par nos confrères du quotidien L’Equipe. Mais Ivan Gakhov a bien eu le droit de se frotter à ce qui se fait de mieux dans le tennis mondial : le Serbe Novak Djokovic. Ce mardi, le Russe a même fait quasiment jeu égal avec son adversaire pendant un set, le poussant dans un jeu décisif avant de s’incliner en deux manches 7-6 (5), 6-2 en mains de deux heures de jeu. « C’est incroyable », avait-il dit avant la rencontre. « Pour moi, Novak est le meilleur dans l’histoire du tennis et je vais bien sûr essayer de me concentrer et de donner mon meilleur. »
Une expérience unique, qui aurait pu ne jamais avoir lieu pour ce joueur plutôt habitué au circuit secondaire. « En fait, vendredi, on était rentrés à la maison, à Barcelone, avec ma petite amie », a ajouté le Russe. « La veille, j’avais perdu un bon match au deuxième tour du Challenger de Murcie. J’étais triste parce que j’étais pas passé loin, mais comme je venais de beaucoup jouer ces derniers temps et que je me sentais un peu patraque, j’avais prévu de prendre une semaine off. » Cependant, comme nous l’avons expliqué, Ivan Gakhov a dû avoir vent de la pluie de forfaits qui s’est abattue sur le tournoi monégasque. Ainsi, il a tenté sa chance. « J’ai dit à ma copine que j’allais quand même passer un coup de téléphone à Monte-Carlo pour me mettre sur la liste des alternates parce que j’avais vu qu’il pleuvait tous les jours à Houston et que ça retardait tellement le déroulement du tournoi que, peut-être, certains joueurs en lice là-bas n’auraient finalement pas matériellement le temps de venir à Monaco », a confié le joueur de 26 ans. « C’est ce qui s’est passé, j’ai été pris in extremis dans le tableau et on a pris un vol samedi matin, jour de mon premier tour contre Mannarino. « Lui qui n’avait joué qu’une fois sur le circuit principal, au tournoi ATP 250 de Kitzbühel en 2022 en qualité de lucky loser, allait de nouveau tenter sa chance sur le circuit principal. Avec un certain succès. Ce qui nous amène à vouloir en savoir plus sur lui.

Originaire de Moscou, ce joueur gaucher est installé en Espagne depuis l’âge de 14 ans. S’il joue plutôt à plat, il peut cependant jouer en lift grâce à ce qu’il a appris en Espagne. Mais sa carrière a eu du mal à décoller, pour un simple et bonne raison. « Le Covid et une blessure m’ont beaucoup freiné, et aussi parce que, peut-être, je ne croyais pas assez en moi, même si je savais que je pouvais matcher avec des joueurs comme ça », a confié Ivan Gakhov. « Pourquoi le déclic à 26 ans ? Difficile à dire. Mon équipe a gardé foi en moi. Mais tout de même, ce qui se passe ici me laisse sans voix. » Assuré de se rapprocher du Top 150 au classement ATP lundi prochain, le joueur russe est désormais assurer de pouvoir prendre part aux qualifications des tournois du Grand Chelem, ce qui devrait donner un souffle nouveau à sa carrière. Par ailleurs, il va toucher 41 700 dollars à l’issue du Masters 1000 de Monte-Carlo, de quoi financer sa saison 2023. D’ailleurs, c’est un autre joueur russe, Andrey Rublev (n°6), qui lui a prêté des vêtements sur le Rocher. « Car à mon niveau et à mon âge, bah, non, je n’ai pas de sponsors », a expliqué le 198ème joueur mondial. « Et je n’avais pas non plus reçu de soutien de ma fédération, plus jeune. Heureusement qu’ici, Andrey Rublev me passe des vêtements et que Daniil Medvedev m’aide aussi. Ce sont de super potes. » Comme quoi, dans le monde de la petite balle jaune, il y a toujours de belles histoires à raconter tout au long d’une saison.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @golpedetenis, @lequipe
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2 réflexions au sujet de “Ivan Gakhov, 198ème mondial, a vécu un rêve éveillé au Masters 1000 de Monte-Carlo !”