Analyses

Pourquoi Adrian Mannarino sera la meilleure chance française à Wimbledon ?

Quand le circuit passe de la terre battue au gazon, il y a un joueur français qui, de manière générale, refait surface. Il s’agit d’Adrian Mannarino (n°72), dont le jeu manque cruellement de puissance sur ocre mais qui semble être taillé pour le faire briller sur le tapis vert. Voilà pourquoi nous pensons qu’il sera le meilleur espoir français lors du prochain Wimbledon, qui démarre le 27 juin prochain.


Il fut un temps où le gazon était une surface très rapide. Mais ça, c’était avant les années 2000 et l’uniformisation des surfaces. Cependant, certains joueurs restent des sécialistes de la surface, et peuvent se faire plaisir et glaner de précieux points pendant six semaines, de ‘s-Hertogenbosch à Newport, en passant par Wimbledon. En général, ces joueurs sont plutôt atypiques, ils n’ont pas beaucoup de puissance, ils sont bas sur leurs jambes et misent tout sur la vitesse. Voilà une description qui colle parfaitement au Français Adrian Mannarino (n°72), qui a la particularité d’être le joueur qui tend le moins son cordage (entre 9 et 11 kg selon les surfaces). 1,80m, 74 kg : le gazon semble fait pour lui et ses statistiques sur la surface donnent raison. En effet, le joueur tricolore compte 59 % de victoires sur herbe, alors que ce ration baisse à 46 % sur dur et seulement… 22 % sur terre battue ! Ses meilleurs résultats, c’est sur gazon qu’Adrian Mannarino les a obtenus : un titre en 2019 à ‘s-Hertogenbosch, deux finales en 2017 et 2018 à Antalya, ainsi que trois huitièmes de finale à Wimbledon (2013, 2017 et 2018). Là où il n’a disputé qu’un seul huitième dans tous les autres tournois du Grand Chelem, à l’Open d’Australie, en janvier dernier. A Roland-Garros, il n’a même jamais franchi le deuxième tour (et reste sur trois défaites d’entrée depuis 2020) et à l’US Open, son meilleur résultat reste un troisième tour.

Comment expliquer cela ? Par le fait que le joueur français possède un jeu à plat, avec un service de gaucher slicé qui prend toute sa dimension sur gazon. « Il prend davantage les effets, son service slicé de gaucher lui permet d’écarter l’adversaire et de s’ouvrir le court », explique notamment Erwan Tortuyaux, son entraîneur, qui travaille à ses côtés depuis 2015. « Après, il y a sa manière particulière de frapper la balle. Comme il a une très bonne mise à niveau des deux côtés, Manna intervient tôt sur la balle. Il vient vite au rebond et prive l’adversaire de temps. Il joue très à plat et produit un rebond qui fuse beaucoup. C’est comme s’il compressait la balle. Il lui donne ainsi pas mal de vitesse et peu de rebond. » Le joueur lui-même se rend compte de la différence d’efficacité de son jeu entre l’ocre et le tapis vert. « Sur terre battue, mon revers ralentit et remonte », a expliqué le 72ème joueur mondial. « Du coup, ça donne des penalties à mes adversaires. Sur gazon, il fuse et reste gênant à jouer. Pareil pour mon coup droit, qui est parfois trop neutre. Sur herbe, j’arrive à maintenir un jeu très bas, donc mes adversaires ont moins de solutions. Autant, sur terre, je suis obligé de forcer comme un malade, autant, sur herbe, le fait de bien toucher la balle est suffisant. Pas la peine d’en rajouter. Si je me connecte bien à la balle, ça suffit. Un bon timing suffit à générer un bon coup. »

Par ailleurs, il faut noter que les statistiques d’Adrian Mannarino en retour ne baissent absolument pas sur gazon. Ce qu’Erwan Tortuyaux a analysé en profondeur. « J’ai jeté un oeil aux chiffres et Adrian fait partie des rares joueurs qui n’ont pas des stats de retour qui se dégradent sur herbe », a-t-il fait remarquer. « Même Djokovic n’y échappe pas et, pourtant, c’est le meilleur relanceur du circuit. Deux exemples : quand il arrive sur gazon, il passe de 55 % de points gagnés sur deuxième balle à 53 %. Et il passe de 32 % à 26 % pour les jeux de retour gagnés. Manna, lui, reste complètement stable : 50 % de points gagnés sur deuxième service et 22 % de jeux de retour gagnés. Beaucoup de joueurs déclinent parce que la surface accélère le service. Pas lui. Vu qu’il possède un très bon oeil, qu’il s’organise tôt et qu’il a des préparations compactes, il retourne bien mieux que la moyenne sur gazon. » Voilà pourquoi, chaque année, le joueur de 33 ans a hâte d’évoluer sur gazon. Et désormais, il attend le début de Wimbledon avec impatience, malgré l’absence de points ATP à l’issue du tournoi. « C’est un tournoi que j’adore », a pointé Adrian Mannarino. « Même si, cette année, avec la suppression des points ATP, ça n’aura pas le même goût. Il manquera un petit truc. Pour un joueur comme moi, qui tourne en ce moment autour de la 70ème place, un troisième tour ou un huitième à Wim’, ça change tout. Mais il faut faire avec… Je ne sais pas si le fait d’y avoir fait trois huitièmes de finale influence mes sentiments mais j’adore le lieu. L’accueil des joueurs, le public aussi. Wimbledon, c’est un tout et je le prends comme un tout. Et j’y ai tellement de bons souvenirs que j’ai hâte d’y revenir. »

Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @vikramsingh4841, @WeAreTennisFR, @infosportplus

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