Pour Jo-Wilfried Tsonga (n°267), cette édition 2022 de Roland-Garros sera son tout dernier tournoi avant une retraite bien méritée. Opposé dès le premier tour au Norvégien Casper Ruud (n°8), le Manceau est apparu détendu avant le début de la quinzaine. Il veut profiter à fond de cet instant et surtout, partir sans regret en retenant les relations humaines qu’il a pu entretenir avec certains de ses compatriotes.
Il y a dix-sept ans, Jo-Wilfried Tsonga (n°267) faisait sa premère apparition sur les courts de Roland-Garros. Il s’était alors incliné d’entrée contre l’Américain Andy Roddick, pour ses premiers pas en Grand Chelem. Après une carrière riche en émotions, notamment du côté de la Porte d’Auteuil, ce n’est pas pour rien si le Manceau a décidé d’y mettre un terme ici, sur les courts en terre battue situés à deux pas de Paris. A 37 ans, il sera opposé au Norvégien Casper Ruud (n°8), qui s’est imposé ce samedi au tournoi ATP 250 de Genève, dès le premier tour. Un sacré client, mais le joueur français n’a pas d’ambition sur ce tournoi. Il veut juste profiter de chaque instant. « Je me sens à la fois soulagé de savoir que c’est le dernier, parce que j’ai quand même mon esprit et mon corps qui me disent que c’est l’heure d’arrêter, et à la fois très excité », a déclaré le demi-finaliste des éditions 2013 et 2015 avant le début du tournoi. « J’ai envie d’aller sur le court. Je vais rencontrer un joueur qui est très bon, très consistant. Je sais que ce sera un match dur. Mais je suis heureux de pouvoir vivre ça et quoi qu’il arrive, ce sera une fête pour moi. Je ne peux pas dire que c’est un super feeling ni que c’est un mauvais. C’est en tout cas un moment qui, pour moi, je suis sûr, sera rempli d’émotion. » Depuis qu’il est arrivé à Roland-Garros, cette semaine, le Manceau a pu se rendre compte que sa future retraite était en train de se concrétiser. « Là, ça se concrétise vraiment », a ajouté l’ancien n°5 mondial. « Quand je l’ai annoncé il y a un mois, je me disais : ‘J’ai encore un peu de temps, il va encore se passer des choses entre temps.’ Je suis juste à quelques jours de mon prochain match, et si jamais je ne le gagne pas, effectivement, ce sera le dernier. C’est vrai, forcément, je ne le vis pas comme si c’était un tournoi normal, comme si c’était un Roland-Garros comme tous les autres. Celui-là sera forcément un peu différent. Mais je suis content d’être ici. »
Pour Jo-Wilfried Tsonga, la terre battue n’était pas forcément la meilleure surface. Pourtant, il a su nouer une relation particulière avec ce tournoi de Roland-Garros, ainsi qu’avec le public français. Sur l’ocre parisienne, il a su se sublimer. En effet, le Français a été deux fois demi-finaliste (2013, 2015) et il a également atteint les quarts de finale en 2012. Sur le Court Philippe-Chatrier, il a d’ailleurs connu quelques victoires marquantes, à commencer par celle face à Roger Federer, en trois sets 7-5, 6-3, 6-3 en 2013. « C’est vrai que je n’étais pas un spécialiste de la terre battue, ce n’est pas une surface sur laquelle j’avais les meilleurs résultats tout au long de ces années-là », a admis le Manceau. « Mais Roland-Garros était spécial pour moi. Les conditions étaient spéciales, la terre battue était spéciale, les balles étaient spéciales à l’époque, ma relation avec le public était spéciale. Tout ce que je faisais était vraiment différent de ce que je vivais sur les autres tournois. J’arrivais toujours très confiant ici, alors que je n’avais pas forcément gagné beaucoup de matches les semaines précédentes. » Si la rumeur dit que les organisateurs du tournoi voudraient faire joueur le Tricolore en night session, sur le Court Philippe-Chatrier, pour que la fête soit totale, lui assure n’avoir rien demandé. Il espère juste que le beau temps sera de la partie : « Je vais peut-être demander là-haut s’il peut éviter de m’envoyer de la pluie et de la terre lourde afin que je puisse mettre des aces. C’est tout ce que je vais demander. »

Enfin, Jo-Wilfried Tsonga a évoqué ses relations avec ses compatriotes, qu’il a entretenues tout au long de sa carrière professionnelle. Il a notamment parlé de Gilles Simon (n°159), qui lui aussi disputera son dernier Roland-Garros et prendra sa retraite en fin de saison. « Gilles c’est mon camarade, c’est mon ami. Il fait partie de mon histoire tennistique », a expliqué le joueur de 37 ans. Car pour lui, les relations d’amitié avec des joueurs comme Gilles Simon, Richard Gasquet (n°75) et Gaël Monfils (n°22) ont été très importantes au fil des années. « Que ce soit avec Gilles, Gaël ou Richard, on se connaît tous depuis qu’on a 11 ou 12 ans », a-t-il rappelé. « On a grandi ensemble, on a joué en équipe de France, on a pleuré ensemble, on a gagné ensemble. Ces histoires sont finalement les plus belles. De mon parcours, ce que je vais retenir dans tout ce que j’ai pu faire finalement, ce sont les relations humaines que j’ai eues avec les différentes personnes qui m’entouraient. » Si on a pu leur reprocher de ne pas remporter de titres en Grand Chelem, laissant Yannick Noah seul au sommet de cet Olympe, ils ont tout de même tous les quatre culminés entre la 5ème et la 7ème place mondiale au classement ATP. Et aujourd’hui, alors que le tennis français se trouve dans un trou générationnel, on se rend compte de la chance que l’on a eue d’avoir des joueurs aussi performants. « On a partagé énormément de choses depuis qu’on est tout jeunes », a conclu Jo-Wilfried Tsonga. « On a fréquenté les mêmes centres. On allait à l’école ensemble. On jouait au tennis ensemble. On a rigolé ensemble. On se racontait nos premières petites amies ensemble. C’est une très belle histoire, parce que quand on était plus jeunes, quand on avait 10 ou 11 ans, on était amis, parce qu’on était des petits jeunes, des petits êtres humains, qui attendaient de pousser et de continuer à grandir. Finalement, on a traversé toutes les étapes ensemble. Très peu de personnes vivent ça. »
Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @WeAreTennisFR, @tsonga7
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