Il y a un peu plus de six mois, la Française Amandine Hesse (N/A) donnait naissance à son premier enfant. Après avoir perçu un congé maternité pensant trois mois, comme toutes les femmes qui vivent cette expérience de vie extraordinaire, elle a repris le chemin des courts il y a deux semaines. Pour nos confrères du quotidien L’Equipe, elle est revenue sur les raisons d’un retour aussi rapide et sur ses objectifs pour la suite de sa carrière, maintenant qu’elle est une maman heureuse et comblée.
Le 30 juillet 2022, Amandine Hesse (N/A) a certainement vécu le plus beau jour de sa vie. En effet, avec son compagnon prénommé Yannick, ils sont devenus les heureux parents d’une petite fille nommée Stella. Lors d’un entretien avec nos confrères du quotidien L’Equipe, la joueuse originaire de Montauban est revenue sur son désir d’avoir des enfants, qu’elle ressentait depuis quelques temps. « C’était quelque chose de planifié », a-t-elle notamment expliqué. « Depuis toute jeune, je voulais un enfant à 30 ans. C’est mon choix parce que mon copain était prêt à attendre la fin de ma carrière. Après le Covid, je lui ai dit que j’avais vraiment envie d’être maman. C’est ce qui me manquait parce que j’avais des doutes au niveau du tennis. Ça a pris une année avant que je tombe enceinte et pendant ce temps, j’ai continué à jouer et atteint l’un de mes meilleurs classements (elle était 160ème mondiale en février 2022, 154ème en 2016 à son meilleur, ndlr). » Fin janvier, Amandine Hesse a repris la compétition en disputant les qualifications du tournoi WTA 250 de Lyon, grâce à une invitation. Si elle a perdu en deux sets 6-2, 6-2 face à l’Espagnole Rebeka Masarova (n°95), le plus important pour elle était de voir si elle pouvait allier son métier avec son nouveau rôle de mère de famille. « Mon conjoint est très organisé donc je peux compter sur lui », a confié la joueuse de 30 ans. « On va voyager tous les trois toute l’année. Voyager seule et ne pas voir ma fille grandir à la maison, ce n’était pas quelque chose de possible. Je vais me sentir complètement épanouie et pour elle, ça va être quelque chose d’extraordinaire de commencer sa vie en voyant tous les pays du monde. Je suis joueuse de tennis et maman. Je suis fière de prouver que c’est possible, je pense être la première en France. »
Comme nous le savons tous, les joueuses et les joueurs de tennis n’ont pas de salaire fixe. Donc, quand ils ne jouent pas, ils n’ont plus aucune rentrée d’argent. C’est peut-être cela qui a poussé Amandine Hesse à revenir aussi tôt sur le circuit. « J’ai touché des aides comme quelqu’un de normal, pendant les trois mois de congé maternité », a ajouté la joueuse tricolore. « Sauf que j’ai arrêté la compétition pendant un an. C’était compliqué et heureusement que j’avais de l’argent de côté. J’ai aussi travaillé avec RMC pendant Roland-Garros, ce qui m’a bien aidée sur le plan financier et j’ai fait quelques actions rémunérées avec Pro Elle, une association de joueuses. » Pour une joueuse qui n’est jamais entrée dans le Top 100 et dont le meilleur résultat en Grand Chelem est un deuxième tour à Roland-Garros en 2015, il est certain que la question des finances se pose. Notamment parce que cela peut être pourvoyeur de stress pour n’importe quel joueuse professionnelle. « C’est sûr que c’est quelque chose de difficile », a confié Amandine Hesse. « C’est le gros problème pour les sportives et encore plus dans le tennis parce qu’on n’a pas de salaire. Si tu ne joues pas, tu ne gagnes pas d’argent. Le fait d’avoir un enfant, ça met un stress financièrement. Bien sûr que c’est encore quelque chose de bloquant. Comme le fait de voyager. » Cependant, à l’image de Gaël Monfils et Elina Svitolina, la Française a donc le souhait de voyager en famille et de ne se mettre aucun frein.
Car c’est bien ce qui peut bloquer certaines joueuses à ne pas avoir d’enfant tant qu’elles sont en activité. Pourtant, on a sur le circuit féminin quelques exemples de réussite, à l’image de Victoria Azarenka (n°17) – qui joue encore plus de six ans ans après la naissance de son fils Léo – ou l’Allemande Tatjana Maria (n°72), qui à 35 ans évolue encore en compétition alors qu’elle a désormais deux filles. « Beaucoup renoncent pour des questions logistiques, financières, plus que physiques », a déclaré Amandine Hesse. « Ce sont des questions bien plus compliquées que celle de revenir après une grossesse. Notre corps est fait pour faire du sport à haut niveau, on se remet vite avec de la motivation et en faisant les efforts. » Si aujourd’hui elle n’a plus de classement sur le circuit professionnel, la Montalbanaise pourra profiter pendant quelques temps d’un classement protégé. Depuis 2018, les joueuses revenant d’un congé maternité peuvent ainsi en bénéficier, à l’instar d’un joueur ou d’une joueuse qui revient de blessure. « Je suis 165ème en simple et 178ème en douvle avec le classement protégé, que je peux utiliser sur douze tournois pendant un an », a expliqué l’heureuse maman. « C’est la seule protection que j’ai. Après, ça fait bizarre de voir que je suis non classée. C’est dur mentalement. Je repars de zéro même si le classement protégé va m’aider à remonter en m’ouvrant l’accès à des tableaux, des qualifications. Mais ce n’est pas facile de faire sa programmation. » On le voit, Amandine Hesse est une femme de défi. Si elle parvient à retrouver rapidement sa place dans le Top 200, elle prouvera une fois de plus qu’on peut être une joueuse de haut niveau et une mère en même temps.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photo : Amandine_Hesse
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