Souvent blessée par le passé, Caroline Garcia (n°6) possède pourtant des qualités physiques hors du commun. Depuis Roland-Garros, il semblerait que son corps ait décidé de la laisser tranquille. Résultat : elle a réalisé une deuxième partie de saison incroyable, ponctuée par une demi-finale à l’US Open et, cette semaine, une victoire, la nuit dernière, lors des WTA Finals de Fort Worth.
Dans la nuit de lundi à mardi, Caroline Garcia (n°6) a remporté le titre aux WTA Finals de Fort Worth. En finale, elle a ainsi battu la Biélorusse Aryna Sabalenka (n°7) en deux sets 7-6 (4), 6-4. Tout au long de la semaine, et depuis ces derniers mois, ce qui saute aux yeux c’est que le jeu offensif de la Lyonnaise est enfin parvenu à se mettre en place. Cela est dû, avant toute chose, à une préparation physique hors norme, qui aujourd’hui paraît optimale. Une première statistique montre que Caroline Garcia se doit d’être au top. En effet, cette finale du Masters, c’était pour elle un 67ème match en 2022 (46 victoires pour 21 défaites). C’est quatorze rencontres de plus qu’en 2021 (27 victoires pour 26 défaites) et trois fois plus qu’en 2020 (11 victoires pour 11 défaites), une saison qui avait été largement perturbée par la Covid-19. Par ailleurs, la joueuse tricolore a enfin été épargnée par les blessures. Depuis Roland-Garros, elle a ainsi pu tirer profit de ses remarquables qualités athlétiques : un mélange d’explosivité – indispensable à l’expression de son tennis percutant – et d’endurance. Tout cela lui a permis de tenir la cadence du sprint de fin de saison lors des WTA Finals de Fort Worth, notamment pour son dernier match de groupe face à la Russe Daria Kasatkina (n°8). Et pourtant, avant le début de ces Masters, Caroline Garcia doutait elle-même de ses capacités de résistance à l’effort. Une posture qui avait complètement changée après sa qualification pour les demi-finales. « J’ai accumulé de la confiance lors des deux derniers matches », expliquait alors la 6ème joueuse mondiale. « Celui de samedi (face à Daria Kasatkina, ndlr) m’a vraiment rassurée sur mes qualités physiques et ma capacité à tenir plus longtemps. Contre Swiatek, un peu comme contre Kasatkina, j’ai un peu paniqué physiquement quand j’ai vu qu’au début du match il y avait des gros échanges, qu’il fallait produire beaucoup de choses pour gagner des points parce qu’elle se déplaçait bien. Parfois, je me suis un peu précipitée par rapport à ça. »

Selon Xavier Moreau, l’ancien préparateur physique d’Amélie Mauresmo et de l’équipe de France de Fed Cup, interrogé par nos confrères du quotidien L’Equipe, c’est tout sauf un hasard. « Je ne suis pas surpris de son parcours, ne serait-ce que par rapport à ses qualités physiques », a ainsi déclaré le technicien. « Elle semble avoir réglé tous les bobos qui la gênaient dans sa progression. Caroline, c’est un profil complet. Sur le plan musculaire, elle est à la fois puissante et forte, avec en plus une très bonne endurance. Elle avait ce potentiel, et elle a continué à le bonifier avec le temps. » Ainsi, la joueuse de 29 ans est très puissante, notamment dans le bas du corps (cuisses/jambes), ce qui lui permet de mieux couvrir le terrain. Cette puissance lui permet également d’accélérer et de gagner de la vitesse pour arriver plus vite sur la balle. Ainsi, face à des cogneuses, Caroline Garcia a du répondant. Et ce n’est pas tout, puisqu’elle possède aussi de la force dans le haut du corps. Par conséquent, la plupart de ses attaques en coup droit sont impressionnantes. La Tricolore est ainsi capable de varier les intensités dans ses frappes et de surprendre, n’importe quand, ses adversaires. De plus, cette explosivité lui sert au moment de servir. « Tout le monde n’a pas une force explosive comme la sienne », a notamment ajouté Xavier Moreau. « Et ce qui m’a particulièrement marqué là, c’est la qualité de ses appuis. Pour pouvoir transmettre la force du sol dans une frappe, il faut être en appui et les déplacements de Caroline sont hyper-propres. »

Une autre qualité chez Caroline Garcia, que l’on pourrait mettre en lien avec son physique, est son temps de réaction en retour de service. « Ça fait très longtemps qu’elle travaille dans ce sens-là », a expliqué l’ancien préparateur physique de l’équipe de France de Fed Cup. « Son père l’a toujours fait beaucoup retourner dans le terrain et elle a toujours eu cette approche-là. » En effet, la Lyonnaise prend la balle tôt au retour, privant une nouvelle fois ses adversaires de temps. Ce qui est primordial quand on possède un jeu d’attaque tel que celui de Caroline Garcia. Enfin, elle l’a prouvé lors de sa victoire face à Daria Kasatkina, acquise en trois sets 4-6, 6-1, 7-6 (5) après deux heures et demie de jeu : la joueuse française est endurante. Par ailleurs, elle peut jouer avec une grande intensité, dans la durée, ce qui n’est pas rien. Et ce qui semble l’aider parfois, comme en demi-finales face à Maria Sakkari (n°5), à s’imposer plus facilement. « Elle conserve une forme de fraîcheur physique », a poursuivi Xavier Moreau. « Et ça joue sur l’aspect psychologique ; quand tu sais que tu as un moteur et que tu es capable d’encaisser des matches difficiles, quand tu es plus frais au moment de gérer les émotions des moments chauds, ça t’aide. C’est une bosseuse. Et surtout, avec constance, ce qui est la clef pour le développement du potentiel physique. Tout cela se bâtit progressivement, sans temps d’arrêt, sauf blessures évidemment. Cette régularité sur un potentiel déjà performant donne ce qu’on voit aujourd’hui : une athlète qui va vite et qui frappe fort. » Désormais classée 4ème joueuse mondiale en cette fin de saison, Caroline Garcia peut se reposer après une année pleine et réussie. Et aborder, ensuite, la saison 2023 sous les meilleurs auspices. Car, si elle conserve ces qualités physiques et évite les blessures, elle pourrait continuer à s’élever parmi les meilleures joueuses du monde et rêver grand.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @JJlovesTennis
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