Entre come-back espérés, confirmations souhaitées et nouveaux talents attendus, il y a de quoi spéculer pour une saison 2022 qui s’annonce passionnante, après une dernière saison marquée par la domination finalement frustrante de Novak Djokovic (n°1) et l’apparition surprise de nouvelles têtes.
Après les promesses, quelles confirmations ?
Du côté des jeunes, le Rolex Paris Masters de novembre dernier nous avait servi un avant-goût des batailles que vont se livrer Carlos Alcaraz (18 ans, n°32) et Jannik Sinner (20 ans, n°10) dans les prochaines années. Le premier a été titré aux Next Gen ATP Finals quand le second remplaçait Matteo Berrettini pour embraser le Pala Alpitour de Turin aux ATP Finals, étrillant notamment Hubert Hurkacz au passage (6-2, 6-2). Les jeunes Sebastian Korda (21 ans, n°41), Jenson Brooksby (21 ans, n°56), Brandon Nakashima (20 ans, n°68), Lorenzo Musetti (19 ans, n°59), Holger Rune (18 ans, n°103) ou encore notre Toulousain Hugo Gaston (21 ans, n°67) tâcheront aussi de confirmer leurs promesses. Mais d’autres surprises plus âgées ont aussi vu le jour en 2021. Aslan Karatsev (n°15), James Duckworth (n°49), Botic Van De Zandschulp (n°57) ou Cameron Norrie (n°12) ont-ils atteint leurs limites ? Ces derniers ont su profiter d’une période d’instabilité pour tirer leur épingle du jeu et gravir les marches quatre à quatre. Aslan Karatsev s’est logiquement vu attribuer la récompense de la meilleure progression de l’année, passant de la 112ème à la 15ème place mondiale. Une ascension fulgurante débutant par un couronnement à l’ATP Cup avec la Russie, avant de faire trembler la planète tennis lors de l’Open d’Australie. Passé par les qualifications, le joueur de 28 ans aux mollets de Goldorak ne laissa qu’un jeu à Egor Gerasimov (n°113) au deuxième tour, avant de sortir Diego Schwartzman (n°13), Félix Auger-Aliassime (n°11), puis Grigor Dimitrov (n°28) et de ne s’incliner que contre Novak Djokovic en demi-finales. Bien plus à son aise sur dur, il remporte le tournoi ATP 500 de Dubaï en mars, battant notamment Dan Evans (n°25), Lorenzo Sonego (n°27), Jannik Sinner, Andrey Rublev (n°5), puis Lloyd Harris (n°31) en finale, lui rapportant près de 2 millions de dollars. Semblant avoir fini la saison sur les rotules, on s’impatiente désormais de voir le lion Aslan rugir encore. Qui aurait pensé que James Duckworth allait réaliser une telle percée ? La pause due à la pandémie avait permis à l’Australien de se remettre d’une épaule douloureuse sous les conseils de l’illustre Pat Rafter. Enfin libéré des douleurs et anti-douleurs, le “mauvais canard” atteignait son meilleur classement cette année grâce notamment à un titre en Challenger à Istanbul, puis à une première finale ATP au tournoi ATP 250 de Nur-Sultan, perdue face au Coréen Soonwoo Kwon (n°53), après des succès notables contre Filip Krajinovic (n°42), John Millman (n°72) et Ilya Ivashka (n°48). Mais James connut son heure de gloire en novembre dernier, lorsqu’il atteignit les quarts de finale du Masters 1000 de Paris-Bercy, éliminant Roberto Bautista-Agut (n°19), Lorenzo Musetti et Alexei Popyrin (n°61), et ne s’inclinant que face à Hubert Hurkacz (n°9). Botic Van De Zandschulp (à vos souhaits) perce enfin au plus haut niveau. Davantage en vue sur les tournois Challenger les années précédentes, le Hollandais au nom étriqué a crevé l’écran à l’âge de 26 ans, à l’US Open. Après être lui aussi passé par les qualifications, “VDZ” s’est notamment payé le Norvégien Casper Ruud (n°8) et l’Argentin Diego Schwartzman, avant d’être le seul à prendre un set au futur vainqueur, Daniil Medvedev (n°2), en quarts de finale. Il y a fort à parier que le Néerlandais va encore signer de beaux exploits dans les mois à venir, d’un Z qui veut dire Zandschulp. Enfin, Cameron Norrie (n°12) a discrètement fait parler la poudre, atteignant de loin son meilleur classement. Passé professionnel en 2017, le Britannique au style de jeu certes peu chatoyant mais souvent précis et terriblement constant, a remporté le Masters 1000 d’Indian Wells après avoir remporté un mois plus tôt le tournoi ATP 250 de Los Cabos. En 2022, il essaiera de poursuivre sur sa lancée, en tentant de s’installer durablement dans le Top 10.
Des retours très attendus
Alors que Daniil Medvedev et Alexander Zverev (n°3) apparaissent comme les véritables héritiers du Big 3, Djokovic tentera de rééditer ses exploits passés et de dépasser Rafael Nadal (n°6) et Roger Federer (n°16) et leurs 20 Majeurs chacun. S’il existe une logique dans ce sport, Alexander Zverev devrait remporter son premier tournoi du Grand Chelem cette saison. “Sascha” a réalisé une année 2021 pleine, en remportant la médaille d’or aux JO et cinq autres titres notables : Acapulco et Vienne en ATP 500, Madrid et Cincinnati en Masters 1000 et les ATP Finals de Turin. Le géant de 24 ans semble enfin avoir pris la pleine mesure de son potentiel, grâce surtout à un service bien plus consistant. On scrutera également l’évolution d’Hubert Hurkacz, qui a fait sensation lui aussi, titré à Miami puis demi-finaliste à Wimbledon, où il fut le tombeur de Roger Federer. Mais comme tous les autres, il devra compter sur le retour d’un Rafael Nadal affamé. L’Espagnol, qui a traîné pendant quatre mois une blessure au pied, a déclaré avoir encore “le feu intérieur”, même si son retour est différé en raison d’un test positif à la Covid-19, et que sa présence à l’Open d’Australie est encore incertaine. En plus du retour du Taureau de Manacor s’ajoute celui du “Dominator”, Dominic Thiem (n°15). Blessé au poignet depuis la saison sur terre battue, l’Autrichien a préféré renoncer à l’invitation à l’exhibition d’avant-saison d’Abu Dhabi en décembre pour reprendre plus sagement après l’Australie. D’autres blessés de longue date devraient aussi refaire surface. Lucas Pouille, qui se bat pour retrouver son niveau de 2018, a obtenu une wild card méritée pour l’Open d’Australie. Juan Martin Del Potro (n°754), qu’on n’a pas vu depuis le tournoi du Queen’s en juin 2019 et une victoire sur Denis Shapovalov (n°14), a enflammé la planète tennis en annonçant un retour probable courant février, lors de la tournée Sud-Américaine sur terre battue, précisant que le rétablissement de son genou était très encourageant après sa dernière opération. Pendant que Stan Wawrinka (n°82) se languit d’un retour courant mars, un an après son dernier match officiel, l’inépuisable Andy Murray (n°134) a montré qu’il était toujours capable de prouesses physiques avec sa hanche en titane. Enfin, on espère revoir Roger Federer nous offrir une dernière danse, probablement pas avant Wimbledon, le Suisse désirant être “pleinement à la hauteur de ce que les fans attendent. »
La France attend la relève
Ce n’est un secret pour personne, le tennis français est dans le creux de la vague. Entre une génération dorée des Gasquet & co arrivant à son terme et une nouvelle génération plus que prometteuse mais encore trop jeune, on ne va pas s’attendre à de grands résultats cette année, histoire de ne pas être déçus. On espère toutefois de meilleurs résultats en Grand Chelem, car aucun français n’est arrivé en deuxième semaine cette année dans aucun des quatre Majeurs. Ça peut paraître dingue. Ça l’est, et c’est même historique. On peut toutefois placer nos espoirs de vibrer en Gaël Monfils (n°21), enfin sorti d’un tunnel dont il ne voyait plus le bout, en Ugo Humbert (n°35), beau vainqueur à Halle (ATP 500) mais auteur de prestations en demi-teinte depuis les Jeux Olympiques, ou encore en Benjamin Bonzi (n°64), qui a remporté six tournois Challenger et qui semble également capable de quelques beaux coups d’éclats sur le circuit ATP. Il sera excitant de voir le Toulousain démarrer pour la première fois sa saison en Australie. La coqueluche Benoît Paire (n°46) paraît à nouveau déterminée à enflammer Roland-Garros, alors qu’Arthur Rinderknech (n°58) peut encore espérer grimper au classement, lui qui est actuellement 58ème mondial, son meilleur classement à l’ATP. Pendant que les amorties d’Hugo Gaston continueront de faire frémir les puristes, les jeunes espoirs seront également à suivre de près. Pour ne citer qu’eux, Sean Cuenin (17 ans), Arthur Fils (17 ans), Giovanni Mpetshi Perricard (18 ans) et Luca Van Assche (17 ans), tous les quatre dans le dernier carré aux Internationaux de France Juniors en 2021, tenteront tous de confirmer après avoir éveillé nos papilles. Il y aura aussi Harold Mayot (19 ans), ex-numéro 1 mondial junior, qui revient de blessure, Arthur Cazaux (19 ans), qui grimpe de façon constante, ou encore le talent brut de Gabriel Debru, seulement 16 ans et tapant déjà la balle avec Medvedev ou Auger-Aliassime (n°11) et déjà capable de tenir la dragée haute à Lucas Pouille. Bref, on ne citera pas tous les autres mais le vivier des jeunes talents français est ahurissant et unique au monde. A contrario, certains Mousquetaires essaieront de bien finir leur carrière. En janvier, Gilles Simon (n°122) devra passer par les qualifications de l’Open d’Australie, une première depuis 2006, alors que Richard Gasquet (n°87) devra batailler pour rester dans le Top 100 et que Jo-Wilfried Tsonga (n°263) tentera de s’offrir un dernier casse.
Garbine Muguruza, de retour vers les sommets ?
Avec l’affaire Peng Shuai qui s’ajoute à cette période de pandémie qui n’en finit plus, un grand flou règne sur le calendrier du circuit WTA pour 2022. La tournée asiatique paraît fortement compromise puisque Steve Simon a décidé, non sans un certain courage, de suspendre tous les tournois ayant lieu en Asie tant qu’il n’aura pas la preuve formelle que la joueuse Peng Shuai, censurée par l’Etat chinois après avoir accusé de viol l’ancien vice-premier ministre Zhang Gaoli, soit libre de toute contrainte. Cette décision, soutenue par l’entièreté du monde tennistique, met en grand péril un contrat hyper lucratif et essentiel à la WTA. Revenons sur cette saison 2021 qui nous a offert bon nombre de scénarios fous, même si Ashleigh Barty est parvenue à garder sa place de n°1 mondiale grâce à son titre à Wimbledon et que Naomi Osaka (n°13) a remporté l’Open d’Australie. La Japonaise a ensuite disparu des terrains après Roland-Garros, mangée par la pression des médias et prenant la décision de boycotter les conférences de presse d’après-match. Elle devrait toutefois bien être là pour défendre son titre en terre Australe. La première vraie surprise est venue de Barbora Krejcikova (n°5), qui s’est offert un sacre à Roland-Garros après une finale inattendue remportée face à Anastasia Pavlyuchenkova (n°11). Mais cette année fut finalement marquée par l’incroyable sacre d’Emma Raducanu (n°19), 19 ans, qui a remporté contre toute attente l’US Open après une finale gagnée face à Leylah Fernandez (n°24), Canadienne du même âge qui nous a tout autant époustouflé. Les deux jeunes joueuses méritent toutes les louanges, tant elles ont apporté de lumière et de fraîcheur sur un circuit féminin qui peine à trouver une successeure à Serena Williams (n°41). La nouvelle star britannique est ainsi rentrée dans l’histoire, devenant à jamais la première joueuse (hommes et femmes confondus) à atteindre la finale d’un tournoi du Grand Chelem en étant issue des qualifications. Sa performance est d’autant plus impressionnante que la jeune anglaise n’a pas perdu le moindre set en dix matchs. Simple coup d’éclat ou future Reine ? Espérons en tout cas qu’Emma Raducanu ne se brûle pas les ailes face à cette popularité fulgurante ! Les autres jeunes joueuses tenteront en tout cas de s’en inspirer, comme la vainqueure de Roland-Garros en 2020, Iga Swiatek (n°9), ou encore les prometteuses Elena Rybakina (n°14), Coco Gauff (n°22), Clara Tauson (n°44) ou Marta Kostyuk (n°50), qui devraient faire mal cette saison. On espère également revoir bientôt la Canadienne Bianca Andreescu (n°46), vainqueure de l’US Open en 2019 pour sa première participation, qui traîne les blessures depuis, et qui a d’ores et déjà annoncé son forfait pour l’Open d’Australie. Côté Français, on peut dire que le bilan 2021 est famélique au possible, pire encore que chez les hommes, Alizé Cornet étant la n°1 Française, mais seulement 61ème mondiale… Caroline Garcia (n°74) semble toujours se battre contre elle-même, tout comme Kristina Mladenovic (n°86), qui reste cependant sur un parcours encourageant au WTA 125 de Séoul la semaine dernière, où elle a atteint la finale. Océane Dodin (25 ans, n°91) et Fiona Ferro (24 ans, n°103) peinent à confirmer un potentiel pourtant intéressant. Les espoirs pour cette nouvelle saison seront portés par Clara Burel (20 ans, n°76), déjà numéro 3 française, finaliste à Lausanne en juillet dernier. Mais alors qu’elle a brillamment passé les qualifications en Australie et à Wimbledon, elle cherchera à remporter un premier titre WTA et à passer davantage de tours dans les grands tournois. La Bretonne a su s’installer dans le Top 100 et peut maintenant entrer dans les tableaux de Majeurs directement, et continuer sa belle progression plus sereinement. Un renouveau également incarné par Diane Parry (19 ans, n°115) et son revers à une main, qui a obtenu une invitation pour l’Open d’Australie. Elsa Jacquemot (18 ans, n°272) fait aussi partie des belles promesses, alors que Harmony Tan (n°110) a également montré une progression intéressante. À noter également le retour en haut de l’affiche de l’ancienne n°1 mondiale Garbine Muguruza (n°3). Élue “come-back de l’année” par nos lecteurs, l’Espagnole de 28 ans au style de jeu très agressif avait connu une défaite frustrante face à la future vainqueure Naomi Osaka en huitièmes de finale de l’Open d’Australie, avant de remporter le tournoi de Dubaï après deux ans de disette, puis de remporter les WTA Finals à Guadalajara en fin de saison, en battant Anett Kontaveit (n°7). Enfin, on notera l’entrée dans le Top 10 d’une joueuse africaine, en la personne d’Ons Jabeur (n°10). La Tunisienne de 27 ans, qui a même atteint la 7ème place mondiale, est devenue la première joueuse arabe de l’histoire à remporter un tournoi lors de son sacre sur le gazon de Birmingham, avant de remporter le tournoi-exhibition d’Abu Dhabi en décembre dernier, en battant la championne olympique Belinda Bencic (n°23).
Article rédigé par Hugo Délen
Crédit photo : @jeu_set_etmatch
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