Pour nos confrères de franceinfo, Axel Garcian (n°821), un joueur français de 20 ans, a raconté comment il avait été approché, via les réseaux sociaux, pour perdre un match contre de l’argent. Un fléau qui touche surtout les tournois du circuit Futures, avec une affaire de corruption actuellement jugée pour des faits remontant à 2018.
Ce vendredi, un homme soupçonné d’être à la tête d’un des plus grands réseaux de manipulation de matches truqués dans le tennis est jugé en Belgique. Surnommé « Le Maestro », il est donc le cerveau d’un réseau qui concerne 28 prévenus et 181 joueurs provenant de nombreux pays. La corruption dans le tennis est devenue un véritable fléau, qui sévit essentiellement dans les tournois Challengers ou Futures. Les joueurs corrompus sont souvent des anonymes, classés au-delà de la 200ème place mondiale. Des joueurs qui ont beaucoup de mal à vivre de leur métier, car ils dépensent plus qu’ils ne gagnent en jouant sur le circuit professionnel. Mais certains ne peuvent plus garder le silence, à l’image d’Axel Garcian (n°821), jeune français de 20 ans. « J’ai déjà été abordé pour perdre un match via les réseaux sociaux », a expliqué le Toulousain pour nos confrères de franceinfo. « Ce que j’ai fait, c’est que j’avais directement vu avec l’arbitre du tournoi. Je lui avais montré le message et il avait fait un retour à l’ITF. Depuis, non, je n’ai jamais été recontacté pour perdre un match ou trafiquer un match. Après, c’est plus des messages d’insultes, des messages de parieurs qu’on reçoit plutôt que des messages pour justement trafiquer les matchs. » Quelle somme a été proposé au joueur français pour perdre un match ? « C’est une histoire de 20 000 euros quand même », a-t-il ajouté. « C’était très, très conséquent. Mais c’est vrai que quand j’y pense, 20 000 euros, c’est un truc de dingue pour perdre des matches, c’est un truc de fou. »
Axel Garcian a donc été victime d’une tentative de corruption, il y a deux ans, dans un tournoi Futures à Monastir (Tunisie). Quand on connaît les difficultés de gagner sa vie sur le circuit secondaire, on peut se demander s’il n’a pas été tenté d’accepter. « Non, parce que c’est contre mes principes », a expliqué le joueur de 20 ans. « Mais c’est vrai que c’est très tentant et je pense que la plupart des mecs qui trafiquent les matches, ils le font justement pour poursuivre leur carrière et leurs rêves, et pas pour forcément faire de l’argent dessus. » Mais au lieu d’accepter une somme d’argent folle pour un jeune joueur, Axel Garcian récolte désormais des insultes de parieurs mécontents, comme il l’a expliqué. « Ce sont souvent des insultes sur ma famille ou sur moi en fonction du score qui évolue », a-t-il confié. « Souvent, ils insultent ma famille, moi, ma mère. C’est des ‘Va niquer ta mère’, des ‘fils de pute’. Et des menaces, comme ‘On va te retrouver, on va te tuer’. Je peux comprendre que ça touche de recevoir tout le temps des messages d’insultes ou de menaces. Mais des trucs comme ça, ça me touche zéro. C’est vrai que des personnes très sensibles qui voient ça après une défaite, ça peut rentrer dans la tête. »
Avec toutes ces histoires de corruption dans le tennis, il y a de quoi devenir parano. Parfois, l’adversaire peut sembler balancer son match et le vainqueur se demande alors s’il n’a pas été approché, à son tour, pour faire exprès de perdre. « C’est vrai que, parfois, avec toutes les histoires qui ressortent, le moindre mec qui balance, on a l’impression qu’il a parié », a reconnu Axel Garcian. « C’est très subjectif et c’est très troublant. Parce que le moindre truc, on a l’impression maintenant, qu’avec toutes les histoires qu’il y a, qu’il a parié et c’est vrai qu’il y a des doutes sur tout maintenant. » La question est désormais de savoir comment on pourrait mettre fin à ce fléau. « La répartition des gains dans ces tournois ITF est un grand problème dans le sens où des joueurs comme nous, nous ne percevons rien », a précisé le 821ème joueur mondial. « Mais je pense que beaucoup de joueurs, en tout cas, parient sur des matchs ou trafiquent des matchs parce que justement, ils ont le couteau sous la gorge financièrement. Mais je suis sûr que si le prize money de nos tournois était plus haut, si les joueurs avaient une meilleure qualité de vie et pouvaient vivre de leur passion, même à notre niveau, beaucoup d’entre nous ne trafiqueraient plus de matches. Selon moi, beaucoup de personnes trafiquent ces matches justement pour vivre et pour vivre de leur passion. »
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @flash_tennis
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