Il ne jouera pas ce vendredi face à Nick Kyrgios (n°40). Blessé aux abdominaux – une déchrirue de 7 millimètres -, Rafael Nadal (n°4) a ainsi déclaré forfait à Wimbledon. C’est seulement la deuxième fois de sa carrière qu’il prend une telle décision avant une rencontre importante. Mais il semble avoir pris la bonne décision car pour conserver tout espoir de Grand Chelem, il lui fallait encore remporter deux rencontres au All England Club. Et peut-être mettre en péril le reste de sa saison…
Il est 19h25 à Londres, ce jeudi, quand les espoirs de voir un joueur réaliser le Grand Chelem calendaire – jamais plus réussi depuis Rod Laver en 1969 – se sont effondrés. Pendant environ vingt-cinq minutes, Rafael Nadal (n°4) s’est exprimé devant la presse, à Wimbledon, pour annoncer son forfait pour la demi-finale explosive qu’il devait disputer face à Nick Kyrgios (n°40). C’est avec une grosse boule au ventre que le Majorquin a expliqué que cette blessure, qui l’avait fortement gêné lors de son quart de finale face à Taylor Fritz (n°14), l’empêche de défendre ses chances jusqu’à la fin du tournoi. Il laisse ainsi s’évanouir tout espoir d’enchaîner une victoire sur le gazon londonien quelques jours seulement après son quatorzième titre du côté de la Porte d’Auteuil. Ce n’est que la deuxième fois de sa carrière que Rafael Nadal déclare ainsi forfait avant une rencontre en Grand Chelem (en 65 tournois disputés), la septième au total. La fois précédente, c’était avant son troisième tour à Roland-Garros, en 2016. « Je me retire parce que ça n’a pas de sens de continuer à jouer de cette façon », a ainsi expliqué le 4ème joueur mondial lors de sa conférence de presse. « Je suis très triste, cela me fait mal, mais je dois penser à mon bonheur et mon avenir. Je ne veux pas prendre ce risque avec une blessure qui pourrait s’aggraver si je continue. »

Le plus surprenant, c’est qu’on a pensé le joueur espagnol capable de rivaliser avec ses derniers adversaires malgré cette blessures aux abdomens. N’a-t-il pas remporté Roland-Garros sur un pied ? Par ailleurs, il est parvenu à terminer son match contre Taylor Fritz (victoire en cinq sets 3-6, 7-5, 3-6, 7-5, 7-6 [10/4]) et on le croyait alors capable de soulever à nouveau des montagnes. Mais il s’est entraîné jeudi, à la mi-journée, sur un court lointain et à l’abri des regards indiscrets sur le site d’Aorangi Park. Il a tapé la balle pendant cinquante minutes environ, pour voir où cette blessure le mènerait. Visiblement, pas très loin, la séance ayant été écourtée. La faute à cette maudite déchirure de 7 millimètres trop douloureuse, qui a mené à l’évidence : Rafael Nadal n’est pas en état de défendre ses chances. Pourtant, il a voulu y croire et a attendu la fin de journée pour annonncer un forfait inéluctable. C’est qu’il connaît cette blessure aux abdominaux, pour avoir déjà joué au cours de sa carrière avec une telle déchirure ! On se souvient qu’en 2009, à l’US Open, il avait décidé de disputer le tournoi avec une blessure similaire, qui avait même atteint les 2 centimètres après sa défaite en demi-finales face à Juan Martin Del Potro, ce qui représentait « quasiment huit fois plus qu’au début du tournoi », selon le principal intéressé. En 2018 et en 2019, le Majorquin a même dû se retirer du Masters 1000 de Paris-Bercy, deux années consécutives, à cause du même mal.

Ce jeudi, à Aorangi Park, c’était deux salles deux ambiances. D’un côté, les trois autres demi-finalistes – Novak Djokovic (n°3), Cameron Norrie (n°12) et Nick Kyrgios – se sont entraînés dans le calme et la quiétude. De l’autre, Rafael Nadal se posait mille questions et tentait, avec ses entraîneurs Francisco Roig et Marc Lopez, de trouver une solution pour qu’il puisse s’aligner en demi-finales de Wimbledon. En vain. Le joueur espagnol n’arrivait plus à servir à une vitesse normale et il aurait dû modifier son geste, comme il a su le faire lors de son quart de finale, pour limiter la douleur. Et si par miracle il avait pu jouer et gagner cette demi-finale face au controversé australien, aurait-il été en mesure de défendre ses chances en finale ? « Même si j’avais gagné demain (ce vendredi, ndlr), comment se serait passé le dimanche », a lui même questionné le joueur de 36 ans. Même si, comme il l’a ajouté : « Avec le niveau qui était le mien sur mes derniers matches, je crois que je pouvais battre Kyrgios. » Remporter une demi-finale, c’est une chose. Mais jouer ensuite, blessé, une finale qui aurait pu être épique face à son plus grand rival, Novak DJokovic ? Difficile à imaginer. « Comme toujours, j’ai écouté tout le monde autour de moi », a-t-il conclu. « Mais la décision est personnelle et elle est claire. » En déclarant forfait à Wimbledon, Rafael Nadal s’est donné le droit de se soigner pour, peut-être, viser le petit Chelem lors du prochain US Open.
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @TennisMagazine1, @UniversTennis, @WeAreTennisFR
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