Au fil des jours, on s’aperçoit que le tennis regorge d’histoires incroyables. Certaines sont moins connues que d’autres, car elles ont eu lieu il y a plus d’un siècle. Voici donc l’histoire de Richard Norris Williams, un joueur américain qui faisait partie des naufragés du Titanic, au début du siècle dernier. Son parcours est incroyable, car après avoir frôlé la mort il a remporté deux titres en Grand Chelem. Récit.
Plus connu sous le nom de Dick Williams, Richard Norris Williams embarque le 10 avril 1912 à bord du Titanic, avec son père, Charles Duane Williams, en première classe. Ils ont ainsi vécu le fameux naufrage du paquebot, cinq jours plus tard, dont nous vous passerons les détails, James Cameron l’ayant fait bien mieux que nous il y a quelques années. Ce qu’il faut retenir, c’est que Dick Williams et son père sont projetés par-dessus bord, tandis que le Titanic se brise de toutes parts. Malheureusement, le père du joueur américain meurt sur le coup, écrasé par l’une des cheminées géantes du paquebot. La vague qui en résulte permet au jeune homme né en 1891 d’atteindre le canot A, à moitié submergé dans l’eau gelée. Ses jambes restent plongées plusieurs heures dans cette eau glacée. Recueilli par un autre navire, le médecin de bord lui propose alors en urgence une amputation des deux jambes. Une opération que Dick Williams refuse net, ne voulant pas abandonner sa carrière de tennisman à peine entamée. Sa seule et unique option est alors sans garantie de succès : il doit passer au-delà de la douleur, indescriptible se tenir debout, marcher encore et encore pour relancer la circulation sanguine. Ce qu’il fait sans relâche pendant les trois jours de traversée à bord du Carpathia, qui ramène les naufragés à New York. Et cela avec l’aide précieuse de Karl Behr, joueur de Coupe Davis et autre rescapé ayant embarqué – au moment du naufrage – à bord d’un canot de sauvetage. La solidarité de l’un ajoutée à la volonté de l’autre vont ainsi permettre de sauver ses jambes.
Fidèle à la promesse posthume faite à son père, Dick Williams se lance ensuite à fond dans le tennis. En 1913, il intègre l’équipe de Coupe Davis des Etats-Unis. Il atteindra ensuite un sommet en carrière, puisqu’il remportera deux fois l’US National Championships (l’US Open actuel), en 1914 et en 1916. Lors de sa première victoire, en 1914, il a même battu celui qui l’a aidé lors de sa remise sur pied après le naufrage du Titanic : Karl Behr. Malheureusement pour lui, il n’a pas remporté d’autre grand titre en simple, peut-être à cause de son style de jeu. Joueur particulièrement téméraire, Dick Williams aimait à frapper très fort dans la balle et jouer près des lignes, sans presque jamais temporiser. De plus, il servait aussi fort en première qu’en seconde balle. Ce style de jeu spectaculaire en fit un joueur particulièrement apprécié du public. Cependant, réputé imbattable dans ses bons jours, ses prises de risque permanentes lui coûtèrent des défaites assez cuisantes face à des joueurs pourtant réputés bien moins bons que lui.

Notez qu’il a quand même fait partie de l’équipe américaine de Coupe Davis, vainqueur à cinq reprises de la compétition. Sélectionné pour la première fois en 1913, il participe à l’ensemble de la campagne et bat en finale Charles Dixon en simple. Il a ensuite joué les matches de double en 1921 et 1923, puis en 1925 et 1926 avec Vincent Richards, notamment contre l’équipe de France. Dick Williams a d’ailleurs remporté trois titres en double messieurs en Grand Chelem (Wimbledon en 1920, US Open en 1925 et 1926) et un titre en double mixte (US Open en 1912, l’année même du naufrage du Titanic !). Enfin, Dick Williams a ajouté un dernier titre à son honorable palmarès : il est devenu champion olympique en double mixte lors des Jeux Olympiques de Paris, en 1924. Décédé le 2 juin 1968, le joueur américain est membre de l’International Tennis Hall of Fame depuis 1957.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @TILsports, @SuperTennisTv
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