Au premier abord, la victoire de la Kazakhe Elena Rybakina (n°23, ce samedi à Wimbledon, peut paraître une surprise. Cependant, si on creuse plus loin, on s’aperçoit vite que la joueuse de 23 ans était en embuscade. Elle attendait juste que son heure vienne, tapie dans l’ombre et toujours en constante évolution.
Après avoir remporté le match le plus important de sa jeune carrière, Elena Rybakina (n°23) n’a pas lancé sa raquette vers le ciel ; elle n’est pas non plus tombée à la renverse sur le gazon du Centre Court. Elle n’a pas versé de larmes et c’est à peine si elle a levé un poing fermé pour faire part de sa joie de remporter son premier titre du Grand Chelem, à Wimbledon. C’est pourtant bien elle qui a vaincu la Tunisienne Ons Jabeur (n°2) en trois sets 3-6, 6-2, 6-2 ce samedi pour s’offrir le titre le plus important de sa vie. Ainsi, la Kazakhe – qui n’avait pas remporté beaucoup de rencontres sur gazon avant le tournoi – est devenue la joueuse la moins bien classée depuis Venus Williams en 2007 à soulever le trophée au All England Club. Et la plus jeune depuis Petra Kvitova en 2011. Et si, au premier abord, son sacre semble être une surprise, il ne devrait pas l’être. En effet, Elena Rybakina a toujours eu le potentiel d’une vainqueur de Grand Chelem, même si c’était moins évident comparé à d’autres joueuses. Souvenez-vous. En 2020, avant la pandémie de Coronavirus, la joueuse qui avait alors tout juste 20 ans avait réalisé un début de saison incroyable. Elle avait remporté son deuxième titre WTA au tournoi de Hobart et avait disputé trois autres finales : Shenzhen, Saint-Pétersbourg et Dubaï. Au total, elle comptait alors 19 victoires pour seulement 4 défaites. Après un forfait sur blessure au tournoi de Doha, elle a subi – comme tout le monde – les conséquences du Covid-19. Le tennis s’était alors mis sur pause. « C’était très difficile parce que j’étais en train de monter », a déclaré Elena Rybakina, en conférence de presse, après avoir battu Simona Halep (n°18) en demi-finales. « Je pensais que je pouvais jouer tous les tournois, peu importe ce que je ressentais. Ça allait toujours dans mon sens. Je me sentais vraiment bien. Tout était nouveau pour moi. »

Pendant deux mois et demi, la joueuse kazakhe n’a pas pu s’entraîner et, quand elle a enfin repris le chemin de la compétition six mois plus tard, elle n’était plus la même joueuse. Sa progression fulgurante avait connu un véritable coup d’arrêt. Et même si la siason 2021 n’a pas été si mauvaise pour elle (quarts de finale à Roland-Garros, huitièmes de finale à Wimbledon et le match pour la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Tokyo), Elena Rybakina ne parvenait pas à retrouver son niveau stratosphérique de début 2020. Une blessure et un test positif au Coronavirus ont ensuite eu raison de son début de saison 2022, plutôt médiocre. « Ce n’était pas facile », a expliqué la joueuse de 23 ans. « Cela n’arrêtait pas d’arriver. J’étais très contrariée, ça c’est sûr. » Son entraîneur, Stefano Vukov, a alors eu quelques conseils. « Tu n’as pas à attendre d’être dans une forme idéale », a relaté la 23ème joueuse mondiale concernant les propos de son coach. « Tu vas gagner, peu importe ce que tu ressens. Tu as juste besoin de continuer à travailler et de continuer à t’améliorer. » Ainsi, Elena Rybakina a fini par comprendre qu’en fin de compte, être parfaite tous les jours n’est pas une condition préalable pour gagner des matches et remporter des tournois. Le sixième jeu du dernier set contre Ons Jabeur a été le moment critique où la Kazakhe a mis cette idée en pratique. Menée 0-40, à deux doigts de se faire débreaker et remonter à 3-3, elle a effacé trois balles de break, a remporté cinq points d’affilée et a pris les devants, 4 jeux à 2.

Elena Rybakina a fait preuve d’un sang-froid remarquable tout au long du tournoi. Ses trois premiers matches ont tous nécessité des jeux décisifs, qu’elle a tous remportés sans exception. Après avoir perdu le premier set face à Ajla Tomljanovic (n°44) en quarts de finale, elle a gagné en trois sets 4-6, 6-2, 6-3. La joueuse kazakhe a fait mieux en finale, ne perdant que quatre jeux lors des deux derniers sets, après avoir encore une fois perdu la première manche. C’était d’ailleurs la première fois depuis 2006 qu’une joueuse remportait le titre après avoir perdu le premier set. Elena Rybakina a notamment breaké son adversaire quatre fois sur six occasions. Et elle a tenu son service à merveille, terminant le tournoi avec 53 aces au compteur. Si sa carrière semblait stagner, elle est désormais bel et bien lancée avec ce premier trophée en Grand Chelem. Elle est devenue la première joueuse née en 1999 à remporter un Majeur et derrière elle, les vainqueurs de Grand Chelem à être plus jeunes se nomment Iga Swiatek (n°1), 21 ans, Emma Raducanu (n°12), 19 ans et Bianca Andreescu (n°56), 22 ans. Par ailleurs, pour la première fois depuis le début de l’ère Open, Wimbledon a connu six championnes différentes lors des six dernières éditions. Du jamais vu. Le jeu à plat, agressif d’Elena Rybakina est fait pour le gazon mais elle devrait bien jouer lors de la saison estivale sur dur, aux Etats-Unis.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @Wimbledon, @WTA_Insider
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