Stefanos Tsitsipas et consorts auraient raison : la qualité des balles semble avoir largement baissé !

On commence à connaître le refrain : depuis quelques temps, d’un tournoi à l’autre, la qualité des balles utilisées sur le circuit masculin fait l’objet de nombreuses critiques. Stefanos Tsitsipas (n°3), qui ne cesse de le rabâcher, est en quelque sorte le porte-parole des joueurs sur ce sujet brûlant. Et il semblerait qu’il n’ait pas totalement tort, cette piètre qualité de balles étant a priori à l’origine de pas mal de blessures sur le circuit professionnel…

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Après avoir disputé la finale de l’Open d’Australie, Stefanos Tsitsipas (n°3) connaît un véritable coup d’arrêt. Blessé à l’épaule, il a notamment dû déclarer forfait avant le tournoi ATP 500 d’Acapulco, avant de perdre dès son premier match au Masters 1000 d’Indian Wells. S’il y a eu du mieux en Floride, le Grec s’est tout de même incliné en huitièmes de finale du Masters 1000 de Miami, ce mardi, face au Russe Karen Khachanov (n°16). Selon lui, la qualité des balles utilisées sur le circuit ATP serait ainsi à l’origine de sa blessure et de sa baisse de forme. « En début d’année, d’autres joueurs ont constaté que les balles sollicitaient beaucoup les épaules, les poignets et le bras en général », a-t-il déclaré après sa défaite d’entrée du côté d’Indian Wells. « Je pense que c’est de là que vient ma blessure. » Avant d’expliquer, convaincu d’avoir raison et d’exposer une vérité difficile à contester : « Je pense que le plus gros problème sur le circuit cette année, c’est le changement constant de balles. Nous en parlons entre joueurs. Les balles doivent rester les mêmes dans la plupart des tournois, et surtout sur dur. Ça nous avantage tous et nous protège des blessures. » Alors, est-ce que le joueur grec a raison de fustiger les balles de la sorte ? Est-il le seul à penser qu’elles sont de moins bonnes qualités depuis plusieurs mois ?

En 2023, ce morceau de caoutchouc entouré de feutre jaune s’est vu critiqué dès le premier tournoi du Grand Chelem de la saison, à Melbourne. Pas mal de joueurs s’en sont plaints, avec l’argument que les balles pouvaient doubler de volume et être bien plus lourdes après seulement quelques jeux. Stefanos Tsitsipas a été un des premiers à faire entendre sa voix en ce sens. « J’y ai beaucoup réfléchi », a confié le 3ème joueur mondial depuis Miami. « J’ai parlé avec d’autres joueurs qui m’ont dit que les balles, là-bas, avaient eu un réel impact sur les épaules, les bras et les poignets. Si leur qualité pouvait rester constante tout au long de leur utilisation, cela bénéficierait à tous les joueurs et nous éviterait de nombreuses blessures. » On ne peut pas donner tort au joueur grec quand on voit le nombre de blessures depuis le début de l’année : en vrac, on peut noter celles de Sebastian Korda (touché au poignet à Melbourne, il n’a toujours pas repris la compétition), Corentin Moutet (opéré au poignet droit depuis l’Open d’Australie, avec une fracture du tendon), Gaël Monfils (blessé lui aussi au poignet au premier tour à Miami, après une longue convalescence) ou encore, donc, le Grec. « Il y a un problème depuis le Covid, toutes les balles sont plus lentes, il n’y a plus de doute », a même lâché le Français Richard Gasquet (n°40) en conférence de presse, après son premier tour au Masters 1000 de Miami. « Ça fait deux ans que je le dis, ce n’est pas nouveau. Dès qu’elles devenaient grosses comme ça, je disais à mon entraîneur : ‘C’est quoi ces merdes ?’ Maintenant ça commence à se dire partout, mais je suis sûr qu’elles ne sont plus les mêmes qu’avant. À l’époque, elles étaient vives, ça faisait ma force, j’arrivais à bien les contrôler. Aujourd’hui, quelle que soit la marque, à une ou deux exceptions près, elles sont pourries, limite des balles de supermarché. »

La bombe est lancée. Apparemment, dans les vestiaires, tout le monde semble critiquer les balles utilisées par l’ATP et les tournois du Grand Chelem, quelle que soit la marque. Dunlop, Head, Wilson : pas de préférence, il semblerait qu’elles ont toutes baissé en qualité. « C’est vrai que les balles sont problématiques ici », avait expliqué Gilles Cervara, entraîneur de Daniil Medvedev (n°5), lors du Masters 1000 d’Indian Wells. « L’ATP est en train de regarder ce qu’il se passe. Après le rebond, il y a une différence de vitesse par rapport à l’an passé, c’est du concret. Ils se demandent à quel niveau de la chaîne de production le changement a pu avoir lieu… » En fait, ce seraient les caoutchoucs qui sont utilisés par les fabricants qui seraient à mettre en cause, parce que de moins bonne qualité, en raison de la crise énergétique. « En Australie, après cinq jeux elles étaient mortes. Impossible de les faire avancer », a fustigé le Français Quentin Halys (n°79). Autre problème, pour un autre type de joueurs, dont le n°3 mondial fait bien sûr partie : le changement de marques de balles d’un tournoi à l’autre. « C’est juste incroyable de ne pas avoir les même balles deux semaines de suite », s’est ainsi plaint le Français Adrian Mannarino (n°62) après sa défaite en huitièmes de finale du tournoi floridien. « On arrive dans des conditions toutes pourries avec des balles minables. C’est pas très professionnel d’en changer d’un Masters 1000 à l’autre. Là avec le froid et l’humidité, elles ne sont pas jouables, elles sont toutes molles, énormes au bout de deux jeux. » Qu’on se le dise : la qualité des balles va encore faire parler, d’autant plus que les langues semblent se délier. Affaire à suivre lors de la saison européenne sur terre battue.

Article rédigé par Yannick Giammona

Crédit photos : @TennisworldUSA, @steftsitsipas, @UniversTennis

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