Abedallah Shelbayh (n°276), tout juste âgé de 19 ans, est en train de marquer l’histoire sportive de son pays. Finaliste du Challenger 125 de Manama dimanche, il sera le premier joueur en provenance de Jordanie à disputer une rencontre sur le circuit principal. Ce sera ce mardi, au tournoi ATP 250 de Doha, où il bénéficie d’une invitation.
À Doha, en marge du tournoi ATP 250 qui a débuté ce lundi, un jeune joueur de 19 ans, originaire de Jordanie, a attiré plus de journalistes qu’un finaliste en Grand Chelem, aujourd’hui 16ème mondial : Alexander Zverev (n°16). Et pour cause, Abedallah Shelbayh (n°276) fait déjà la fierté du monde arabe, grâce à une progression fulgurante. Classé 1 144ème joueur mondial en juillet dernier, il a entamé sa montée en puissance sur le circuit Futures. Grâce à ses bons résultats, il a grimpé jusqu’au 654ème rang mondial, avant de tenter sa chance sur le circuit Challenger. Formé à la Rafa Nadal Academy, le Jordanien fait ses débuts à Majorque et parvient à réaliser un joli triplé : il remporte sa première rencontre en Challenger, bat son premier membre du Top 200 (Dominic Stricker, alors 127ème mondial) et devient le premier Jordanien à remporter un match dans cette catégorie. Il ira même jusqu’en demi-finales du tournoi. La suite ? Elle s’est traduite par une première finale en Challenger, il y a deux jours, à Manama. Malheureusement, Abdellah Shelbayh a échoué contre l’Australien Thanasi Kokkinakis (n°100) en deux sets 6-1, 6-4 mais il a battu son premier Top 100 (Jason Kubler, 79ème). Propulsé sur le devant de la scène, il sera à suivre ce mardi au premier tour du tournoi ATP 250 de Doha, pour lequel il a reçu une wild card. Ce qui nous a donné envie d’en apprendre un peu plus sur ce jeune joueur.

Comment Abedallah Shelbayh en est venu au tennis ? Grâce à son père, qui aimait jouer pour le plaisir. « J’ai tout de suite été attiré par ce sport », a expliqué le jeune joueur dans des propos relayés par nos confrères du quotidien L’Equipe. « Il m’a fait essayer et il a vu quelque chose en moi. Je ne sais pas quoi, mais il a vu quelque chose et il m’a demandé si j’aimais le tennis. » Si au début, le but est simplement de s’amuser, le père du joueur jordanien a vu en lui un potentiel qu’il a souhaité voir se développer. « Il a été mon premier coach, mais comme il travaillait à côté, il ne pouvait pas être tout le temps avec moi », a ajouté Abedallah Shelbayh. « Et comme à neuf ans j’avais déjà un bon niveau, j’ai intégré la Fédération jordanienne. » Mais comment en est-il venu à s’entraîner dans la fameuse académie fondée par Rafael Nadal (n°6) ? Qui de mieux que le principal intéressé pour raconter comment les choses se sont passées : « Toni Nadal est venu en Jordanie en 2017 et il m’a vu jouer. Il a estimé que je devais intégrer l’A cadémie Nadal. Lui aussi avait vu quelque chose en moi, comme mon père des années plus tôt. » Gaucher muni d’un revers très fluide, voilà qui a peut-être impressionné celui qui entraînait encore son neveu sur le circuit principal à l’époque. « En tout cas, c’était un vrai choc et c’est vrai que c’est quelque chose qui m’a aidé à prendre confiance en moi », a confié le 276ème joueur mondial.

La principale qualité d’Abedallah Shelbayh ? C’est certainement son humilité, qui a dû plaire au clan Nadal. Recruté à 14 ans, il n’a pas pris la grosse tête et a su rester simple. Il a bossé comme un dingue, à Majorque, loin de chez lui et de sa terre d’origine. Le genre d’attitude qui plaît au sein de la Rafa Nadal Academy. « Un jour, j’ai eu un appel de Carlos Moya qui m’a demandé si je voulais m’entraîner avec Rafael Nadal », s’est souvenu le joueur de 19 ans, des etoiles plein les yeux. « Entre deux tournois, il revient souvent à l’académie et il s’entraîne régulièrement avec les pensionnaires. Nous avons eu plusieurs séances et il y a une bonne relation qui s’est créée avec lui et Carlos Moya. » Notez qu’en 2021, le joueur jordanien avait tenté sa chance sur le circuit universitaire américain. Il avait même évolué aux côtés d’un certain Ben Shelton (n°42), grande révélation de la fin d’année dernière sur le circuit masculin. « Ben est un ami proche », a déclaré Abedallah Shelbayh. « Il a été mon premier pote d’université quand j’ai passé un an en Floride. Je suis tellement heureux de le voir progresser si vite et monter si haut au classement. Bien sûr qu’il est une source d’inspiration. Je veux faire la même chose. Il me pousse au cul, oui ! » Si Abedallah Shelbayh sait qu’il devra être patient avant de rejoindre d’autres jeunes de sa génération dans le Top 100, il ne manque pas d’ambition pour autant. Son objectif, à moyen terme, est de disputer les tournois du Grand Chelem : « Pour les tableaux principaux, ce sera peut-être difficile, mais si je rentre dans ceux des qualifications, ça me va. Je veux vraiment pouvoir jouer Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open. Ce serait vraiment un grand pas en avant. » C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à cette jeune pousse !
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @ATPChallenger
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