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Le public, le grand absent des WTA Finals de Fort Worth

Depuis lundi, les WTA Finals se disputent aux États-Unis, dans la ville de Fort Worth. Seule ombre au tableau, les tribunes de la Dickies Arena sont quasiment vides. Ainsi, le choix de cette ville du Texas, qui ne s’intéresse que très peu au tennis, pose question.


A priori, on pense qu’il y avait plus de monde à l’Accor Arena, aux alentours de 3h du matin dans la nuit de mercredi à jeudi, pour le jeu décisif du troisième set disputé par Corentin Moutet (n°64) lors du Masters 1000 de Paris-Bercy, qu’à 18h à Fort Worth pour le troisième set entre Jessica Pegula (n°3) et Ons Jabeur (n°2). Et pourtant, il s’agissait d’un match comptant pour les WTA Finals, entre deux des trois meilleures joueuses du monde ! Voilà qui montre bien l’absence totale d’engouement des Américains pour les Masters féminins, où deux joueuses locales – Jessica Pegula et Coco Gauff (n°4) – sont pourtant engagées. Pire, il y avait tout juste mille personnes, lundi dernier, pour le premier simple de la semaine entre Maria Sakkari (n°5) et Jessica Pegula. Pourquoi y avait-il si peu de spectateurs au sein de la Dickies Arena ? Nous étions le 31 octobre, jour de distribution de bonbons pour Halloween et il y avait également une journée de football américain… Toutes les excuses sont bonnes.

D’ailleurs, les organisateurs des WTA Finals ont eu une bonne idée : fermer complètement le deuxième étage de la salle pour rassembler les rares spectateurs dans la même zone et éviter qu’elle ne paraisse trop vide à la télévision. Parce que quand elle affiche complet, la Dickies Arena peut quand même accueillir jusqu’à 14 000 personnes. Depuis, le drap noir qui recouvre toute la partie supérieure du stade continue de cacher la misère. « Il y avait plus de monde en tribunes pour regarder les matches à huis-clos pendant la pandémie qu’en ce moment aux WTA Finals », a même fait remarquer la joueuse polonaise Urszula Radwanska, sœur de la fameuse Agnieszka, qui a déjà participé aux Masters. De son côté, la n°1 mondiale Iga Swiatek se plaignait également de jouer devant des gradins aussi vides, mardi après sa victoire sur la Russe Daria Kasatkina (n°8) : « J’espère qu’on va rapidement voir des tribunes pleines. » Quelques heures plus tard, dans une vidéo publiée par la WTA sur ses réseaux sociaux, la meilleure joueuse du monde invitait le public à venir en masse. Sans succès. Même message désespéré, même échec pour Jessica Pegula le lendemain. « J’ai réalisé qu’il n’y avait pas beaucoup de fans de tennis ici quand je n’ai pas réussi à trouver un restaurant qui diffusait les matches parce qu’ils n’avaient même pas la chaîne », a ainsi expliqué la Tunisienne Ons Jabeur. « Mais je vois le verre à moitié plein : on a quand même attiré des gens dans une ville qui s’intéresse surtout au football américain et qui ne regarde pas beaucoup de tennis, c’est déjà super. »

Peut-être. Mais le choix de la ville de Fort Worth, au Texas, pose question. Dans cette ville américaine, le foot US, le baseball, le basket-ball et même le rodéo passionnent davantage que le tennis, pour recevoir l’un des événements les plus importants de la saison sur le circuit féminin. « Bien sûr que l’idéal aurait été d’aller en Europe, mais personne ne voulait recevoir : il n’y a eu aucune offre », a ainsi révélé un responsable de la WTA. « Certaines villes ont même décliné. Est-ce qu’on aurait dû retourner en Chine et s’assoir sur nos valeurs ? » Disputés à Shenzhen en 2019, les WTA Finals devaient y rester jusqu’en 2030. Cependant, après l’annulation de l’édition 2020 et le déménagement à Guadalajara (au Mexique) l’an passé en raison du Covid-19 et des restrictions sanitaires, la WTA avait annoncé la suspension de tous ses tournois en Chine à la suite de l’affaire Peng Shuai. Une ligne de conduite que le patron de la WTA, Steve Simon, voulait absolument suivre. Et après de longues tractations, c’est finalement la ville texane de Fort Worth qui, presque par défaut, a été désigné pour une pige d’un an, fin août. « Un choix de toute dernière minute », reconnaissait le patron de la WTA en début de semaine. « Deux mois pour promouvoir un tel événement, c’est peu. » Interrogé sur cet échec populaire, Steve Simon s’est contenté d’un commentaire laconique : « C’est sans doute un peu trop grand pour nous, mais c’est une belle salle. » Certes, mais ça sonne quand même creux.

Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @josemorgado, @fabianmcoes

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