Ce mercredi, Jo-Wilfried Tsonga (n°220) a annoncé qu’il prendra sa retraite dans quelques semaines, après Roland-Garros. Le Français mettra ainsi un terme à une riche carrière, qui l’a vu remporter 18 trophées, ce qui en fait le deuxième joueur tricolore le plus titré derrière Yannick Noah.
Dès 2004, alors qu’il n’est âgé que de 19 ans, Jo-Wilfried Tsonga faisait un premier coup d’éclat sur le circuit ATP. Engagé au tournoi de Pékin, il élimine alors l’Espagnol Carlos Moya (vainqueur de Roland-Garros en 1998), n°5 mondial, dès le premier tour en deux sets 6-3, 6-3 après être sorti des qualifications. Un résultat qui lui vaudra ensuite de participer pour la première fois au Masters 1000 de Paris-Bercy, qu’il remportera quelques années plus tard. Désigné révélation de l’année par l’ATP en 2007, le joueur tricolore explosera aux yeux du grand public lors de l’Open d’Australie, en 2008. Sur sa route, il élimine Andy Murray, Richard Gasquet et Mikhail Youzhny, avant d’impressionner face à Rafael Nadal, alors n°2 mondial, en demi-finales. « C’était de la folie. Je réussissais tout ce que je voulais, même en fermant les yeux. C’était juste magique », déclarait-il à la fin de la rencontre. Le Manceau avait ainsi éliminé l’Espagnol en trois sets 6-2, 6-3, 6-2 pour se qualifier pour sa première finale en Grand Chelem, qu’il perdra face à Novak Djokovic (4-6, 6-4, 6-3, 7-6 [2]). Cette folle année allait se conclure par son premier titre en Masters Series (lancêtre des Masters 1000), à Paris-Bercy. Le Français y avait éliminé Novak Djokovic, Andy Roddick, James Blake et enfin David Nalbandian, sa victime en finale (6-3, 4-6, 6-4). Il devenait ainsi le troisième joueur tricolore à ajouter son nom au palmarès de l’épreuve (après Guy Forget en 1991 et Sébastien Grosjean en 2001).
Quelques années plus tard, en juin 2011, Jo-Wilfried Tsonga allait commettre un crime de lèse-majesté en éliminant Roger Federer sur son gazon de Wimbledon. Opposé au Suisse en quarts de finale, le Manceau allait d’abord être mené deux sets à rien… avant de renverser la vapeur etl e maître des lieux ! Score final : 3-6, 6-7 (3), 6-4, 6-4, 6-4. Pour sa première demie au All England Club, le joueur français allait une nouvelle fois tomber face à Novak Djokovic. Quelques mois plus tard, en février 2012, il atteindra son meilleur classement, une 5ème place mondiale que seuls cinq Français avaient réussi à accéder au atteindre auparavant (Yannick Noah, Henri Leconte, Guy Forget, Cédric Pioline et Sébastien Grosjean). Logiquement retenu pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012, il y atteint les quarts de finale en simple (encore éliminé par Novak Djokovic !) mais surtout, il y remporte une médaille d’argent en double, avec son compatriote Michaël Llodra. Battus par les frères Bryan, les Tricolores partageaient tout de même le podium avec deux autres français, médaillés de bronze : Julien Benneteau et Richard Gasquet. « Pour moi, ça fait partie de mes plus grands moments de sport, de tennis », avait-il confié à nos confrères de 20 Minutes. « Je la mets à la même hauteur que ma victoire à Bercy. »

Rien à voir avec le goût d’inachevé que lui laissera Roland-Garros. Par deux fois, Jo-Wilfried Tsonga n’est pas passé loin d’une qualification pour la finale. En 2013, l’Espagnol David Ferrer lui avait barré la route, en trois sets 6-1, 7-6 (3), 6-2, alors que le Manceau avait éliminé Roger Federer en quarts (7-5, 6-3, 6-3). Mais son plus gros regret restera peut-être l’édition 2015 du tournoi, où le futur vainqueur, Stan Wawrinka, l’éliminait encore en demi-finale. Le Suisse s’en était sorti en quatre sets 6-3, 6-7 (1), 7-6 (3), 6-4. Jamais plus Jo-Wilfried Tsonga n’atteindra ce niveau du côté de la Porte d’Auteuil… Pourtant, en 2014, il remporte son deuxième trophée en Masters 1000, à Toronto. Avec une nouvelle victoire, en finale, sur le Suisse Roger Federer. Après avoir déjà battu Novak Djokovic, Andy Murray et Grigor Dimitrov, au cours d’une semaine parfaite. « Ici, j’ai remporté ce titre avec mon niveau de jeu », considère-t-il alors. « J’ai battu quatre grands joueurs. Bien sûr que j’ai douté, il y a toujours des moments difficiles, mais on sait à quoi s’attendre quand on décide d’être joueur de tennis professionnel. J’ai continué de croire en moi. »

En 2017, il atteint enfin la consécration, avec l’équipe de France, lors de la Coupe Davis. Il remporte une victoire en deux matches lors de la finale contre la Belgique (il avait battu Steve Darcis mais s’était incliné face à David Goffin). Absent en 2010 lors de la défaite face à la Serbie mais présent en 2014 lors de la désillusion contre la Suisse, le Manceau pouvait enfin exulter et soulever le Saladier d’argent avec ses coéquipiers. Justice était rendue tant le joueur français avait fait pour le tennis tricolore. En 2019, enfin, il a remporté son dernier titre, le 18ème au total sur le circuit ATP. Redescendu au-delà du Top 200, il était parvenu à remonter au 61ème rang mondial pour s’imposer au tournoi ATP 250 de Metz. En finale, il avait battu le Slovène Aljaz Bedene. Avec ses 18 titres, le voici d’autant plus solidement installé à la deuxième place de l’histoire, parmi les Français, derrière Yannick Noah et ses 23 trophées. Notez cependant que ses trois dernières saisons ont montré le déclin de ce géant du tennis français : il n’a disputé que deux matches sur le circuit principal en 2020 (année du Covid), neuf en 2021 et six en 2022… jusqu’à l’annonce, ce mercredi, de sa retraite après Roland-Garros. Où il aura besoin d’une wild card, comme lors du Masters 1000 de Monte-Carlo, pour un dernier baroud d’honneur.

Article rédigé par Yannick Giammona
Crédit photos : @GQ_France, @RMCSport, @OnlyRogerCanFly
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