Éliminé jeudi en huitièmes de finale du Masters 1000 de Paris-Bercy, Corentin Moutet (n°64) avait-il décemment eu le temps de récupérer de sa victoire précédente ? Scellée à 3h03 du matin dans la nuit de mercredi à jeudi, le joueur français a confié avoir passé une nuit blanche. Ce qui pose la question de la programmation d’un tel tournoi.
Ce jeudi, cela nous a presque fait bizarre de voir la dernière rencontre du programme se terminer avant minuit. Il faut dire que la veille, ou plutôt moins de vingt-quatre heures avant, Corentin Moutet (n°64) avait scellé sa qualification pour les huitièmes de finale du Masters 1000 de Paris-Bercy aux alentours de trois heures du matin. Par conséquent, le joueur français n’avait pas la même motivation, ni la même énergie, à l’heure d’affronter le Grec Stefanos Tsitsipas (n°5) pour une place en quarts de finale. Imaginez-vous que le joueur tricolore a disposé d’à peine 16 heures de repos avant de rentrer sur le court jeudi soir, à 19h30 ! « Je me suis endormi à 5h30, enfin je ne dormais même pas, je ne faisais que penser au match, j’avais pris du café pour me tenir éveillé donc je n’arrivais pas à dormir, c’était plutôt micro-sieste sur micro-sieste », confiait ainsi Corentin Moutet en conférence de presse. « J’ai essayé de faire comme d’habitude, avoir mon échauffement tennis, physique, respecter les repas… Je n’ai pas pu manger après mon match hier, tout était fermé. C’était vraiment compliqué, c’est une des premières fois que ça m’arrive, donc voilà, c’est sûr qu’au réveil, je n’étais pas frais. Pas vraiment de courbatures, c’était plus une fatigue de fond. »
Honnêtement, Corentin Moutet s’est battu avec les moyens du bord et il n’était pas si loin d’être au niveau. Il n’avait que quelques petites secondes de retard sur les démarrages, des déplacements un poil plus lourds ou encore des chips défensifs qui arrivaient un coup plus tôt. Au final, il a perdu en deux sets 6-3, 7-6 (3) et n’était pas loin darracher un troisième set à un membre du Top 5 mondial, après avoir déjà éliminé Cameron Norrie (n°13) du tournoi. Cependant, le Rolex Paris Masters n’est pas le seul tournoi à avoir une telle programmation, aussi tardive. En effet, dans la plupart des tournois, on joue de plus en plus tard et tant pis pour l’équité sportive ou l’intérêt des spectateurs, qui ont une vie le lendemain et doivent rentrer chez eux. Car souvent, quand ces matches se terminent si tard, il n’y a plus de transports en commun ! Certains touristes en avaient ainsi fait l’amère expérience à Roland-Garros, où là aussi les night sessions peuvent devenir interminables. On se rappelle également qu’en février dernier, au tournoi ATP 500 d’Acapulco, l’Allemand Alexander Zverev (n°6) avait levé les bras à 4h54 du matin, record battu !
Marc Gicquel, directeur sportif du Challenger de Rennes, a tenté de justifier ces programmations toujours plus tardives. « En tant qu’organisateur on sait que ça peut arriver », a-t-il indiqué. « On ne connaît jamais la durée des matchs, s’il y a un abandon ça fait un trou, si un match dure une heure il y a de l’avance. C’est quand même rarissime qu’il y ait autant de matchs de suite qui durent trois heures dans un tournoi sur indoor. Après, la télé a ses demandes. Elle veut un match phare en soirée, les derniers français en lice, ça fait beaucoup de paramètres à imbriquer. » Les diffuseurs ont bon dos. Cependant, il apparaît que le circuit lui-même semble s’être lancé dans une course à celui qui arrivera à proposer vingt-quatre heures de tennis non stop, même si certaines mesures ont été introduites pour éviter les matches infinis en Grand Chelem. Par exemple, à Roland-Garros, l’arrivée du toit a tout de même permis aux organisateurs du tournoi de proposer deux rencontres en soirée alors que la seule chose que l’on demandait, c’était un toit pour jouer en cas de pluie et terminer le programme quand la nuit pointe le bout de son nez. À la limite, un match en soirée c’est largement suffisant, à condition de ne pas le faire démarrer à 21h, ce qui est trop tard… Si c’est la norme depuis longtemps à l’US Open, ce qui faisait la particularité du Grand Chelem new-yorkais tend à se répandre un peu partout. Ce qui fait les affaires des directeurs de tournoi, comme à Bercy avec la double billetterie : 154 000 billets vendus pour l’édition 2022 (soit 3 000 de plus qu’en 2019, l’année record), se réjouissait Cédric Pioline, nouveau boss du tournoi, avant les premiers coups de raquette. Quoiqu’il en soit, même si on aime le tennis, regarder une rencontre jusqu’à trois heures du matin quand il faut se lever pour aller travailler, cela devient difficile. Les programmations sont à revoir avant de tomber dans tous les extrêmes. Mais n’y est-on pas déjà ?
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photo : @FFTennis
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