Âgé de seulement 20 ans, Ben Shelton (n°89) s’est qualifié samedi pour les huitièmes de finale de l’Open d’Australie à sa première participation. Nouvelle sensation du tennis américain, il était encore 570ème joueur mondial il y a un an. Sa progression est fulgurante et vertigineuse.
En fin de saison dernière, nous avions déjà fait état de la belle progression de Ben Shelton (n°89), qui venait de remporter trois titres d’affilée sur le circuit Challenger. Du haut de son 1,93m, ce jeune américain de 20 ans a validé samedi son billet pour les huitièmes de finale de l’Open d’Australie, en battant le local Alexei Popyrin (n°113) en trois sets 6-3, 7-6 (4), 6-4. Et dire qu’il y a encore un an, il était 570ème mondial au classement ATP et, qui plus est, ce voyage en Australie marque son premier séjour en dehors des États-Unis ! Ainsi, il poursuit sa progression fulgurante et sera au moins autour de la 65ème place mondiale à l’issue du tournoi. Son amour du tennis, Ben Shelton le tient de son père, Bryan Shelton, qui fut lui aussi joueur professionnel dans les années 90. Reconverti en tant qu’entraîneur pour l’Université de Floride, c’est lui qui a mis une raquette entre les mains de son fils, après avoir fait de même avec sa sœur aînée. « Ma soeur jouait beaucoup », a d’ailleurs raconté le joueur de 20 ans. « Elle allait dans des endroits sympas, voyageait, manquait l’école pour aller jouer des tournois. C’était quelque chose qui m’attirait aussi. Et puis, le football, ça vous met à rude épreuve. C’est un sport difficile à pratiquer pendant longtemps. Avec tout ce qui sort maintenant sur les traumatismes et les lésions cérébrales liés à la pratique de ce sport, je ne sais pas combien de temps encore mes parents auraient aimé me voir prendre ces coups violents à la tête. » Car oui, le jeune Ben Shelton a commencé par le football américain avant de se tourner définitivement vers le tennis. Grand bien lui en a pris.

Avant de faire ses premiers pas sur le circuit professionnel, Ben Shelton a remporté le championnat universitaire, avec les Florida Gators, l’année dernière. Et s’il s’est lancé en tant que joueur professionnel depuis, il n’a pas laissé tomber ses études pour autant. « J’ai toujours voulu obtenir mon diplôme pour être capable de faire quelque chose d’autre car je n’étais pas certain d’être assez bon pour être dans le Top 100 ou pour gagner ma vie sur les courts », a-t-il expliqué depuis Melbourne. « Et puis nos carrières ne durent pas éternellement. » Voilà un jeune joueur qui a la tête sur les épaules. Et si vous l’avez vu évoluer en ce début de saison 2023, vous n’avez pas pu passer à côté de son caractère de combattant. En effet, il s’agit d’un héritage légué par les ambiances électriques des rencontres universitaires. Après avoir battu le Chinois Zhizhen Zhang (n°96) au premier tour, au super tie break du cinquième set après 3h34 de jeu à la nuit tombée, il a notamment fait le tour du court pour serrer la main de tous ses supporters. « J’aime provoquer un peu de chahut sur le terrain », s’est amusé le 89ème joueur mondial. « C’est là que je me suis vraiment épanoui dans le tennis universitaire. Que les gens m’encouragent ou soient contre moi, cela me stimule et m’aide à mieux jouer. J’apprécie l’interaction avec la foule. »

Ne vous y trompez pas : Ben Shelton est un adepte du tennis champagne, avec un gros service et un coup droit solide. Gaucher, ses trois titres glanés en Challenger fin 2022 lui ont permis d’entrer directement dans le tableau principal de l’Open d’Australie, sans avoir recours à la wild card qui lui était promise dans le cadre d’un échange entre les fédérations australienne et américaine. « Ben ne voulait pas voir le mot WC à côté de son nom », a raconté Dean Goldfine, qui l’entraîne avec son père, dans les colonnes du New York Times. « Avec ses dons naturels, ses qualités athlétiques, son amour de la compétition, sa volonté de relever les défis et sa force mentale, je pense que Ben a tout pour devenir un grand joueur qui pourra un jour se battre pour des titres du Grand Chelem. » Par ailleurs, l’Américain peut compter sur un soutien de poids à ses côtés : sa petite amie, Anna Hall, est une heptathlète rencontrée sur les bancs de l’Université de Floride. Son principal fait d’armes : elle a remporté une médaille de bronze aux Championnats du monde d’athlétisme à Eugene (États-Unis), en juillet dernier. « C’est génial en fait », a déclaré Dean Goldfine, « parce qu’ils se mettent au défi l’un l’autre, et elle comprend parfaitement ce qu’il faut pour être dans l’élite. » De quoi aider ce jeune homme à atteindre les sommets auxquels il semble promis.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @AustralianOpen, @atptour
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