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Cette édition 2022 de l’Open d’Australie restera inoubliable !

Ce n’était pas un rêve. Cet Open d’Australie a bel et bien existé. Rocambolesque, hallucinant, absurde, inénarrable… et une fin presque biblique. Au lendemain de cette finale historique, qui a vu Rafael Nadal (n°5) prendre un 21ème Majeur au bout d’un combat titanesque, nous allons dresser notre bilan de ce premier tournoi du Grand Chelem de l’année.


Replongeons-nous d’abord dans le contexte. Novak Djokovic (n°1), à deux doigts de clore les débats sur le GOAT lorsqu’il échouait en finale de l’US Open, en octobre dernier, battu par un Daniil Medvedev (n°2) glacial l’empêchant ainsi de réaliser le Grand Chelem calendaire, un exploit jamais réalisé chez les messieurs depuis Rod Laver en 1969. Puis, trois mois après que ses chaudes larmes aient enfin gagné des cœurs souvent divisés à son égard, le clivant Djoker était plongé dans une immense polémique qui dépassait largement le cadre sportif. Après avoir présenté une exemption médicale censée lui permettre de jouer en Australie, là où il a déjà glané le trophée à neuf reprises, il se voyait finalement renvoyé du territoire océanien après d’infinies tractations entre le gouvernement du Premier Ministre Scott Morrison, l’Etat du Victoria, la justice australienne et les avocats du joueur. Une histoire qui lançait déjà l’Open d’Australie dans une autre dimension avant même le début des qualifications. Le favori repartait finalement à la maison et laissait alors le champ des possibles s’élargir considérablement, laissant son statut de favori à son dernier bourreau russe en date.

Mais cet Open d’Australie est rentré dans la légende surtout de par sa finale et son magnifique vainqueur. Un duel entre un impressionnant Daniil Medvedev et un surhomme hispanique nommé Rafael Nadal (n°5). Ce dernier décidait d’écrire l’histoire, ajoutant à sa fresque un 21ème coup de pinceau digne de Salvador Dali, emmenant cette finale hors du temps, avec des amorties et des passings à en faire fondre les horloges. 5h24 d’un combat acharné et sublime où les limites du corps humain étaient repoussées point après point, dans une dramaturgie folle. L’homme aux treize Roland-Garros renversait le n°2 mondial après la perte des deux premiers sets, rendant l’exploit ineffable (2-6, 6-7 [5], 6-4, 6-4, 7-5). D’ailleurs, les statistiques ne donnaient que 4% de chances de victoire à l’Espagnol lorsque celui-ci était mené deux sets à rien. Le Majorquin sauvait même trois balles de break dans le troisième set, moment où le match basculait devant un public australien déchaîné alors que devant notre écran nous pensions que la messe était dite pour lui. L’exploit est retentissant, d’autant que “Rafa” était encore en béquilles il y a cinq mois de cela et a contracté la Covid-19 en décembre dernier, tronquant sa préparation pour son retour à la compétition. A la remise du trophée, les marques de l’effort présentes sur son visage creusé témoignaient des sacrifices que le champion ibérique a dû faire pour chasser ses vieux démons australiens et être le joueur le plus titré de l’histoire en Grand Chelem. Il rentre par la même occasion dans le cercle très fermé des joueurs et joueuses double vainqueurs de chaque tournoi du Grand Chelem, exploit également réalisé par Novak Djokovic à Roland-Garros en mai dernier. Un scénario qui contraste avec celui du tableau féminin, où la domination totale d’Ashleigh Barty (n°1) lui a permis de devenir la première Australienne à remporter le tournoi devant son public depuis Chris O’Neil en 1978. La joueuse de 25 ans réussit là l’exploit de remporter un tournoi sur chaque surface, comme les plus grandes championnes : Chris Evert, Martina Navratilova, Steffi Graf et Serena Williams. Aux antipodes de l’antistar aussie, la paire de double, les “Spécial K”, Nick Kyrgios et Thanasi Kokkinakis ont, de par leur grande complicité et leur incroyable style, eux aussi su conquérir et enflammer tout un pays, qui finissait même par s’intéresser davantage à leur match qu’au reste de la compétition ! Une belle publicité pour le tournois en double, trop peu souvent mis en lumière.

Une fois toutes ces émotions digérées, nous nous sommes penchés sur le bilan d’un tournoi qui n’aura laissé personne indifférent. Tout d’abord, on ne peut que se réjouir des performances de nos Bleus, Gaël Monfils (n°16), Adrian Mannarino (n°58) et Alizé Cornet (n°37), qui nous auront enfin fait vibrer après une année 2021 historiquement famélique, où aucun Français n’avait réussi à dépasser le troisième tour en Grand Chelem. Monfils peut tout de même nourrir quelques regrets après une défaite en cinq sets en quarts de finale face à l’Italien Matteo Berrettini (4-6, 4-6, 6-3, 6-3, 2-6), alors qu’il semblait pourtant avoir assommé le Marteau transalpin dans le quatrième set. De bonne augure pour la suite, tout comme Adrian Mannarino, coupeur de têtes polonaise et russe, lorsqu’il sortait le dernier demi-finaliste de Wimbledon, Hubert Hurkacz (n°11), avant d’éliminer au bout de la nuit la révélation du dernier Open d’Australie, Aslan Karatsev (n°15). Le gaucher rendait finalement les armes en huitièmes de finale face à Rafael Nadal (6-7 [14], 2-6, 2-6), après un premier set de folie remporté par le roi espagnol au terme d’un tie-break haletant (16-14), le plus long jamais disputé par le Majorquin. Et puis que dire d’Alizé Cornet, pour la première fois en quarts de finale après 63 tournois du Grand Chelem disputés consécutivement ? Tombeuse de la n°3 mondiale Garbine Muguruza (6-3, 6-3), puis de la dernière demi-finaliste à Roland-Garros, Tamara Zidansek (4-6, 6-4, 6-2), et de l’ex-numéro 1 mondiale Simona Halep (6-4, 3-6, 6-4), la Niçoise signe une impressionnante remontée au classement WTA, passant de la 61ème à la 37ème place mondiale ! Ne s’inclinant que contre la future finaliste Danielle Collins (5-7, 1-6), elle peut espérer continuer sur cette lancée, pour ce qui sera “sûrement sa dernière saison”, selon ses dires. On a aussi apprécié l’attitude calme et efficace de Benoît Paire (n°54), cherchant à retrouver un enthousiasme perdu sur un court. Victorieux face à Grigor Dimitrov (n°25), il s’incline ensuite face à Stefanos Tsitsipas (n°4) dans un match où il a pourtant semblé en mesure de créer un exploit retentissant (3-6, 5-7, 7-6, 4-6). Le Grec, opéré du coude en novembre dernier, nous a d’ailleurs surpris en atteignant les demi-finales. Quelque peu miraculé contre Taylor Fritz (n°20), mais impressionnant face à Jannik Sinner (n°10), il cède logiquement dans un thriller en quatre sets face à son grand rival Daniil Medvedev. On a également aimé la confirmation du début de saison tonitruant de Félix Auger-Aliassime (n°9), les promesses du jeune Carlos Alcaraz (n°29), les retours au premier plan d’Amanda Anisimova (n°41) et de Madison Keys (n°28), et les belles surprises des trentenaires – ou presque – Kaia Kanepi (n°63) et Danielle Collins (n°10).

Côté déceptions, l’Allemand Alexander Zverev (n°3), qui avait pourtant un boulevard pour atteindre la finale, s’est fait mâcher en trois sets par le Canadien Denis Shapovalov (n°12) en huitièmes de finale. Cameron Norrie (n°13) s’est fait laminer par Sebastian Korda (n°43) dès le premier tour, alors que Hubert Hurkacz n’a pas fait le poids face à Adrian Mannarino. Andy Murray (n°102) n’a pas tenu le choc face au Japonais Taro Daniel (n°114) et un Andrey Rublev (n°7) très décevant n’a pas trouvé de plan B face à Marin Cilic (n°26). Diego Schwartzman (n°14) a été éteint en trois sets par le local Christopher O’Connell (n°147), tombeur d’Hugo Gaston (n°69) au premier tour et enfin Ugo Humbert (n°40) a étrangement perdu d’entrée, certes face à un très bon Richard Gasquet (n°75). Chez les femmes, la n°2 mondiale Aryna Sabalenka a abusé de double-fautes pour s’incliner contre Kaia Kanepi en huitièmes de finale. Les jeunes finalistes de l’US Open 2021, Leylah Fernandez (n°21) et Emma Raducanu (n°13), ont montré qu’il est ô combien difficile de confirmer un tel exploit, se faisant rapidement sortir respectivement au premier et deuxième tour. La précoce américaine Coco Gauff (n°17) n’a pas fait mieux, s’inclinant d’entrée face à Qiang Wang (n°126). Enfin, on notera l’élimination au troisième tour de la star japonaise Naomi Osaka, descendue à la 85ème place mondiale, s’inclinant dans un match épique face à Amanda Anisimova. Après avoir mis un peu de temps à vraiment décoller pour se détacher du spectre de Novak Djokovic, le tournoi est progressivement monté en puissance en deuxième semaine pour atteindre son climax en finale. Avec ce 21ème sacre, Rafael Nadal assoit son autorité et paraît lancé pour en gagner d’autres. Pendant que Roger Federer (n°30) espère un dernier retour et qu’on se demande quand Novak Djokovic pourra rejouer tant qu’il ne se vaccine pas, l’Espagnol s’avancera en grand favori à Roland-Garros en mai prochain et pourrait profiter de l’absence de ses deux rivaux pour creuser l’écart.

Article rédigé par Hugo Délen
Crédit photos : @AustralianOpen, @cstanaway, @TennisChannel

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