Si vous avez vu le film « 5ème set » de Quentin Reynaud, alors le visage de Jurgen Briand (n°487) ne vous est pas inconnu. Après avoir tourné aux côtés de l’acteur Alex Lutz, le joueur de 23 ans a vu son rêve devenir réalité : engagé au Challenger de Mouilleron-le-Captif, en Vendée, il s’est qualifié pour les quarts de finale en battant notamment Richard Gasquet (n°82) au premier tour.
Cette semaine, pour Jurgen Briand (n°487), on peut dire que la réalité a dépassé la fiction. En 2020, on voyait ce jeune joueur partager l’affiche vécu Alex Lutz, dans le film « 5ème set » réalisé par Quentin Reynaud. Jurgen Briand y incarnait Damien Thosso, un grand espoir du tennis français opposé au premier tour de Roland-Garros à un ancien demi-finaliste de Grand Chelem, plus proche de la retraite qu’autre chose. Hasard du tirage au sort, le jeune joueur français a retrouvé, en début de semaine, le même type de joueur : proche de la quarantaine et de la retraite et ancien demi-finaliste de Grand Chelem. Il s’agissait de Richard Gasquet (n°82) et même si le décor n’avait rien à voir avec la Porte d’Auteuil, c’est bien le joueur de 23ans qui a franchi le premier tour du Challenger 90 de Mouilleron-le-Captif. « Dans ma vie, jamais je n’aurais cru jouer un Top 100, et encore moins un mec comme Richard », a-t-il déclaré dans des propos relayés par nos confrères du quotidien L’Equipe. « J’étais dans l’euphorie après le tirage au sort, parce que même si j’avais dû prendre 6-1, 6-1, partager un terrain avec Monsieur Richard Gasquet, c’était quelque chose que j’allais pouvoir raconter à mes enfants plus tard. C’est fou, quand même, quand on y pense. C’est une référence, un monument du tennis français, quelqu’un pour qui je vibrais chaque année en Coupe Davis et en Grand Chelem. Je le regardais à la télé avec des grands yeux, je me disais que je voulais le même revers à une main. » Ensuite, Jurgen Briand s’est même qualifié, le lendemain, pour les quarts de finale, où il affrontera le Tchèque Tomas Machac (n°110).
Ce qu’il faut savoir, c’est que Jurgen Briand n’était pas sûr de continuer le tennis après être apparu il y a deux ans sur les grands écrans. Comme beaucoup de jeunes joueurs, il y a souvent des périodes de doutes. D’ailleurs, les deux victoires qu’il a pu glaner en Vendée sont ses deux premières sur le circuit Challenger. « Ce qui m’arrive est assez fou quand on sait que, cet été, j’hésitais à continuer le tennis », a-t-il expliqué. « Ma famille et mes amis m’ont poussé et, sans eux, je n’aurais pas vécu ces émotions folles. Financièrement, c’était très compliqué, j’étais énormément dans le rouge. À ces classements (il vient d’intégrer le Top 500, ndlr), c’est tellement de sacrifices… Plus jeune, avant de tourner dans « 5ème set », j’avais déjà arrêté la compétition. » Comme il l’a évoqué, donc, le joueur tricolore avait déjà arrêté la compétition, en 2019, pour ses raisons financières. « J’avais été demi-finaliste des championnats de France juniors en 2017 mais je suis issu d’un milieu modeste, avec pas vraiment les moyens d’aller facilement à l’autre bout du monde, et pas envie que mes parents gaspillent leur argent. À l’époque je n’étais pas prêt à endosser cette responsabilité, et puis j’ai deux petits frères, et ça pouvait empiéter sur leur scolarité. Cette semaine, pour une fois, je vais sortir d’un tournoi en rentrant dans mes frais. » Et ça change tout.

Par ailleurs, Jurgen Briand a évoqué cette aventure cinématographique, une expérience unique dans sa carrière de joueur pas comme les autres. « Après mon arrêt de la compétition, en 2019, je donnais des cours de tennis et je travaillais dans l’hôtellerie, la nuit », a ainsiconfié le joueur de 23 ans. « J’étais d’ailleurs en train de donner une leçon à un papy, au Paris Country Club, le jour où était organisé là-bas le casting pour « 5ème set ». La casteuse a flashé sur moi, elle a pris mes coordonnées, et c’est parti comme ça. Je n’avais jamais fait ça, et je ne vous cache pas que j’ai fait deux-trois petites crises de panique pendant le tournage. La partie tennis ça allait, mais la partie dialogue… Le film n’a pas changé ma vie, financièrement ; j’ai touché un petit chèque mais je ne suis pas non plus Brad Pitt. En revanche, quelle expérience ! » Aujourd’hui, d’ailleurs, le joueur français est toujours en contact avec l’acteur principal du film. « Je sais que je peux compter sur leur soutien. J’ai d’ailleurs reçu un message encore ce matin, à 6h30, d’Alex Lutz. Et puis le film a été une lancée, parce que quand je suis rentré sur le court 14 de Roland-Garros, moi, j’ai vraiment eu l’impression de jouer Roland. Ça m’a donné envie, parce que j’adore ces ambiances-là. Et je me suis relancé à la sortie du Covid. » Enfin, Jurgen Briand a évoqué la suite de sa carrière, lui qui fait désormais partie de la fameuse All In Academy de Thierry Ascione et Jo-Wilfried Tsonga. « Depuis un mois, je suis à la All In Academy de Thierry Ascione et Jo-Wilfried Tsonga, dans le Sud, à Villeneuve-Loubet », a-t-il conclu. « Je travaille avec Thierry Guardiola et Olivier Delaitre, notamment. C’est vraiment chouette de pouvoir compter sur un groupe comme ça. Je m’entraîne davantage, je refais du physique, il y a une équipe qui me fait confiance, ça aide. Cette semaine est incroyable maisje garde la tête sur les épaules. Je sais que je retournerai en Futures, parce que je n’ai pas le classement pour faire des Challengers toutes les semaines. Le but ? Progresser chaque jour, donner le meilleur, rester moi-même et on verra bien jusqu’où je peux aller. Disputer un jour un cinquième set pour de vrai ? Ce serait magnifique, et je peux vous dire que si ça arrive, toute l’équipe du film sera là. » C’est tout le mal qu’on lui souhaite !
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @OpenVendee
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